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C'est ainsi qu'il avait été amené à étudier en vue de certaines éventualités (programme Maruéjouls notamment (1), ou rachat de l'Ouest) une extension considérable de nos ateliers, qu'il aurait réalisée sans sa mise à la retraite et les changements qu'elle a entraînés, et qui aurait plus que doublé l'importance de nos ateliers actuels, et en aurait fait un groupement de tout premier ordre.

Avec lui disparaît un des ouvriers de la première heure des chemins de fer dans notre région, un des plus anciens témoins du passé de notre ville, et un de nos plus fidèles concitoyens.

Ardent patriote, M. Pédézert appartenait à cette génération d'avant 1870 qui a connu les survivants des grandes guerres napoléoniennes, et qui, après avoir vu la France puissante, glorieuse, et ayant l'hégémonie de l'Europe, a eu la douleur d'assister ensuite à sa défaite et à son démembrement.

Chaque fois, en particulier, qu'il allait en Alsace (et il y était encore en juin 1914), il avait l'amertume de constater la beauté, la prospérité et la richesse de cet admirable pays, resté si patriote, et la grandeur de la perte qu'en elle avait faite la France.

Il a pu cependant, avant de mourir, entrevoir son retour à la France, retour si longtemps espéré en vain par lui et dont la réalisation l'aurait rendu si heureux, sans les terribles sacrifices dont il était le prix.

Son père, écrivain distingué, et homme éminent dans la société et l'Eglise protestante, ancien professeur à la Faculté de Théologie de Montauban, s'était, une fois devenu veuf, retiré auprès de son fils à Saintes, où il passa ses derniers jours avec ses enfants et petitsenfants, et s'est éteint en juillet 1905 à l'âge de 93 ans et demi. (Revue, tome XXV, p. 293.)

I. Jean-Eugène Pédézert, né à Puyos (Basses-Pyrénées) en 1815, mort à Saintes, en juillet 1905, eut de son mariage avec Elisabeth Thounsend Sinnet (de famille irlandaise) (2) quatre enfants:

(1) Le programme Maruéjouls donnait au réseau de l'État tout le triangle compris entre Bordeaux, Paris et Saint-Nazaire (par Chartres, Le Mans et Segré). Il faisait de Saintes, point central, le principal atelier de ce Réseau important et autonome, tandis que le rachat de l'Ouest avait pour nous l'inconvénient d'annexer tous les grands ateliers de l'Ouest, et de donner la prépondérance aux influences de la Normandie, de la Bretagne et de la région parisienne, détriments des autres.

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(2) Madame Pédézert mère était venue jeune fille en France avec son oncle et parrain, fournisseur des guerres du Premier Empire, et ami des maréchaux Clark et Macdonald, ses compatrioles. Deux des frères de Madame Pédézert mère allèrent aux Etats-Unis, où ils fondèrent la ville de Moscatine (Iowa), et laissèrent une descendance nombreuse et prospère.

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1o Charles-Henri Pédézert, ingénieur des chemins de fer, devenu

notre concitoyen;

2o Blanche, épouse de M. Henri Couve, courtier d'assurances maritimes à Bordeaux, dont quatre enfants;

3o Albert, jeune capitaine au long cours, disparu dans un naufrage dans la mer des Indes, en 1872, avec son bateau (Le Cananore, de Bordeaux) et tout l'équipage;

4o Alice, épouse de M. le pasteur Benjamin Couve, président du Consistoire de Paris, décédée sans enfants.

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II. De son propre mariage en 1872, à Rouen, avec Mlle EmmaJuliette Lemaître (d'une famille de grands filateurs de Normandie), M. Charles Pédézert a eu quatre fils :

1o Jean, mort administrateur des Colonies à Madagascar, le 29 janvier 1916 (Voir Revue, tome XXXVI, p. 8);

2° Henri, inspecteur des chemins de fer de l'Etat;

3o Edouard et 4° Robert, morts en bas âge, 1 et 3 ans.

M. Théodore Girard, sénateur des Deux-Sèvres, ancien garde des sceaux (1910-1912), victime d'un accident d'automobile à Paris, est décédé le 13 octobre 1918 à la clinique de la rue de La Chaise. Il était né à Montils le 14 janvier 1852.

Ancien clerc d'avoué à Saintes, puis avoué à Niort, il devint maire de cette ville, et sénateur des Deux-Sèvres le 24 février 1895, - questeur du Sénat 1908, 1910, 1913, 1914.

Il a été enterré à Montils le 17.

Le 21 octobre 1918, à Saintes, est décédé M. Robert-Paul Mouledoux, né à Saintes le 18 août 1892.

En 1910, la ville lui accorda une pension pour étudier à l'école des Beaux-Arts de Toulouse où il passa trois ans. En 1913, il fut admis à l'École des Beaux-Arts de Paris dans l'atelier d'Antonin Mercié. En juillet 1914, il rentra à Saintes.

Ce jeune homme, d'une santé très délicate, n'a pas eu le temps de donner sa mesure en art; à son âge on ne peut donner que des promesses et des témoignages d'études sérieuses. Mais il possédait un don naturel très rare et précieux celui de la ressemblance. Il laisse quelques portraits qui ont au moins ce grand mérite. La pratique lui aurait permis d'acquérir des qualités que l'on ne peut attendre d'un élève de 25 ans. Tels quels, on pourra les regarder comme images fidèles des personnes. C'est déjà un bel éloge.

Il faut noter les bustes de M. le curé Billard (pierre) au cimetière

Saint-Pallais, à Saintes; du marquis de Saint-Géniès, père (plâtre); du joyeux ivrogne Baron (plâtre patiné, resté à l'atelier); de l'ouvier Simon (plâtre, à l'atelier); des deux jeunes filles de M. Pourtau doreur (plâtre); de M. Forest et de ses deux nièces, Mlles Barbotin, de Saint-Jean-d'Angély (platre); du fils de M. Lauraine, député (marbre resté à l'atelier parce qu'une veine grise barre le front); un buste en plâtre (son premier) de M. Barraud, capitaine de pompiers.

Il a donné au musée une statue en plâtre (étude d'atelier), un jeune garçon nu. Il a exécuté en pierre, au cimetière Saint-Vivien, une statue en pied du dragon Machefer, grandeur nature, et un grand bas-relief, en plâtre, La Douleur (1916), qui va être placé à la tête de sa tombe. Il venait de terminer pour l'église Saint-Eutrope un grand buste en bois (sur lequel est posée la tête en argent de saint Eutrope (1) exécutée en 1805 par Goguet), en remplacement d'un énorme buste en terre cuite de Selinski, d'un poids écrasant pour les prêtres qui devaient le porter en procession.

Le 21 octobre 1918, est décédé, à La Rochelle, M. le docteur Henri-Eugène Mabille, veuf de N. Condamy, âgé de 65 ans, directeur médecin-chef de l'asile de Lafond, conseiller municipal.

Il était né à Vanneau-les-Dames, le 25 novembre 1852. Après d'excellentes études médicales à la Faculté de Nancy, il se spécialisa dans la question des maladies nerveuses, et après un séjour aux asiles de Maréville de Blois et de Ville-Evrard il fut nommé en 1867 directeur médecin en chef à l'asile de Lafond. (Voir La CharenteInférieure du 23 octobre.)

Le 25 octobre 1918, à Niort, est décédée Mme Mathilde Petit, née Dières-Monplaisir, âgée de 36 ans, femme du docteur Jean Petit

(1) Cette tête un peu plus grande que nature porte l'inscription suivante en quatre lignes J. Goguet fabrefecit | Scalpro que incidit | anno 1805 | Santonensis .

Cette œuvre, qui, d'après la tradition, serait l'ouvrage d'un protestant, a dû laisser des souvenirs dans la famille, car en octobre 1918 un soldat s'est présenté à Saint-Eutrope pour la yoir, en se disant petit-fils de l'auteur. M. le curé étant absent, il n'a pu satisfaire sa légitime curiosité.

Ce Goguet a produit une autre tête de saint Eutrope, mais elle est perdue. Le 12 août 1810, il donne quittance de 130 francs pour fourniture d'une baleine en bois noir coûtant 22 francs et d'une tête du saint en argent doré, pesant 5 onces et gros au prix de 108 fr., façon comprise.

Ce Goguet n'est pas mort à Saintes.

chirurgien de l'hôpital de Niort (Revue, XXXIV, p. 74). Elle était fille de feu M. Armand Dières-Monplaisir et de Mme Dières-Monplaisir née Costin, et sœur de Mme Dières-Monplaisir, en religion Soeur Stéphanie, supérieure de l'hôpital de Niort.

Le 3 novembre 1918, à Bordeaux, est décédée Mme Germaine du Poerier de Portbail, née Boulin du Beysserat, femme de M. F. du Poerier de Portbail, contrôleur des douanes. Elle laisse un fils, Yves.

MARIAGES

Le 12 août 1918, a été célébré dans l'église de Saint-Martial de Vitaterne, près Jonzac, le mariage de M. Emmanuel-Victor Merlet, gouverneur des Colonies (né à Coivert), et de Mlle Marie-Thérèse Masson, de La Chaminaderie.

Le 2 septembre 1918, le mariage de M. Christian-Jean Vieljeux, sous-lieutenant au 1er cuirassiers, avec Mlle Marguerite Faustin, a été célébré à La Rochelle.

Le 3 septembre 1918, a été bénit à La Rochelle le mariage de M. Marcel Coudurier, journaliste, commissaire de 3o classe auxiliaire de la marine, avec Mlle Marguerite Decout.

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Le 9 septembre 1918, en le chapellé du château de Saint-Germain. de Lusignan, a été célébré le mariage de M. Raoul-Augustin Massy, pharmacien-major de a classe à Meknès (Maroc), et de Mile ClaudeMarie-Berthe Petitcol, fille de feu Louis-Aristide Petitcol, lieutenantcolonel d'artillerie (née à Ruelle, Charente), et de Mme née Andrée Canolle, et nièce de M. Louis Canolle, secrétaire général des colonies, à qui appartenait le château de Saint-Germain de Lusignan, qui vient de passer entre les mains de M. André Canolle, son frère, chef de bureau au Gouvernement général d'Algérie.

Le 24 septembre 1918, a été bénit le mariage de M. Paul-AlexisJullien-Laferrière, capitaine au 323 régiment d'infanterie, avec Mlle Berthe-Marie-Suzanne Martin de Bessé.

Le 30 octobre 1918, à La Rochelle, a été bénit le mariage du lieutenant Pierre Getten, de l'Etat-Major de la 120° division d'infanterie, fils de M. Maxime Getten, directeur général de la Compagnie des chemins de fer de l'Indo-Chine, avec Mlle Yvonne Vast-Vimeux.

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A Brouage on se donnait plus de mouvement du côté de la mer par laquelle on communiquait facilement avec les postes de Blaye et de Bourg et avec l'Espagne qui soutenait la Ligue.

Le gouverneur de Bayonne, le rude capitaine Jean Denis de la Hillière, était bien placé pour observer ce qui se passait à la frontière. En d'autres temps il avait fait un rapport au roi sur des communications présumées entre le roi de Navarre et la cour d'Espagne (1), il surveillait maintenant les agissements de la Ligue; et le 26 avril il écrivait au roi : (2)

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<< Sire Ayant eu advis que le sieur de Lanssac estoit passé en Espaigne, j'en aurois, par ma précédente, tenu Vostre Magesté advertie, toutes foys, j'ay appris, par despuis, qu'on est en doubte si c'est luy mesmes, tient-on plus tost que ce soict quelque.autre; tant y a que, puis son arrivée, le Roy catholique a envoyé à Fontarabie cent mile escuz, lesquelz furent yer, sur la nuict, chargez dans une patache audict lieu; et, à mesme instant, prins la routte de Brouaige, soubz la conduitte d'environ cinquante hommes, tant François (de ceulx qui là estoient attendant ce moien) qu'Espaignols. De quoy j'ay esté adverty tout présantement, marry que ce n'aict esté avant leur partance, pour le désir que j'avois d'envoyer au devant pour leur faire tout le bien que j'eusse peu. Le principal de l'ambassade est encore en Espagne ; je tiens l'œil à son retour pour sçavoir, si possible est, qui c'est, et vous en adviser, ainsy que je fais de ce que je viens d'apprendre et feray de ce qui me surviendra de plus digne de vostre service, pour lequel toutes choses, en ce gouvernement, demeurent, Dieu mercy, en l'estat que vous ay faict entendre et que Vostre Majesté peut désirer; vray que nous demeurons tousiours ouvertz. A quoy je vous supplie très humblement, Sire, avoir esgard.

Sire, je supplie Dieu vous augmenter en toute prospérité et vous donner, en

(1) Lettre de Bayonne, 10 janvier 1584. Bibl. Nat., Ms. franç. 15.567, fol. 15. (2) Lettre originale. Bibl. Nat., Ms. franç. 15.569, fol. 118.

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