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IIII kl. Octobris. Machani episcopi confessoris. IX lectiones. Pridie id. Novembris. Macharii episcopi confessoris. Majus duplex.

XVII kl. Decembris. Machuti episcopi confessoris. Medium duplex.

Thomas Dempster (390) fait au contraire de Macaire un évêque de Muthlach, sous le patronage duquel fut érigée l'église depuis cathédrale d'Aberdeen. Il écrit de lui:

<«< Sanctus Machorius, religiosus et pius Muthlaci episcopus, ait Anonymus in Libro de Antiquitale religionis in Scotia. De eo sic Hector Boeth., lib. IX Historiæ Scotorum, in fine : « Insignes habiti sunt vitæ innocentia et eruditione inter nostrates, Machorius episcopus cujus nomine precipuum Aberdonense templum, ubi nunc sacra episcopalis sedes, est dicatum, [etc.]». Hic in Martyrologio Romano, ut multi alii, malo Scotia fato, absunt. Scripsit Ad populos Scolicos, librum unum. De Pictorum excidio, librum unum (Johannes Fordan).

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<< Vixit anno 880. Colitur x11 Novembris. Et dedicatio templi ejus incedit in xv Januarii. »

Machanus et Macharius ne feraient-ils qu'un seul et même personnage? En ce cas il faudrait éliminer, en le rejetant sur une confusion, tout rapprochement avec le fils de Fiachna et de Finchoeme, baptisé sous le nom de Mocumna par saint Colman, envoyé à Rome par saint Colomban vers le pape Grégoire qui lui donna le nom de Maurice; il aurait succédé à l'historien des Francs sur le siège de Tours (391). Les fastes de la métropole ne tiennent de cet étranger aucun compte.

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comme cela s'impose

En distinguant Maurice de Macaire (Macharius ou Machorius), il serait possible de retrouver en celui-ci Machan de Saintes dont le nom a pu être aisément transformé, par dérivation factice du grec uaxapios, bienheureux. On connaîtrait alors son diocèse d'origine, qui serait celui de Muthlach.

A défaut de documents qui viendraient éclairer sa vie, il est bien tentant de chercher un rayon lumineux à projeter sur elle dans les souvenirs de l'évêque Hélie d'Angoulême, Helias Scoligena, qui transféra dans cette ville le corps de saint Benigne de Dijon (392).

(390) Historia ecclesiastica gentis Scotorum, n° 839, p. 442.

(391) Alex. Penrose Forbes, p. 393.

(392) Anno 860, obiit Elias scotus, episcopus, x kal. octobris; qui detulit cor

Hélie, héritier d'une tradition de haute philosophie chrétienne, la transmit aux élèves qu'il instruisit. Machan, à un moment de sa vie, a bien pu passer par son école.

Au moment où il prit la charge de da chrétienté de Saintonge, il fallait un courage tout apostolique pour assumer une tâche si ingrate. Le pays était complètement dévasté. L'évêque Hélie avait à peine fermé les yeux, que (393) le monastère de Saint-Cybar « fut désolé par les courses des païens, de sorte qu'il fut abandonné de tous ses moines, qui pour ce reprirent l'habit canonial qu'ils avaient quitté depuis peu ». Un contemporain, Airvaud, moine de Fleury, décrivant les ravages des Barbares en Aquitaine, résume le chapitre que nous leur avons consacré, dans un sinistre et douloureux tableau (394).

L'épiscopat de Machan, s'il se termina le 12 novembre 887, vit la période la plus critique de ces trente années d'incursions, celle où les Normands entreprirent le siège de Paris, sous le comte Eudes.

On peut juger a fortiori de l'état des édifices et des établissements religieux en Saintonge par l'inventaire des ruines de ceux fondés en Poitou (395) que dresse la Chronique de Maillezais en 890:1

« Toutes ces catastrophes entraînèrent la perte des monastères dont nous rappellerons le souvenir celui de Saint-Martin de Vertou, érigé par ce saint abbé, renversé. Celui de Saint-Martin de

pus S. Benigni martyris Engolisme civitati. (Besly, Hist. des Comtes de Poitou, p. 207.)

(393) Cartulaire de l'Aumônerie de Saint-Cybar, cité dans la Revue de Saintonge, IV, 560.

(394) « Ab ipso Oceani littore, orientem versus, Arvernam usque, clarissimam veteri tempestate Aquitaniae urbem, nulla libertatem retinere valuit regio, non oppidum aut vicus, non denique civitas quæ non strage ferali conciderit Paganorum. Testatur hoc Pictavis, fecundissima quondam urbs Aquitaniae, hoc Sanctonae, hoc Engolisma, hoc Petrogorium, hoc Lemovicas, hoc certe Arvernus... ipsumque Avaricum, caput regni Aquitanici, proclamant... His atque hujuscemodi malis, per triginta ferme annorum spatium, Galliis... detritis, cultus... religionis quomodo processerit... in promptu est cuilibet, licet tardioris ingenii, mortalium persentiscere. » (Miracula S. Benedicti, I, 33, édit. de Certain, collection de la Société de l'Histoire de France, p. 73.)

(395) Cette chronique (ms. 1. 4892, fol. 194) offre un intérêt d'autant plus grand que l'auteur en est fort ancien. Il rapporte, à la date du 30 juin 903, l'incendie de la basilique de Saint-Martin de Tours érigée par Perpetuus, « quae postmodum nostra aetate Herveus thesaurarius reedificavit ». Ce synchronisme indique suffisamment le temps où écrivait le rédacteur de cette première partie : le décès de « Herveus archiclavis Turonensis » que Baluze (t. XLI, fol. 91) rattache à la maison de Beaugency, est rapporté sous l'année 1012 par la Chronique de Tours.

Tours, fondé par l'illustre évêque, détruit. Notre-Dame de Luçon, que le césar Lucius fonda et que saint Philibert avait relevé, anéanti. Saint-Michel en l'Herm, édifié par saint Ansoud, évêque de Poitiers, démoli. L'abbaye de Saint-Hilaire de Poitiers et celle de Sainte-Croix qu'avait établie la reine Radegonde, ruinées. Le prieuré de Saint-Benoît de Quincey, écroulé. Seul le monastère de SaintSavin et le château qui le renferme, que Charlemagne avait ordonné de construire, demeurèrent inviolés, tandis que disparaissaient tant d'autres foyers de vie religieuse, que nous ne saurions énumérer. »>

L'invasion simultanée de la Grande-Bretagne et de la Neustrie par les pirates du Nord, au temps de la jeunesse de Rollon, coupa court aux communications entre l'Aquitaine et l'Angleterre. Mais n'est-il pas piquant de constater que, de longs siècles après le dernier de ces prélats originaires des lles britanniques, les relations commerciales n'avaient point cessé entre la Saintonge et l'antique Hibernie? Une enquête sur le transport des lettres vers Bordeaux et la Rochelle se fait le 16 janvier 1673, à Cognac (396), en présence <«< du sieur Michel Lavalin, marchand ybernois, demeurant audit Cognac », qui signe « Milcher Lavallyn », orthographe ne laissant aucun doute sur son origine galloise.

(H) Mainard, évêque de Saintes.

Le vol du corps de saint Macout (888-903).

Le catalogue donne une série de prélats antérieurs à Iselon (par conséquent à l'an mille) ainsi développée :

Mainardus Alo Grimardus Iostius

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Nous croyons que ces quatre prélatures ont été consécutives. La forme Mainardus n'est point antérieure au Xe siècle. Au IX on eût écrit Maginhardus ou Meginhardus.

Le nom de Mainard appartient aux vicomtes de Saintonge, ayant pour surnom « le Riche ». Le plus ancien d'entre eux souscrit à des chartes de Saint-Jean-d'Angély sous le règne de Charles le Simple.

L'évêque de Saintes a dû compter parmi ses neveux Mainard, que Guillaume Taillefer et son cousin Bernard Ier comte de Périgueux instituèrent vers 941 pour abbé à Saint-Cybar et qui cons

(396) Publiée dans la Revue de Saintonge, t. XVII, p. 369.

truisit sur le devant de la basilique une élégante chapelle en l'honneur de la Résurrection (397).

Or plusieurs des domaines offerts à Saint-Cybar, au moment de cette restauration monastique, par le comte Guillaume II, et situés en Saintonge, passèrent en d'autres mains; et plus tard l'évêque et le chapitre de Saintes disposèrent des églises de quelques-uns de ces villages.

Il est à remarquer que Mainard reçut aussi des donations en Saintonge, dont une paraît émaner de ses parents, puisque, au nombre des auteurs de l'acte, se trouve un de ses homonymes (398). C'est aussi de son temps, bien qu'il ne soit pas nommé, qu'Audigier, vicomte de Limoges, et sa femme Thiéberge, leurs fils Géraud et Audebert, donnèrent à Saint-Cybar une église de Saint-Pierre en Saintonge (399).

Mainard est resté abbé jusqu'au règne de Lothaire (399). Mais le début de ce règne, si l'on ajoute foi à des titres qui notent les années 40 et 42 de ce roi, a pu partir du voyage de Louis IV et Gerberge en Aquitaine, au printemps de 944; Lothaire était né en 941.

L'administration des prélats sous les règnes d'Eudes et de Charles-le-Simple fut en général militaire au moins autant qu'ecclésiastique. Les souverains leur attribuèrent alors les châteaux des villes-fortes où était leur siège, avec le pouvoir d'un comte urbain, et la charge de les défendre. Peut-être en fut-il ainsi à Saintes, où l'on ne voit plus de comtes après Joubert, le frère de Ramnoul II de Poitiers, qui, suivant une conjecture très plausible d'Alfred Richard, avait été le successeur du comte Landri (400).

(397) Adémar de Chabannes, 1. III, c. 24; édit. Chavanon, p. 145.

(398) « Ecclesiam Sancte Marie in villa Cresiaco - Léopold Delisle préfère cette leçon à « Eresiaco » donné par Holder-Egger et Zeumer (Neues Archiv, VII, 632-637) in pago Sanctonico, dederunt Odo, Bernardus, Mainardus, Josmarus. >> (399) « In vicaria Jogunziacense, villa Noclaco » (L. Delisle, Notice sur les mss. d'Ademar de Chabannes, pp. 75-76). Audigier est cité de 913 à 934 dans divers actes avec sa femme (probablement saintongeaise) et ses fils Géraud et Audebert (cf. notamment ms. lat. 17118, fol. 221, d'après un titre original de Saint-Martial de Limoges). Il accompagnait Ebles, comte de Poitiers, le 28 avril 925, lors d'une donation à Saint-Maixent (Gallia, II, 1297; acte édité par Alf. Richard, Chartes de Saint-Maixent). On trouve sa souscription sur un acte de donation de marais salants en Aunis, à l'abbaye de Saint-Jean d'Angély (Cartulaire édité par M. Musset, t. II). L'Auvergne fut soumise à Lothaire dès 952. (Bruel, Chartes de Cluny, n° 825).

(400) Il est cité en 868 et 878 (Richard, Histoire des comtes de Poitou, I, 33). M. Jacques Flach (Origines de l'ancienne France, t. IV, pp. 495 et 503) considère

La remarque que fait le même auteur à propos du gouvernement en Poitou, du comte Ebles, qui commença précisément à cette époque, vient à l'appui de la nôtre.

« Quand Ebles mourut, en 935, il était encore un des plus puissants seigneurs de France. Il possédait le Poitou et sans doute le pays d'Aunis à titre héréditaire, le Limousin par conquête, et élevait des prétentions sur la Saintonge proprement dite, que se disputaient les comtes d'Angoulême, de Périgueux et de Bordeaux, et où les évêques de Saintes, à l'exemple de nombreux prélats de cette époque, cherchaient à se constituer un grand domaine féodal. Enfin il laissait à ses héritiers des droits à faire valoir sur le comté d'Auvergne et le duché d'Aquitaine » (401). On ne saurait être surpris que, sous le gouvernement de prélats-militaires, la discipline et les préoccupations d'ordre religieux n'aient pas toujours été maintenues au premier plan. L'enlèvement du corps de saint Macout par un clerc d'Alet, Ménobred sous le règne en Bretagne d'Alain (888903), épisode relaté dans la vie de ce saint attribuée à Bili, n'a rien qui puisse surprendre à cette époque troublée, où fort difficilement devait se recruter le personnel des bas-officiers d'église. La Chronique saintongeaise dit que sous Loois li Baubes (Louis le Bègue) « en ceu temps fu emblez (dérobé) de la cité d'Agenais li cors santa Fei la virgia (la célèbre sainte Foi) et fu portez au mostier de Conchas « (à l'abbaye de Conques).

le comte Joubert de 878 comme le frère de Rannoul, qui défendit en 889, contre Adémar et le roi Eudes, la ville de Poitiers dont ceux-ci s'emparèrent. Il admet qu'il ait été comte de Saintes, mais seulement après la mort de Charles le Chauve (877).

(401) Richard, I, p. 73. L'auteur se commente par cette note: « La suprématie du Poitou sur la Saintonge s'était établie dans le cours du IX siècle, après la mort du comte Landri. Mais tandis que la région située au sud de la Charente était devenue un champ de compétition entre les comtes voisins, de Bordeaux de Périgueux et d'Angoulême, des liens très étroits avaient rattaché l'Aunis au Poitou, et l'autorité d'Ebles dans ce pays est incontestée; elle est en particulier constatée par la concession qu'il fit, en janvier 934, aux moines de Saint-Cyprien, à la demande de son vassal Roger, de portion du bénéfice que celui possédait en Aunis, pour y établir des salines (Rédet, Cartulaire de Saint-Cyprien, pp. 318 et 319, n° 528, fol. 119 du ms.).

Ebles, qui s'y qualifie « comes Pictavorum », est propriétaire ou plutôt détenteur d'une partie de la res Sancti Nazarii, qui s'étend à Angoulins et dans d'autres localités voisines, et cette part il l'a inféodée à Roger. Mais il n'apparaît dans aucune autre donation ou vente d'immeubles aux mêmes lieux et dépendant du douaire de Saint-Nazaire, mais non comprises dans la même portion qui avait été concédée au comte de Poitiers.

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