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les défendre (1), et c'est ainsi qu'il fut, depuis les dernières années
de la vie d'Hector Berlioz, le champion le plus ardent de ce magnifi-
que génie, le plus pur et le plus sublime nom de la Musique Fran-
çaise. Pendant cinquante ans, il fut comme le dépositaire de la
tradition berliozienne, et peu d'interprétations sérieuses des œuvres
du Maître, tant en France qu'à l'étranger, furent organisées sans
son concours. Celles qui crurent pouvoir s'en passer
l'exécution de la Prise de Troie, à l'Opéra, ou la mise à la même
scène de la Damnation de Faust, - portèrent plus de préjudice,
hélas! à la gloire de Berlioz que de recettes dans l'escarcelle des
organisateurs.

comme

Depuis quelques années, atteint par l'artério-sclérose, dure rançon des tempéraments vigoureux, et resté l'un des rares survivants parmi les artistes de sa génération, il s'était surtout retiré en Dieu, donnant à ses enfants et à ses amis le spectacle d'une âme sereine et sûre de ses destinées. La menace de l'investissement allemand, en septembre 1914, l'avait brutalement ramené de Paris, en cinq pénibles journées d'évacuation, avec ses filles et sa vieille mère, âgée de 94 ans, à Angoulême, où cette dernière avait conservé sa demeure et où elle mourut l'année suivante, épuisée par un pareil voyage. C'est là aussi que la Providence voulut qu'il rendît son dernier souffle, sur le sol de sa province natale.

Au point de vue purement provincial, à vrai dire, la famille avait toujours été poitevine. Connus depuis le XIIe siècle et en possession d'une noblesse immémoriale, les Massougnes sont originaires de la paroisse de ce nom (aujourd'hui Massognes, Vienne), dans le Mirebalais. Deux tiges principales semblent s'être détachées du tronc primitif, sans qu'aucune preuve matérielle de leur communauté

(1) Sans prétendre donner ici une liste qui, pour être exacte, serait beaucoup trop longue, nous pouvons citer une brochure: Berlioz, son œuvre, groupant une série d'articles parus en 1867-68 dans le Redressement et qui, publiée en 1870 chez Choudens, avec le fac-simile d'une lettre de Berlioz, fut la première étude que l'on ait consacrée à l'OEuvre du Maître. Depuis, M. de Massougnes, irrégulièrement mais fréquemment, et toujours en fonction du même culte, collabora à de nombreux journaux et revues, tels que l'ancien Événement, le Ménestrel, la Revue Bleue, le Monde Musical, etc., présenta maint programme des << Concerts Colonne », dont le directeur, Edouard Colonne, fut l'un des interprètes les plus compréhensifs du grand Musicien. Nous citons de mémoire et sommes forcément incomplet.

d'origine puisse être fournie, d'ailleurs. L'une, celle des seigneurs de La Veillardière, de La Jarrie, de Champverger, de La Barre, de Pontmoreau, etc., est demeurée dans la région du Châtelleraudais jusqu'à nos jours. Elle existe encore et passait pour l'aînée, au XVIIe siècle. On la suit en filiation ininterrompue depuis 1470, et elle porte pour armes : d'azur, à 3 fasces d'argent accompagnées, en chef, d'une fleur de lys d'or. Elle a contracté, en Poitou et en Touraine, de bonnes alliances avec des familles telles que celles de Gannes, de Chasteigner de La Roche-Posay, de La Bussière, de Massougnes de La Tour, d'Argy, de La Forest, de Fouchier, de Blom, de Messemé, d'Argence, Babinet de La Poutière, etc.

L'autre, la plus connue, est descendue aux confins de l'Angoumois au XVe siècle, et sa filiation suivie date de 1450. Etablie d'abord au sud du Poitou, à Souvigné (Charente), dont elle partagea pendant plus d'un siècle la seigneurie avec les Beauchamp, elle commence à Antoine de Massougnes, écuyer, mari de Marguerite de Beauchamp, et son histoire, à cette époque, est inséparable du début de celle de cette autre famille. La branche des seigneurs des Fontaines, devenue aînée au dernier quart du XVIe siècle, alla se fixer dans la baronnie de Gourville (Charente), toujours en Poitou, et s'y maintint jusqu'à nos jours, y occupant en outre les terres ou seigneuries de Montaigon, Chanfaron, Sondreville, La Brousse, Saint-Romain, etc. Un autre rameau, celui des seigneurs, puis comtes de La Tour (Brelou, Deux-Sèvres), remonta dans le Poitou et finit, en 1840, en Champagne, dans l'ancien fief de Fresnoy (Haute-Marne), qui venait des Choiseul.

Cette seconde tige porte d'or, à la fasce de gueules chargée de trois coquilles d'argent, accompagnée de trois têtes de couleuvre árrachées, lampassées et couronnées d'azur, posées 2 et 1,- armes traditionnelles et sans variantes, mais qui ne figurent exactement dans aucun armorial. Par ses alliances avec de nombreuses maisons de la région, parmi lesquelles les familles de La Porte-aux-Loups, de Marcossaine, Vigier, du Boullet, Horric, d'Anché, de Corgnol, de Lestang de Rulles, Chambret, de Volluire, de Montalembert, de Livenne, de Barbezières, Raymond de Villognon, Regnauld de Villognon, Béchet, Beranger, Griffon, Tison, de Chambes, de Chevreuse, Girard de Beaurepaire, Thibault de La Carte, de Vasselot, de Vernou, Desmier de Lavaure et d'Olbreuse, Vallantin, de Pindray d'Ambelle, de Ponthieu, de Nossay, etc., elle s'est apparentée à tout le Poitou, la Saintonge, l'Aunis et l'Angoumois. Elle posséda moins de terres dans cette dernière province que dans les trois autres et, en 1789, elle ne vota qu'en Poitou, en Saintonge et en Aunis.

Nous pouvons même combler, à ce propos, une lacune de l'ouvrage célèbre de la Morinerie, La noblesse de Saintonge et d'Aunis aux États-Généraux de 1789, où, à la page 30g (défaut de comparution pour la sénéchaussée de La Rochelle), « le seigneur de La Gravelle, en la paroisse de Ballon », non identifié par l'auteur, n'est autre que Jean (V) de Massougnes, chevalier, dit le comte des Fontaines, qui comparaissait d'autre part en Poitou pour divers fiefs, dont celui des Fontaines. La terre de La Gravelle lui venait de l'alliance de son père, Pierre de Massougnes, chevalier, seigneur de Saint-Simon, en 1733, avec Elisabeth de Concaret.

Pour être complet, nous devons signaler une troisième famille du même nom, ou un ensemble de familles, paraissant tout à fait étrangère aux deux premières, et que l'on rencontre en Aunis, dès le début du XVe siècle, particulièrement à Mauzé et dans les environs. De 1407 à 1440, un certain Mathelin de Massoigne, seigneur de Bran (Mauzé, Deux-Sèvres), de Fraigny et de La Brande (Bouhet et Virson, Charente-Inférieure), fils de dame Philippe Claveurier, rend divers hommages et figure comme un des notables habitants de Mauzé. De nombreux personnages du même nom se rencontrent encore à Mauzé, au cours des XVe et XVIe siècles, et jusqu'au XVII, avec des fiefs à La Chevalerie, Boisjolly (St-Pierre-d'Anilly, Charente-Infér.), à Granges (Mauzé), etc. Plus tard, au XVIIe siècle, on retrouve plusieurs degrés de Massougnes en possession du fief de Tabarit (Coivert, Charente-Infér.), moyenne justice sise aux portes de Dampierre-sur-Boutonne; et notre collègue M. Eugène Rogée-Fromy, propriétaire actuel de cette terre, en a publié ici même tout un inventaire de titres d'où il ressort, ainsi que des registres paroissiaux de Coivert et de Dampierre, que cette famille était de condition bourgeoise, de religion protestante, et qu'elle s'éteignit au début du XVIIIe siècle. Un autre rameau de quelques degrés se retrouve à Villefolet et à Chizé (Deux-Sèvres) au XVIII® siècle, dans un état assez modeste, et finit par un notaire sous la Révolution. Enfin, de nombreux individus isolés, de toutes conditions, portent ce nom, aux trois derniers siècles de la monarchie, en différents lieux de notre département actuel, tantôt à Taillebourg, . comme bourgeois, à La Rochelle, comme procureurs ou marchands, ou à Saint-Jean-d'Angély, sous une forme dérivée et « départicularisée », comme une simple femme du peuple.

Peut-être tous ces personnages, du riche bourgeois de Mauzé à l'humble Marie Mansougne, de Saint-Jean, en passant par les seigneurs du Tabarit, descendaient-ils de la même souche que les deux autres familles que nous avons étudiées en premier lieu ? Le fait qu'ils ne possédassent pas la qualité d'écuyers ne serait pas une preuve du contraire, car il est bien certain que le statut personnel, au Moyen-Age, résultait plutôt d'un état de fait que d'un droit de naissance, en dépit de toutes dispositions et ordonnances. La matière ne fut sérieusement réglementée que plus tard, et surtout à un point de vue fiscal. Tandis qu'il semble bien que ce fut au cours de la guerre de Cent Ans que l'idée de « noblesse »>, antérieurement mal définie et réservée à une possession d'état assez exceptionnelle, ait été attachée au service féodal armé. Les termes : armiger, scutifer, homme d'armes, écuyer, en sont la preuve, et ils ne datent guère que de cette époque. Que, dans une même famille, deux frères suivissent l'un la carrière des armes, l'autre celle des charges municipales dans une toute petite ville sans privilèges spéciaux, et voilà qui suffirait à expliquer Mathelin de Massoignes, bourgeois de Mauzé et avouant de plusieurs fiefs.

Au demeurant, la question reste hypothétique, et la preuve n'en pourra sans doute jamais être administrée. Il est évident, d'ailleurs, que les divers rameaux de la famille aunisienne ont subi des fortunes très diverses et, sans doute, y a-t-il aussi quelque bâtardise dans leur affaire... En tout cas, la distinction entre ces trois principaux groupes homonymes était nécessaire, et nous ne regretterons pas de l'avoir faite si elle peut servir à éclairer les généalogistes sincères qui construisent la grande Histoire avec de petits matériaux.

M. Bruneau, Marcel-Léopold, inspecteur d'Académie en retraite à La Rochelle, est décédé dans cette ville le 11 janvier 1919.

Le 10 février 1919, est décédé à Royan le vicomte de La Grandière âgé de 77 ans, fils du comte de La Grandière qui fut maire de Royan et conseiller général du canton.

Le 14 février 1919, est décédé à Saintes, rue Saint-Michel, M. Alexandre Hus, âgé de 49 ans, imprimeur à Saintes. Il laisse trois filles de son mariage avec Mlle Isabelle Wiehn. Ainsi s'éteint une vieille famille saintaise d'imprimeurs. Jean-Baptiste-Alexandre Hus était venu à Saintes en 1777, s'y était marié, et ses enfants et petitsenfants continuèrent son imprimerie. En 1868 parut le Courrier des

Deux-Charentes, devenu en 1884 le Moniteur de la Saintonge. M. Alexandre Hus, dernier du nom, avait un talent très personnel pour se grimer en vieux paysan et dire, dans les concerts et fêtes, des monologues en patois saintongeais. Il était lui-même l'auteur de quelques-unes de ces petites pièces éditées sous le pseudonyme de Jacquet d'Nieul.

Voir le Moniteur de la Saintonge du 23 février.

M. Émile-Louis Forcet, âgé de 60 ans, chef de division à la préfecture de la Charente-Inférieure, qui fut, jusqu'en 1911, secrétaire en chef à la sous-préfecture de Saintes, est décédé, le 15 février 1919, à La Rochelle. Il n'a pu résister au chagrin que lui causèrent la mort de son fils Daniel, tué, la captivité de l'autre, et la mort de sa belle-fille laissant deux orphelins.

Voir la Charente-Inférieure du 19 février.

Le 24 février 1919, est décédée à Saint-Georges de Didonne Mme Soulard, âgée de 104 ans, mère de l'adjoint de cette commune.

Le 1 mars 1919, après quelques heures de maladie, est décédé à son poste, à Chalons-sur-Marne, où il était mobilisé, M. le docteur Jean Bron, âgé de 47 ans, médecin-major de re classe au centre ophtalmologique. Il était gendre de M. Combes, sénateur. Voir Charente-Inférieure du 12 mars 1919.

Madame de Damrémont, née Hennessy, est décédée à Paris le 8 avril 1919, âgée de 84 ans.

MARIAGES

Le 12 février 1919, a été bénit le mariage de M. Jacques de Lacoste de Laval, sous-lieutenant au 5o de ligne, croix de guerre, fils de feu le commandant Charles de Lacoste de Laval et de madame née Marguier-d'Aubonne, avec Mlle Madeleine Julien-Laferrière, fille de M. Joseph Julien-Laferrière, notaire à Saintes, et de madame née Huvet.

Le 17 février 1919, a été bénit le mariage de M. Henri Fontorbe, sous-lieutenant au 418 régional d'infanterie, croix de guerre, né à Rochefort, fils de M. Victor-Emile Fontorbe, capitaine de vaisseau, et de Madame née Duplais Louise-Marie-Lucie, avec Mlle Marcelle

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