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Heullé, près Courtrai. en Flandres, dans les états du duc de Bourgogne, une chapelle très fréquentée par les paralytiques et les lépreux, les animaux malades. On célébrait sa fête pendant neuf jours. Rien n'indique que Mazerolles ait eu des attaches avec la Saintonge, on chercherait vainement une famille de ce nom dans ce pays, on pourrait en rencontrer dans la Guyenne aux XIII-XIV-XV siècles; toutefois, on n'a guère de chance de mieux réussir de ce côté, par la raison que si un quelconque des saints que le peintre a représentés dans son livre peut apporter quelque éclaircissement sur son origine, on ne voit que saint Gatien. Or avec saint Gatien nous sommes, sans conteste, amenés en Touraine. Si saint Eutrope est rare dans les livres de prières, saint Gatien l'est encore plus. Il a donc fallu à l'artiste une raison spéciale pour l'y introduire. Quelle est-elle? Tous les saints à qui le comte de Charolais s'adressait dans ses prières ont une puissance thérapeutique connue. Ils sont tous des saints guérisseurs. M. Durrieu le reconnaît pour saint Georges, le « saint de cœur » du comte. Saint Gatien n'a aucun pouvoir avéré, si ce n'est de permettre à ses invocateurs de retrouver un objet perdu. Il serait donc le saint Antoine de Padoue du XVe siècle. On conviendra que Mazerolles aurait eu une singulière idée de mettre un saint à si petite spécialité à côté de saint Georges, de saint Eutrope, de saint Sébastien, de saint Laurent, de sainte Marguerite, qu'il fut amené à mettre dans le livre parce que Charles allait épouser Marguerite d'Yorck, au moment où il peignait ses figurines. M. Dangibeaud prétend que si Mazerolles a mis saint Gatien, c'est en guise de signature, en souvenir de son pays natal probable, de Tours où il a dù faire ou commencer son éducation de miniaturiste. Mazerolles, dit-il, ne serait qu'un surnom, comme il arrivait à presque tous les peintres d'en prendre un, et de l'emprunter à leur lieu d'origine. Il se serait appelé Maroles, originaire de Mazerolles. Il existait en Touraine une famille noble bien connue de Marolles, et près d'Azay-le-Rideau, dans la commune de Saché, on voit un grand et un petit Mazerolles, un ruisseau près de Loches porte le même nom. En Maine-et-Loire il y a un autre Mazerolles.

Si on ajoute que le livre contient un saint Martin, saint éminemment tourangeau, que le peintre, a représenté saint Gatien prêchant au milieu d'une petite place qui rappelle étonnemment la petite place qui s'étend derrière la cathédrale Saint-Gatien de Tours, on aura quelques présomptions en faveur d'une origine tourangelle de Philippe. En tout cas, il est bien certain qu'il ne peut être Saintongeais.

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DE SAINTONGE ET D'AUNIS

REVUE DE LA SOCIÉTÉ DES ARCHIVES

SOMMAIRE DU NUMÉRO D'AVRIL 1919

AVIS ET NOUVELLES: Séance du Bureau cotisation ramenée à 13 fr.; clocher de Bourg; médailles; portrait de Santeul; port de Talmont.

NECROLOGE DE LA GUERRE.

NOTES D'ÉTAT-CIVIL DÉCÈS: M. Moreau; comte de Massougnes des Fontaines; M. Bruneau; vicomte de La Grandière; M. Hus; M. Forcet; M Soulard ; D' Bron; M" Damrémont.

MARIAGES: De Laval-Laferrière; Fontorbe-Bouyer; de Richemont-Castillon du Perron; Brumauld des Houlières-Perier.

VARIÉTÉS. — Pourquoi le duc d'Angoulême n'alla point à La Rochelle en 1817, par M. l'abbé Uzureau; Petit de Bertigny (fin), par M. Ch. Dangibeaud; La bibliothèque d'un curé de campagne avant la Révolution; Arrêté de la Société populaire de Ruffec pour prescrire le tutoiement, par M. Guérin; Introduction à l'histoire des évêques de Saintes (suite), par M. Depoin.

RÉPONSE: La Guillanneuf, par M. G. Tortat.

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LIVRES ET REVUES : Bulletin philologique (1916); Archives de la Gironde (1915) : François de Sourdis. Journaux du trésor de Charles IV le Bel; Bulletin Société des Sciences de l'Yonne divinité accroupie; Revue archéologique poignard à tête humaine; Bulletin archéologique crosse Bulletin philologique (1917): coutumier; Gazette des Beaux-Arts: jubé; Revue d'Agenais Comtesse de Châteaurenard; Revue du Bas-Poitou les Berand; Bulletin de la Société du Limouzin; Société de Géographie commerciale: abbé Gaurier; Tablettes des Deux-Charentes Rochefort; Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest saint Fort; Comples-rendus de l'Académie des 1.- B.-L.: triple commémoration des morts; Romania. BIBLIOGRAPHIE.

:

AVIS ET NOUVELLES

Le Bureau de la Société s'est réuni le 6 mai.

Il a prononcé les admissions suivantes :

M. Henri Pédezert, inspecteur aux chemins de fer de l'État.

M. J. Filippi, principal du collège de Saintes.

M. Cousin, directeur de l'agence du Crédit Lyonnais à Saintes. M. Colineau, négociant à Surgères.

Il examine la situation des ressources de la Société, recettes et dépenses, et entend la lecture d'une lettre de l'imprimeur de la Revue. Non seulement la cessation de la guerre n'a pas amélioré la vie, mais elle a été le point de départ d'une aggravation sérieuse en toutes choses. La loi des huit heures détermine une gêne dans les ateliers et une majoration très sérieuse des tarifs de la main-d'œuvre. Après étude de plusieurs décisions, le Bureau décide de ramener la cotisation annuelle à l'ancien prix: Une quittance de treize francs, Revue, tome XXXVIII, 4 livraison, avril 1919.

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augmentée des frais de recouvrement et, pour certains membres, des frais de port du volume, sera donc présentée très prochainement. A cette condition la Société pourra maintenir ses deux publi

cations.

Un coup de vent (avril 1919) a renversé une partie du clocher de l'église de Bourg-sur-Charente, massive construction carrée sans

aucun caractère.

Le Courrier de Jonzac, qui avait cessé de paraître depuis le 29 novembre 1914, a repris sa publication le dimanche 6 avril

1919.

Parmi les médailles reçues du 1er janvier au 1 Cabinet des médailles, notons :

er août 1914 par le

Conseil d'hygiène de la Charente-Inférieure (Pasteur) par Prudhomme.

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Commission sanitaire de la Charente-Inférieure (Pasteur) par le

même.

Saintongeaise par Mme Merignac (un exemplaire existe au musée de Saintes, don de M. Maurice Martineau).

Pour sa bienvenue sous la coupole, M. Alfred Capus a apporté au Musée Condé un don singulièrement précieux. Un habitant de la maison qu'il habite avenue Émile-Pouvillon, M. R. Philipon, l'a averti un jour que sa tante, Mme Lefebvre, était disposée à offrir à Chantilly un portrait de Santeul dont elle avait hérité. Transmise à la Commission de Chantilly, l'offre dont M. A. Capus s'était fait l'intermédiaire fut examinée par elle il lui apparut qu'aucun portrait de Santeul, «ce commensal, ce favori et comme l'hôte indispensable de la Maison de Condé », ne figurait dans les collections que le duc d'Aumale a léguées à l'Institut de France.

La Commission a conclu à proposer à l'Institut d'accepter l'offre qui était faite par Mme Lefebvre et M. R. Philipon.

M. Philipon est le fils de M. Ed. Philipon, marié avec Mlle Dissez, décédé à Bordeaux.

Une vigoureuse campagne est menée depuis quelques mois dans le département et dans la Charente pour obtenir la continuation des travaux entrepris par les Américains en vue de créer un port à Talmont, qui présenterait de très grands avantages de sécurité et de rapidité de transport des marchandises à l'intérieur une fois

débarquées. On éviterait le grand détour Pauillac-Bordeaux. La Rochelle et Bordeaux font une vive opposition. Sait-on qu'en 1652 les Espagnols, venant en aide à la Fronde à Bordeaux, s'étaient déjà emparés de ce petit port en raison des facilités qu'ils y reconnurent?

NÉCROLOGE DE LA GUERRE

POUR LA CHARENTE-INFÉRIEURE

M. Yves Heurtel, né à Saintes en 1883, fils de M. Ferdinand Heurtel, capitaine de frégate en retraite, et de Madame née Brunaud, capitaine au 367° régiment d'infanterie puis au 243°, chevalier de la Légion d'honneur (février 1915), a été tué au bois de Chaume devant Verdun en février 1916. « Ayant reçu l'ordre dans la soirée du 23 février d'occuper une position au bois de Chaume, reçoit le lendemain, 24, à une heure de l'après-midi, le choc meurtrier d'une attaque allemande menée par des forces supérieures. L'ordre est de résister à outrance. Le capitaine maintient sa compagnie face à l'ennemi jusqu'au moment où, se voyant débordé et sur le point d'être entouré, il s'écrie: «Maintenant, mes amis, vous avez fait votre devoir, repliez-vous, c'est le moment. » Mais lui demeure dans la tranchée, continuant à faire le coup de feu, préférant se faire tuer sur place plutôt que d'abandonner la position dont la défense lui a été confiée. Les débris de sa troupe qui, sur son ordre, s'éloignent de lui en pleurant, l'aperçoivent encore le fusil en mains, défendant sa tranchée. C'est la dernière image que ce chef laissa à ses hommes qui se reforment plus loin. » (Rapport officiel du G. Q. G. daté du 7 mars 1916.)

Il avait obtenu trois citations à l'ordre de l'armée.

Docteur en droit, licencié ès-lettres, diplômé de l'École libre des Sciences politiques, il a été le premier administrateur de l'Alsace reconquise, installé à Thann par le général Joffre en novembre 1914. Mais en septembre 1915, considérant sa mission finie, il demanda à reprendre son rang à la tête de sa compagnie. Cinq mois après il disparaissait!... Le devoir est parfois bien mal récompensé !

M. Yves Heurtel, doué d'une intelligence remarquable, travailleur obstiné, ayant à son service une mémoire prodigieuse, était destiné à gagner les plus hauts grades au Conseil d'État où il était entré en 1914 comme auditeur. Saintongeais par sa famille et de cœur, il aurait été certainement grandement utile à sa petite patrie. A tous points de vue on ne peut qu'être très attristé par la mort d'un homme jeune qui avait les sympathies de tout le monde.

NOTES D'ÉTAT CIVIL

DÉCÈS

M. le docteur Jean-Philippe Moreau, médecin de la Chambre des Députés et du Sénat, âgé de 78 ans, est décédé à Paris le 17 janvier 1919. Son corps incinéré le 20 a été inhumé à Saint-Agnant (Charente-Inférieure) dans le caveau de la famille.

Il laisse une fille, Mme veuve Desroziers.

Le 24 janvier, est mort à Angoulême, muni de l'extrême-onction, M. Jean-Jules-Edme-Michel Georges, comte de Massougnes des Fontaines.

Né au château des Fontaines (Bonneville, Charente), le 21 juillet 1842, de Jean-Baptiste Ernest, comte de Massougnes des Fontaines. et de Charlotte Edmée Falanpin-Dufresne, il avait épousé, à Angoulême, en septembre 1872, Françoise Marie Prunet, dont il était veuf depuis le 20 novembre 1911. Il en avait eu trois enfants `actuellement vivants: notre collègue de la Société des Archives, membre aussi de la Société Archéologique de la Charente, MarieJoseph Jean, aujourd'hui comte de Massougnes des Fontaines, célibataire, et chef de sa maison,―et Mesdemoiselles Marie-Philomène Renée et Anne-Marie Geneviève de Massougnes des Fontaines. Une branche cadette est encore représentée, à Paris et en Brie, par leur cousin issu-de-germain, Jean-François-Eugène Pierre, vicomte de Massougnes, également célibataire.

Le défunt avait fait la guerre de 1870-71 dans le corps des éclaireurs à cheval de Cathelineau, puis, en 1879, il alla se fixer à Paris, où l'appelaient ses goûts artistiques. C'était, en effet, une véritable vocation que le culte de l'Art sous toutes ses formes, tel qu'il le pratiquait, avec une ferveur, une érudition et, pour tout dire, un don critique qui exercèrent longtemps une véritable influence sur maint artiste contemporain, en dépit d'une modestie et d'un désintéressement presque incroyables. Purement dilettante, il ne prit la plume, à de fréquentes reprises, que pour crier ses admirations ou

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