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ERNEST THORIN, ÉDITEUR

LIBRAIRIE DU COLLEGE DE FRANCE ET DE L'ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE

7, RUE DE MÉDICIS, 7

1874

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Il est remarquable que les quatre grands siècles littéraires ont inspiré et fait naître quatre poétiques où sont exposées les règles de l'art d'écrire.

Le beau siècle de Périclès était expiré, mais les souvenirs en étaient vivants encore, quand, le premier, Aristote produisit sa Poétique. Là, d'une main magistrale, il a posé tous les principes; et sa doctrine, transmise d'âge en âge, est restée la loi des œuvres de l'esprit.

Au siècle d'Auguste, Horace publia son Épître aux Pisons, à laquelle Quintilien a donné le nom d'Art poétique, nom qui lui a été confirmé par la postérité.

Au siècle des Médicis, Vida, évêque d'Albe,

s'inspirant d'Aristote et d'Horace, composa une Poétique, écrite en très-bons vers latins et divisée en trois chants. Dans le premier, il traite de l'éducation du poëte et raconte l'origine et l'histoire de la poésie. Dans le second, il parle du poëme héroïque ou de l'épopée, et il en emprunte surtout les règles à Virgile, qu'il présente comme un modèle inimitable. Il consacre le troisième à l'élocution poétique et trace, avec autant de lucidité que de charme, les règles de l'harmonie imitative.

Enfin, sous Louis XIV, Boileau, mettant à profit les richesses de ses devanciers, écrivit son Art poétique, dont il est superflu de faire l'éloge.

En 1771, un savant littérateur, l'abbé Batteux, eut l'idée de recueillir et de publier ces quatre poétiques, en accompagnant les trois premières d'une traduction en prose fort estimable.

Le plan de ce petit volume est plus simple. J'ai voulu y mettre en parallèle les deux Arts poétiques d'Horace et de Boileau. La

comparaison de l'œuvre du poëte latin avec celle du poëte français est ainsi rendue facile et me semble pleine d'intérêt.

Chacun sait qu'Horace n'avait pas prétendu faire un poëme didactique, mais seulement exposer, dans une Épître familière, les règles de la poésie et les préceptes du bon goût. Cette Épître est adressée à des amis, à Pison, vainqueur des Thraces, et à ses deux fils, dont l'aîné, il est permis de le supposer, s'essayait à la poésie. Cette causerie littéraire du poëte romain est devenue un véritable code poétique.

Boileau a élargi le cadre. Il a fait un vrai poëme, en quatre chants, où le mérite de la méthode est relevé par la sagesse des préceptes et par la forme heureuse que l'auteur a donnée à ses pensées, soit dans les morceaux qui lui sont propres, soit dans les emprunts nombreux qu'il a faits à Horace, dont tout le suc a passé dans son ouvrage.

Il est à peine besoin de rappeler la division simple et lumineuse du poëme de Boileau.

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