Les Romains avoient plusieurs sortes de machines à l'usage de leurs théâtres, Outre celles qui étoient sous les portes des retours, pour introduire d'un côté les Dieux des bois & des campagnes, & de l'autre les Divinités de la mer, il y en avoit d'autres au-dessus de la scène pour les Dieux célestes ́& de troisièmes sous le Théâtre pour les Ombres, les Furies & les autres Divinités infernales. Ces dernières machines étoient à-peu-près semblables à celles dont nous nous servons : elles consistoient en des espèces de trappes qui élevoient les Acteurs jusqu'au niveau de la scène, & souvent bien plus haut : & qui redescendoient ensuite sous le Théâtre par le relâchement des forces qui les avoient fait monter. Sur la machine appelée pegma, voyez Juste Lipse, tom. 111 de ses Œuvres, P. 581. 31 Voyez-vous de quels dards son dos est hérissé? v. 127. ce qui annonçoit, selon Vejenton, que les ennemis de Domitien seroient percés de flèches. 32 Montanus se souvenoit de l'intempérance des premiers Empereurs, &c. v. 136. Vers la fin de la République, le plaisir de manger fut tel, que les Riches se faisoient vomir avant & après le repas. Ils prennent un vomitif, dit Sénèque, afin de mieux manger, & ils mangent afin de prendre un vomitif. Cicéron nous apprend que César pratiquoit souvent cette sale coutume. 33 Voilà ce qui purgea la terre d'un monstre encore tout dégouttant du sang des Lamia, v. 154. Domitien se préparoit à de nouvelles cruautés, lorsqu'il fut tué par Étienne, affranchi de sa femme Domitia, le 18 Septembre 96 de Jesus Christ, à 44 ans. On débite qu'à l'heure même qu'on assassinoit ce Prince à Rome, Apollonius de Tyane, haranguant le Peuple à Éphèse, s'écria: Frappe, frappe le Tyran. Horace, Od. 21, L. 1, a célébré l'illustre Famille des Lamia. SATIRA V. PARASIT 1. SI te propositi nondum pudet, atque cadem est mens, Nulla crepido vacat? nusquam pons? & tegetis pars 10 Tam jejuna fames? quum possis honestius illic Unà simus, ait. Votorum summa: quid ultra Quæris? Habet Trebius propter quod rumpere somnum 20 Debeat, & ligulas dimittere, sollicitus ne SATIRE V. SATIR E. V. LES PARASITES1. FAIRE consister le souverain bien à vivre aux dépens d'autrui; souffrir des affronts que Sarmentus & le vil Galba n'eussent point endurés, même à la table de César 3; & m'assurer, Trébius, que ce genre de vie n'a rien qui te répugne: quand tu le jurerois, je ne t'en croirois pas. Peu de chose suffit pour vivre: quand ce peu te manqueroit, n'est-il plus de ponts, plus de quais, où, mal vêtu, transi de froid,& dévorant du pain tel qu'on en jette aux chiens, tu puisses subsister plus décemment qu'à ces repas d'où tu sors couvert d'ignominie & presqu'à jeun ? D'abord, persuade-toi bien qu'en te permettant de t'asseoir à sa table, un Patron te croit assez payé de tes anciens services. Le fruit de l'amitié des Grands, se borne à des repas: ton Monarque les compte; quoique rares, il te les fait valoir. Après t'avoir négligé pendant deux mois, s'avise-t-il de t'inviter, toi, son client 4, afin qu'il n'y ait point de place vide sur le troisième lit; te dit-il: soupons ensemble: te voilà comblé; que voudrois-tu de plus? C'en est assez, pour que Trébius se réveille désormais en sursaut, & laisse là ses courroies 5, de crainte d'être prévenu par ses rivaux au lever du Patron, quoique le jour luise K à peine, & que le Boôtés traîne lentement 901 chariot glacé 6. II Quelle chère cependant! on vous donne d'un vin, qui ne seroit pas bon à dégraisser la laine 7; de convives que vous étiez, vous voilà Corybantes: préludant par les injures, bientôt les coupes & les bouteilles Sagontines volent de toutes parts; le sang ruisselle, & les serviettes servent à l'étancher 9 : suite ordinaire des combats qui s'élèvent entre les Parasites & la cohorte des Affranchis. Le Patron s'abreuve d'un vin pressuré sous nos anciens Consuls 10, ou du tems de la guerre sociale, dont il n'enverroit pas un seul verre pour restaurer l'estomac de son ami. Le lendemain, il boira du vin d'Albe ou de Sétines ", conservé dans des vases tellement noircis de vétusté, qu'on n'y reconnoît plus ni le nom du pays, ni la date du Consulat; des vins tels qu'en buvoient Helvidius & Thraséas 12, lorsque, couronnés de fleurs, ils célébroient la naissance de Brutus & de Cassius. Virron se sert d'une large coupe d'ambre, enrichie de pierreries: à toi, l'on ne te confie point de coupe d'or; si, par hasard, on t'en donne une, on a soin de mettre à tes côtés un gardien, chargé d'en compter les diamans, & de suivre de l'oeil tes dngles recourbés. N'en sois pas choqué, cette coupe est ornée d'une pierre fameuse : car Virron, à l'exemple de ses pareils, transporte de ses bagues Tota salutatrix jam turba peregerit orbem, QUALIS cœna tamen ! Vinum quod succida nolit Quale coronati Thrasea Helvidiusque bibebant Virro tenet phialas: tibi non committitur aurum; 40 Vel, si quando datur, custos affixus ibidem Qui numeret gemmas, unguesque observet acutos. |