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s Virgile dit mot à mot: Je naquis à Mantoue d'unè famille Lombarde; c'est comme si Homère disoit, je suis në d'une famille Turque. Il paroît d'ailleurs fort instruit de la situation actuelle de l'Italie. Ce sont là de grandes fautes; mais le Dante vouloit apprendre à toute l'Italie que Virgile étoit son Poète par excellence, et que feul de tous ses contemporains il étoit capable de suivre les traces de ce grand homme : il a tout sacrifié à cette idée dont il étoit préoccupé. C'est ainsi que dans les Mystères qu'on jouoit autrefois, David et Salomon disent leur benedicite avant de se mettre à table; et dans la Cène peinte par Jean de Bruges, on voit au milieu du festin le riche Prieur qui avoit ordonné le tableau et payé le Peintre.

6 Le levrier généreux qui doit repoufser le monstre est Can de l'Escale, Prince de Vérone, dont il est parlé dans le Discours préliminaire. Ce jeune Prince fut nommé par l'Empereur, Généralissime des Gibelins, et remporta plusieurs victoires sur les Guelfes. On ne doutoit pas, s'il eût vécu, qu'il ne se fût rendu maître de toute l'Italie; mais il mourut à 36 ans, laifsant après lui la plus grande réputation. — Pour dire qu'il sera incorruptible, le texte porte qu'il ne mangera ni terre ni étain; c'eft-à-dire, qu'il s'abstiendra des richesses. Isaïe, en menaçant Jérusalem, dit: Je t'ôterai tout ton étain.

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7 Feltro est une montagne près de Vérone : il y a aufsi une ville de ce nom.

8 Les Anges rebelles, et ensuite les ames du Purgatoire.

9 C'est-à-dire, à Béatrix qui doit montrer les Cieux

au Dante, après que Virgile l'aura conduit aux Enfers et au Purgatoire. Béatrix étoit de la famille des Portinari, et mourut à Florence, âgée de 26 ans.

10 On respire dans ce premier Chant, je ne sais quelle vapeur sombre, effet des allusions mystérieuses dont il est rempli: c'étoit l'esprit du temps, et on doit s'y transporter, pour mieux juger le Dante; c'est à quoi les Notes historiques pourront aider. Mais pour faire le rapprochement de son siècle et du nôtre, il faudra faire aussi quelques obfervations de goût. La saine critique s'exerce avec fruit sur les grands Ecrivains : ils instruisent par leurs beautés et par leurs défauts; il faut au contraire respecter la médiocrité qu'on ne peut ni louer ni blâmer. Il seroit dangereux, par exemple, de manier des Poèmes, tels que ceux de la Religion et des Jardins; parce que ces sortes d'ouvrages froids et léchés n'avertissent le goût par aucun écart, et l'endorment souvent par l'apparence d'une perfection tranquille.

Les

personnes qui se laissent éblouir par les succès, seront peut-être scandalisées de ce qu'on dit ici de l'Auteur des Jardins; mais on les prie de considérer qu'un homme, par la réputation dont il jouit, donne plus souvent la mesure de ses partisans que la sienne.

Je me permettrai donc, avec sobriété pourtant, quelques observations critiques sur le Dante, Poète dont les beautés et les défauts réveillent le goût à chaque inftant, et qui ne peut s'élever ou tomber, sans donner quelque grande secousse à l'imagination.

Fin des Notes du premier Chant.

B

ARGOMENTO.

Il giorno, lo cui apparire viene indicato nel primo Canto, si apprefsa all'occaso. Il Poeta è tra il si e'l no discendere all' Inferno; ma la sua guida si fà sigurtà, moftrandogli che Beatrice venuta dal Cielo, l'invia à lui. Allora entrambi s'addrizzano verso i sotterranei.

Lo giorno se n'andava ; e l'aer bruno

Toglieva gli animai, che sono'n terra,
Dalle fatiche loro ; et io sol uno
;

M'apparecchiava a sostener la

guerra

Sì del camino, e sì della pietate,
Che ritrarrà la mente che non erra.

O Muse, o alto'ngegno hor m'ajutate:
O mente, che scrivesti ciò ch'i vidi,
Quì si parrà la tua nobilitate.

Incominciai: Poeta, che mi guidi,
Guarda la mia virtù, s'ell'è possente,
Anzich'a l'alto passo tu mi fidi.

Tu dici, che di Silvio lo parente

Corruttibil'ancor ad immortale

Secol❜andò, e fù sensibilmente.

CHAN T I I.

ARGUMENT.

Le jour dont la naissance est indiquée dans le premier Chant, tire vers sa fin. Le Poète hésite sur le point de descendre aux Enfers; mais son guide le rassure, en lui apprenant que Béatrix est descendue du Ciel pour l'envoyer à lui. Alors ils s'avancent tous deux vers les souterrains.

LE

E jour baifsoit, et les cieux plus sombres invitoient au repos les fils laborieux de la terre: moi seul j'étois prêt à fournir ma pénible route, et je marchois au spectacle de douleurs que ma bouche fidelle retrace à la mémoire.

Muses, secourez-moi! Génie, enfant du Ciel, que les chants que tu m'inspires s'anobliffent de ton auguste origine.

si mon

J'avançois, et je disois à mon guide: O Poète! daignez mesurer mes forces, et voyez courage se soutiendra dans ces précipices. Vous m'avez appris que le fils d'Anchise ne craignit pas d'y descendre, et qu'il se montra vivant au royaume des morts: mais la raison me dit qu'il en étoit digne, puisque le Ciel voulut honorer

1

Però se l'aversario d'ogni male Cortese fù pensando l'alto effetto, Ch'uscir dovea di lui, e'l chi, e'l quale; Non pare indegno ad huomo d'intelletto : Ch'ei fù de l'alma Roma, e di suo'mpero Nell' empireo ciel' per padre eletto:

La quale, e'l quale ( a voler dir lo vero) Fur stabiliti per lo loco santo, U' siede'l successor del maggior Piero. Per quest'andata, onde li dai tu vanto, Intese cose che furon cagione Di sua vittoria, e del papal ammanto. Andovvi poi lo vas d'elettione, Per recarne conforto a quella fede, Ch'è principio a la via di salvatione.

Ma io perchè venirvi? o chi'l concede? I non Enea, i non Paolo sono:

Me degno a ciò ne io, ne altri crede.

Perchè se del venire i m'abbandono,

Temo, che la venuta non sia folle.
Se' savio, e'ntendi me' ch'i non ragiono.
E qual è quei che disvuol ciò che volle
E nuovi pensier cangia proposta,
Si che dal cominciar tutto si tolle;

per

Tal mi fec'io in quella oscura costa : Perchè pensando consumai la❜mpresa Che fù nel cominciar cotanto tosta.

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