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1725, Dolet entra au théâtre de l'Opéra-Comique, alors dirigé par Honoré, mais il n'y joua que deux foires. Il se retira alors, et exerça la profession de limonadier jusqu'à sa mort, arrivée en 1738. Voici les titres de quelques-unes des pièces qui furent représentées sur le theâtre de Dolet et de ses associés, pendant toute leur carrière (on ne parlera pas ici de celles qui furent jouées aux marionnettes étrangères et dont on trouvera le détail à l'article DELAPLACE): Arlequin écolier ignorant et Scaramouche pédant scrupuleux (foire Saint-Germain 1707); la Fille savante, ou Isabelle fille capitaine, pièce en monologues (31 août 1707); le Triomphe de l'amour, pièce en monologues (4 août 1708); Persée le Cadet, parodie en trois actes et monologues de la tragédie lyrique de Persée (foire Saint-Germain de 1709); les Poussins de Léda, parodie de la tragédie des Tyndarides de Danchet, par Faroard, pièce en monologues (foire Saint-Laurent de 1709); Arlequin aux Champs-Élysées, pièce en trois actes, à la muette et par écriteaux (25 juillet 1710); les Aventures comiques d'Arlequin, ou le Triomphe de Bacchus et Vénus, pièce en trois actes et par écriteaux, attribuée à Raguenet (3 février 1711); le Mariage d'Arlequin, divertissement à la muette et par écriteaux, en trois actes, avec un prologue (16 juillet 1711); Scaramouche pédant scrupuleux, pièce en deux actes et un prologue, par Fuzelier, suivie d'Orphée, ou Arlequin aux Enfers (12 septembre 1711); les Plaideurs, pièce en trois actes, en scènes muettes et par écriteaux (février 1712); un divertissement composé d'un prologue et de deux actes à la muette et par écriteaux, dans lequel on raille les Romains, c'est-à-dire les comédiens français, avec qui les acteurs forains étaient en querelle (août 1712); l'Endirague, pièce en trois actes, en monologues mêlés de prose et de vers, avec des divertissements, par Piron (3 février 1723); le Mot universel, ou le Mirliton, pièce en un acte, de Piron (27 août 1723); le Claperman, opéra comique en deux actes, avec un prologue, par Piron (3 février 1724); les Vendanges de la foire, pièce en un acte, en écriteaux; la Pudeur à la foire et la Matrone de Charenton, par

Lesage et Dorneval (septembre 1724); les Captifs d'Alger, prologue, la Conquête de la Toison d'or et l'Oracle muet, par Lesage et Dorneval (foire Saint-Laurent de 1724), etc., etc.

(Mémoires sur les Spectacles de la Foire, I, 39, 56, 153, 165. Dictionnaire des Théâtres, I, 199, 333; II, 36, 92, 321, 334, 399, 580; III, 314, 320, 348, 461; IV, 30, 113, 153, 223, 276; V, 92, 479, 543; VI, 66, 677.)

I

L'an 1708, le deuxième jour de mars, quatre heures de relevée, en l'hôtel de nous Simon-Mathurin Nicollet, etc., font comparus fieurs Pierre-Louis Villot, fieur du Fey, et Marc-Antoine Legrand, comédiens du Roi, tant pour eux que pour les autres comédiens du Roi leurs confrères, qui nous ont dit que, par brevet à eux accordé par Sa Majefté, arrêtés et règlemens de police, ils font établis et ont feuls le droit de faire représentation des tragédies, comédies et pièces de théâtre en cette ville de Paris: Cependant plusieurs particuliers fe font introduits et s'introduifent depuis un tems fous différens prétextes de danfes de corde, jeux de marionnettes et autres femblables, que leur permet M. le Lieutenant général de police, de repréfenter des comédies et pièces de théâtre de la même manière que peuvent faire lefdits fieurs comparans; ce qui eft tout à fait contraire aux intentions du Roi et directement contre leur établiffement et leur caufe un dommage confidérable. Lesdits comédiens du Roi fe font pourvus par-devant M. le Lieutenant général de police qui, par plufieurs fentences confirmées par arrêts du Parlement, a fait défense auxdits particuliers de repréfenter des comédies. Cependant, au mépris de ces fentences et arrêts, ils continuent journellement leurs représentations de comédies différentes fur des théâtres publics qu'ils ont fait élever et construire dans le préau de la foire St-Germain, qu'ils annoncent par des affiches et placards publics femblables à ceux defdits comparans. C'eft pourquoi ils nous requièrent de préfentement nous transporter chez le nommé Dolet, dans le préau de la foire St-Germain, où il a fait élever un théâtre public fur lequel il fait faire lefdites représentations de comédies, pour leur en donner acte et defdites contraventions auxdites fentences et arrêts et en dreffer procès-verbal.

Signé VILLOT-DUFEY; LEGRAND; NICOLLET.

Sur quoi nous, commiffaire, etc., fommes ledit jour, 2 mars 1708, fur les fix heures de relevée, ou environ, transporté dans le préau de ladite foire St-Germain, chez ledit Dolet, où nous avons vu un théâtre public fort grand, et dans la falle d'icelui une grande quantité de personnes. Après les danfes de corde, a paru un voltigeur et une voltigeuse qui ont voltigé fur les cordes. Après quoi, lefdits danfeurs de corde ont étendu un tapis fur le

théâtre et auroient fait des fauts, après lefquels on a levé une toile et plufieurs acteurs et actrices ont repréfenté la comédie d'Arlequin lingier du Palais, en trois actes, ainfi qu'il nous a paru. Dans chaque fcène, un acteur parle tout haut, les autres lui répondent par des geftes et par des fignes qu'ils expliquent et font entendre enfuite tout haut par paroles, ce qui forme le fujet de la pièce et représente la comédie fuivie de fon dénouement. La pièce finie, un acteur eft venu annoncer une autre comédie, qui fera représentée demain. Dont et de quoi nous avons fait et dreffé le préfent procès-verbal.

(Archives des Comm., no 3470.)

Signé : NICOLlet.

II

Le dimanche, onzième mars 1708, cinq heures de relevée, font comparus par-devant nous Simon-Mathurin Nicollet, etc., les fieurs Dufey et Legrand, comédiens du Roi, etc., qui nous ont requis de nous transporter cejourd'hui chez le nommé Dolet, dans le préau de la foire Saint-Germain, pour leur donner acte de la représentation qu'il fait faire fur fon théâtre de pièces de comédie et en dreffer procès-verbal.

Signé : LEGRAND; VILLOT-DUfey.

Sur quoi nous commiffaire, etc., fommes, ledit jour dimanche 11 mars 1708, fur les fix heures de relevée, ou environ, tranfporté dans le préau de ladite foire Saint-Germain, chez ledit Dolet, où nous avons vu un théâtre public fort grand, et dans la falle d'icelui, grande quantité de perfonnes; et après des danfes de corde, voltigemens et fauts, la toile étant levée, il a paru deux acteurs, l'un sous le nom de Don Juan et l'autre d'Arlequin, fon valet, qui ont joué une fcène après laquelle il a paru lefdits Don Juan, Arlequin, avec le père de Don Juan, qui ont joué une autre fcène et enfuite auroient joué plufieurs autres fcènes fuivies dans lefquelles il a paru plufieurs acteurs et actrices, qui ont fait depuis le commencement jufqu'à la fin un dialogue continuel. La pièce a été jouée en trois actes, ainfi que les comédiens du Roi jouent et représentent fur leur théâtre. Par le dénouement de laquelle pièce il nous a paru que c'étoit la comédie du Feftin de pierre (1). Dont et de ce que deffus avons dressé le préfent procès-verbal. Signé: NICOLLet.

(Archives des Comm., no 3470.)

(1) Il y a plusieurs pièces qui portent ce nom et qui peuvent être celle dont il s'agit ici; ce sont : 19 le Festin de Pierre, ou le Fils criminel, tragi-comédie de Villiers, jouée en 1659 à l'hôtel de Bourgogne; 20 le Festin de Pierre, ou le Fils criminel, tragi-comédie de Dorimon, représentée sur le théâtre de la rue des Quatre-Vents par la troupe de Mademoiselle en 1661; 3o le Nouveau Festin de Pierre, ou l'Athée foudroyé, tragi-comédie de Rosimon, représentée sur le théâtre du Marais en 1669. Nous ne comprenons pas dans cette énumération le Festin de Pierre, de Molière, parce qu'il est peu vraisemblable que les acteurs de la foire aient poussé l'audace jusqu'à s'emparer de cette pièce, ni l'opéra comique de Letellier, le Festin de Pierre, parce qu'il est postérieur et ne fut représenté qu'en 1713 au jeu d'Octave.

III

L'an 1709, le 9o jour de février, quatre heures de relevée, en notre hôtel et par-devant nous Jean Demoncrif, etc., font venus Fleurant Carton, fieur Dancourt, et Louis Villot, fieur Dufey, comédiens ordinaires du Roi: lefquels nous ont dit que, au préjudice des fentences de M. le Lieutenant général de police et arrêts confirmatifs d'icelles, le fieur Dolet, qui eft même condamné en l'amende, en des dommages-intérêts et aux dépens par lefdites fentences et arrêts, ne laisse pas d'y contrevenir et de jouer une comédie dans fon jeu, qui eft dans le préau de la foire Saint-Germain ; ce qui fait un tort et un préjudice confidérable aux comparans, lefquels, tant pour eux que pour les autres comédiens, ayant un fenfible intérêt de faire exécuter lefdites fentences et arrêts, nous ont requis et requièrent de nous transporter, heure préfente, audit jeu à l'effet d'en dreffer notre procès-verbal.

Signé: F. CARTON-DANCOURT, VILLOT-DUFEY; DEMONCRIF.

Sur quoi nous, commiffaire, etc., nous fommes à l'inftant transporté audit jeu tenu par ledit Dolet dans le préau de la foire Saint-Germain-des-Prés, où étant entré à cinq heures de relevée, y avons vu et remarqué qu'après la danfe fur corde et les fauts qui ont été faits fur le théâtre, il y a paru un acteur en habit d'arlequin, qui a parlé feul pendant l'efpace d'un demi-quart d'heure ou environ, et s'étant retiré derrière le théâtre, font furvenus plufieurs acteurs et actrices en habits de fcaramouche, de docteur et de fervante du docteur, dont l'un, qui eft le docteur, a aussi parlé feul en présence des autres. Que pendant qu'il parloit ainsi aux autres, ils faifoient figure de tracer avec le doigt de la main droite fur le dedans de la main gauche, une réponse par écrit que celui qui parloit, difoit et la proféroit et expliquoit, et enfuite il la réfutoit fans néanmoins que les autres parlaffent pendant qu'il étoit sur le théâtre; mais s'en étant retiré, celui qui étoit refté reprenoit la parole et faifoit un difcours en préfence d'autres acteurs qui furvenoient, ce qui s'est observé et continué pendant trois actes à la fin defquels l'acteur, qui étoit en scaramouche, eft venu annoncer que demain on joueroit une pièce qui auroit pour titre l'Enfant efpiègle. Dont et de quoi avons fait et dressé le préfent procès-verbal. Signé: DEMONCRIF. (Archives des Comm., no 3829.)

IV

L'an 1709, le mardi 19o jour de février, fur les cinq heures de relevée, ou environ, eft comparu par-devant nous Jean-Claude Borthon, etc., M. Pierre Guyenet, confeiller du Roi, payeur des rentes de l'hôtel de cette ville de Paris, ayant le privilège de l'Académie royale de mufique: Lequel nous a

dit qu'au mépris des lettres patentes de fon établissement et des règlemens de police et arrêts du Parlement, il a appris que plufieurs particuliers ont des troupes de danfeurs de corde dans le préau de la foire Saint-Germain et aux environs d'icelle, s'ingérant de faire danfer, chanter et garnir leur orchestre d'un plus grand nombre d'inftrumens qu'il ne leur eft permis d'avoir, et qu'attendu qu'il a intérêt d'empêcher leurs entreprises, il nous requiert vouloir avec lui nous transporter dans les lieux et endroits où lesdits particuliers jouent, chantent et dansfent à l'effet de dresser procès-verbal de ce qu'il conviendra.

Signé : GUYENet.

Sur quoi nous, commiffaire, etc., fommes avec lui transporté, au susdit préau de la foire Saint-Germain-des-Prés, dans la loge des nommés Dolet et Delaplace, affociés, où étant, avons remarqué dans l'orchestre deux violons et une basse, et après la danse de corde finie plufieurs acteurs et actrices ont paru fur le théâtre, ont joué la Fille capitaine (1), comédie en trois actes, dans laquelle on dialogue depuis le commencement jufqu'à la fin. Dans le fecond acte une actrice chante une chanson italienne, et dans le troisième plusieurs acteurs et actrices viennent fur le théâtre deux à deux, font un tour et se rangent à droite et à gauche, et enfuite un arlequin et une arlequine dansent en payfans, une actrice fuit et après elle un Éfope. Enfuite plufieurs acteurs et actrices chantent feuls et les autres répondent en choeur, et la pièce finie Arlequin s'eft démafqué et eft venu annoncer pour le divertissement de demain Arlequin toujours Arlequin et les Fourberies de Scaramouche. Dont et de tout ce que deffus avons dreffé le préfent procès-verbal.

(Archives des Comm., no 4191.)

Signé: GUYENET; BORTHON.

V

L'an 1709, le 3e jour de mars, quatre heures de relevée, en notre hôtel et par-devant nous Jean Demoncrif, etc., font venus Florent Carton, fieur Dancourt, et Paul Poiffon, comédiens ordinaires du Roi lefquels nous ont dit que, au préjudice des fentences de police et arrêts confirmatifs d'icelles qui font défense aux nommés Charles Dolet, Alexandre Bertrand, Antoine Delaplace, danfeurs de corde et joueurs de marionnettes, et à toutes autres perfonnes de quelque état, condition et qualité qu'ils foient de jouer et représenter en cette ville de Paris aucune comédie, ni autre divertissement qui y aient rapport avec condamnation d'amende et dépens, et que par autre arrêt du 19 février dernier, rendu avec ledit Dolet et autres, il eft ordonné entre autres chofes, que fon théâtre fera démoli et de ce que, en exécution dudit arrêt, lefdits fieurs comparans aient fait démolir ledit théâtre, néanmoins

(1) La Fille savante, ou Isabelle fille capitaine, pièce en monologues.

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