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152.- Étude sur les œuvres inédites et sur la correspondance de H. Dusevel, archéologue et historien, inspecteur des monuments historiques, membre non résidant du comité des travaux historiques, lauréat de l'Institut, officier de l'Instruction publique, etc., par F. Pouy, correspondant du ministère de l'Instruction publique. Amiens, imprimerie Delattre-Lenoel, éditeur, 1882. In-8° de 128 pages. (Tirage à 200 exemplaires 175 sur vélin, 25 sur vergé).

M. F. Pouy a publié, en 1881, une excellente Notice biographique et bibliographique sur H. Dusevel (in-8° de 32 pages). Après avoir raconté avec autant d'exactitude que de sympathie l'histoire de la vie d'his torien et d'archéologue de son compatriote et confrère, après avoir dressé la liste des publications grandes ou petites de celui qui fut un des plus féconds écrivains de la Picardie, il a voulu — et nous devons l'en louer faire connaître l'oeuvre inédite de cet estimable érudit. Il a donc énuméré, en les analysant soigneusement, les manuscrits laissés par le grand travailleur. Il a surtout donné, dans cette étude si complète, une large place à la vaste correspondance de Dusevel, disant avec raison (Avertissement, p. 4), que «< cette correspondance offre une source précieuse de renseignements curieux et intéressants et parfois de révélations piquantes, » et que l'« on y rencontre, à chaque pas, la trace des relations de l'auteur avec un grand nombre de savants et de lettrés, dont les noms connus auront pour le lecteur un attrait tout particulier. » Contentons-nous d'indiquer rapidement les sujets traités dans les trois premiers chapitres. (Chapitre I: Débuts, fonctions d'avoué, voyages et études, organisation de correspondance, renaissance de l'histoire et de l'archéologie, premier musée d'Amiens, premiers écrits, collaboration à divers journaux, etc. (1817-1830), pp. 5-18. - Chapitre II: Travaux, publications diverses, collaboration à divers grands ou vrages, journaux, revues, documents fournis à l'histoire du tiersétat, succès, emplois, titres honorifiques, relations, incidents divers, projets (1830-1850), pp. 19-36. Chapitre III Suite des travaux, nouvelles recherches, projets d'histoire de Picardie et autres, résumé et appréciations sur la vie laborieuse de l'auteur (1850-1861), pp. 3758) 1. Mais arrêtons-nous un peu devant le chapitre IV, entièrement consacré à la correspondance. Voici, par ordre alphabétique, les noms des personnes dont les lettres sont analysées et souvent en partie reproduites par M. P. le comte Beugnot, de l'Institut; Bottin, le célèbre créateur de l'almanach qui porte ce nom, archéologue qui fut un des membres de l'Académie celtique et qui a publié des Mélanges sur Samarobriva et sur divers monuments de la Picardie; Boucher de Perthes, l'ardent propagateur de la science préhistorique; le P. Cahier, l'éminent archéolo

1. M. P. dit (p. 54): « En considérant l'immense travail accompli par H. Dusevel tant dans l'exercice de ses nombreuses fonctions que comme écrivain, on se demande comment la vie d'un homme, si longue qu'elle fût, a pu suffire à une pareille tâche, et cependant, on le sait, elle n'a pas abrégé l'existence de cet intrépide travailleur. Il y a des grâces spéciales aux hommes de sa génération. >>

gue dont on déplore la perte encore récente; le comte de Calonne, conservateur du château de Chambord; Crapelet, l'habile imprimeur, le zélé éditeur de vieux textes; Emeric David, de l'Institut; M. Jules Desnoyers, le vénérable secrétaire de la Société de l'histoire de France; Didron aîné, le vaillant iconographe, le directeur des Annales archéologiques; Dupré (de Corbie), qui signe : Vainqueur commandant de la Bastille du 14 juillet 1789, et qui se recommande à nous par un meilleur titre, car il découvrit un très beau chapiteau de style roman, retraçant l'histoire du premier homme, une des plus remarquables pièces du musée d'Amiens; de la Fons, baron de Mélicocq, que les innombrables extraits de documents dont il enrichissait (d'autres disent encombrait) une foule de recueils, avait fait surnommer le grand extracteur; le marquis de Fortia d'Urban, de l'Institut '; Gilbert, de la Société des Antiquaires de France; Louis Graves, auteur de notables travaux sur le département de l'Oise; Hyacinthe Langlois, un des bons savants de la Normandie; M. Louandre père, le bibliothécaire abbevillois; le comte de Mailly, qui s'intitulait : archéologue amateur; Prosper Mériméc, qui, le 12 juillet 1843, adressait à Dusevel ce compliment : « Vous rendez la science amusante, sans qu'elle cesse d'être science »; le comte de Mérode, beau-père de Montalembert; Mgr Mioland, évêque d'Amiens; puis archevêque de Toulouse; Mollevault, de l'Institut, qui, poète même en prose, parle des mânes de son épouse; Montalembert, qui écrit à l'historien d'Amiens, le 29 juin 1838 : « Je félicite sincèrement la Picardie de compter dans son sein un explorateur tel que vous »; Auguste Moutié, le collaborateur du duc de Luynes; Paulin Paris, dont M. P. fait (p. 100) un charmant éloge auquel je lui suis reconnaissant d'avoir associé mon nom; Léon Paulet, littérateur et historien belge, qui écrivait à Dusevel, mécontent de n'être pas récompensé, ce mot si vrai et si consolant: Est-ce que les sciences ne nous paient pas ellesmémes de nos peines? Pongerville, le traducteur ou plutôt le paraphraste de Lucrèce; de la Querière, auteur de la Description des maisons les plus curieuses de la ville de Rouen; Paul Roger, auteur de la Bibliothèque de la Picardie et de l'Artois; de La noblesse de France aux croisades, etc.; César Roussel, l'explorateur des souterrains de Saint-Valery-sur-Somme; Alex. du Sommerard, le fondateur du Musée de Cluny; le baron Taylor, dont une lettre à propos du Voyage pittoresque en Picardie, auquel collabora Dusevel, est un fort curieux fragment autobiographique; Troche, le chercheur infatigable, le collection

1. Cet académicien écrivait, le 8 octobre 1841, à Dusevel: « Vous auriez pitié de moi, si vous saviez dans quels embarras m'a jeté ce malheureux goût que j'ai pour les imprimés. Mon livre des itinéraires anciens me coûte plus de 30,000 francs. >> Peu d'auteurs ont été plus féconds que Fortia d'Urban. A l'effrayante liste de ses ouvrages imprimés, il faut joindre une liste assez considérable de ses ouvrages manuscrits conservés aujourd'hui dans la bibliothèque de M. le marquis de Seguins, à Carpentras, où j'ai pu les feuilleter il y a quelques jours.

neur de documents et d'estampes sur Paris ; le comte de Vaublanc, l'ancien ministre; A. Vincent et Ludovic Vitet, tous deux de l'Institut.

En remerciant M. P. de nous avoir donné dans son livre, et notamment dans la dernière partie de ce livre, tant de pages agréables et instructives, je lui demanderai de rendre un nouveau service à la mémoire de Dusevel. Le meilleur de tous les ouvrages de cet érudit est devenu fort rare. Que M. Pouy réimprime l'Histoire d'Amiens avec additions et rectifications! Nul n'est plus capable que lui de publier une parfaite édition de cette histoire. Ce sera bien mériter à la fois de l'ami pour lequel il a déjà tant fait et de ces autres amis que l'on appelle lecteurs. T. DE L.

CHRONIQUE

FRANCE. Il existait jusqu'ici à Paris de nombreux cercles artistiques, politiques, commerciaux, agricoles, etc., mais il n'existait aucun cercle qui eût pour objet de réunir les hommes d'étude, les littérateurs et les savants, de former un centre intellectuel analogue à ce qu'est, en Angleterre, l'Athenaeum Club. C'est pour combler cette lacune que vient de se constituer la Société historique qui a ouvert le 18 juillet, un cercle au no 2 de la rue Saint-Simon, no 215 du boulevard Saint-Germain. Le bureau de la Société est composé de MM. Martin et Mignet, présidents d'honneur; G. Monod, président; Lavisse et Sorel, vice-présidents; Hanotaux et Puaux, secrétaires; Mayrargues et Rayet, trésoriers. Nous remarquons parmi les membres, pour ne citer que les membres de l'Institut, MM. Boutmy, Bréal, Cherbuliez, Du Camp, A. Dumont, V. Duruy, Fustel de Coulanges, J. Girard, Laboulaye, Levasscur, H. Martin, A. Maury, Mézières, Mignet, G. Paris, G. Picot, Renan, Rozière, L. Say, Sully Prudhomme, Taine, J. Zeller. La cotisation annuelle n'est, pour les 500 premiers membres, que de 60 fr. par an; elle sera portée ensuite à 100 fr. Les élèves des établissements d'enseignement supérieur peuvent y être admis moyennant 20 fr. par an. L'art 1er des statuts de la Société en définit le but en ces termes : Art. 1. Le but que se propose la Société est de faciliter les relations entre les hommes d'étude, en dehors de tout esprit de parti; de leur fournir les moyens d'infor mation scientifique; d'encourager les études sérieuses; de provoquer la sympathie de tous ceux qui s'intéressent au développement intellectuel de notre pays; en un mot, de former une vaste association inspirée par l'amour de la science et de la patrie. — Art. 2. La Société crée à cet effet un Cercle qui servira de centre de réunion pour

1. Voir (p. 101) une plaisante anecdote sur M Troche, qui, infiniment moias amie des livres que son mari, luttait virilement contre l'invasion dont sa maison était sans cesse menacée. Le correspondant de Dusevel veut que l'on évite la douane de Me Troche. En cette occasion, comme en bien d'autres, M. P. a entouré ses citations de remarques fort spirituelles.

2. M. P. reconnaît (p. 55, note 1) que l'ouvrage réclame « quelques améliora tions. » Il a(oute : « L'Histoire d'Amiens est tellement populaire, qu'elle est demandée presque chaque jour, à la bibliothèque de cette ville, par des lecteurs de toutes

les classes. >>

tous ceux qui s'occupent d'études historiques ou qui s'intéressent à ces mêmes études comprises dans le sens le plus large histoire proprement dite, histoire littéraire, histoire du droit, de la philosophie, de l'art, des langues, etc. Art. 3. Le cercle mettra à la disposition de ses membres dans ses salons les journaux et revues littéraires, historiques, scientifiques de la France et de l'étranger. - Art. 4. Le cercle facilitera à ses membres l'acquisition des livres français et étrangers aux conditions les plus favorables. Nous souhaitons rapide prospérité et longue vie à la So

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ciété Historique et au Cercle Saint-Simon.

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— M. Guillaume Guizor vient de publier à la librairie Calmann-Lévy la traduction d'un volume de Macaulay, renfermant quelques-uns des Essais d'histoire et de littérature (in-8, 424 pp.). Ce volume contient les essais suivants : Samuel Johnson (pp. 1-55, paru en décembre 1856 dans l'« Encyclopaedia britannica » et pp. 56-123, publié en septembre 1831 dans la « Revue d'Edimbourg »); Addison (paru en juillet 1843 dans la « Revue d'Edimbourg », pp. 124-238); Madame d'Arblaỳ (paru en janvier 1843 dans la « Revue d'Edimbourg »; on sait que Mme d'Arblay ou Françoise Burney, mariée à un Français émigré, le général d'Arblay, est l'auteur de trois romans, Evelina, Cecilia et Camilla dont les deux premiers eurent en leur temps un grand succès); De l'histoire (pp. 323-389, paru en mai 1828 dans la « Revue d'Edimbourg »); M. Robert Montgomery (pp. 390-421). Nous lisons dans l'avertissement que M. Guill. Guizot a mis en tête de sa traduction : « Ce sixième volume des œuvres de lord Macaulay que je m'étais proposé de traduire, n'est pas le dernier. Il me reste encore à donner quelques-uns de ses Essais, et, comme je crois que, pour bien apprécier Macaulay, il faut avoir vu en lui l'orateur et le poète, à côté du critique, du polémiste et de l'historien, notre septième volume comprendra aussi un choix de ses poésies et de ses discours. »

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ALLEMAGNE. Le sixième volume des Kleinere Schriften de Jacob Griman, renfermant la troisième partie des comptes-rendus et articles mêlés (Recensionen und vermischte Aufsatze, dritter Theil, in-8°, 422 pp. 9 mark), a paru à la librairie Ferd. Dümmler [Harrwitz et Gossmann].

- La librairie Perthes, de Gotha, a publié la soixante et unième édition du Schulallas de Stieler, revue et complètement remaniée par M. Herm. Berghaus. In-4o, 33 cartes, 4 mark.)

SOCIÉTÉ NATIONALE DES ANTIQUAIRES DE FRANCE

Séance du 5 juillet 1882.

M. le vicomte Jacques de Rougé est élu membre résidant.

M. Guillaume lit une note de M. Caffiaux sur les armes impériales sculptées sur la clef de voûte d'une salle d'une ancienne porte de Valenciennes. Dans l'armorial du héraut de Gueldre, qui est de la première moitié du xive siècle, l'aigle impériale éployée n'a qu'une tête. Ici elle en a deux, et c'est probablement là un des premiers exemples de ce nouveau type, puisque la porte a été construite en 1358. Le zèle de Valenciennes à se tenir au courant des modifications de l'écu impérial s'explique par l'opiniâtreté avec laquelle elle défendait contre les prétentions des comtes de Hainaut son titre de Ville impériale, qui lui assurait une certaine autonomie. Elle reconnaissait ces comtes comme mandataires de l'empire, mais point comme ses seigneurs, et ne perdait pas une occasion d'affirmer sa situation privilégiée vis-à-vis d'eux. C'est une querelle qui dura 400 ans, jusqu'à la conquête française, et qui recommença un moment en 1793, lorsque Valenciennes eut succombé sous les efforts de la coalition.

ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES

Séance du 12 juillet 1882.

M. Charles Nisard continue la lecture de son mémoire intitulé: De l'état incertain et précaire de la propriété littéraire vers le milieu du xvIe siècle. Dans la première partie de ce mémoire, sous ce titre : Frutérius et Gifanius, M. Nisard entreprend de réhabiliter la mémoire du philologue hollandais Obertus Gifanius, à qui ses contemporains ont fait et qui a conservé jusqu'à nos jours la réputation imméritée d'un voleur de livres et d'un plagiaire. Ce Gifanius eut une querelle avec un autre Hollandais, Janus Douzą, au sujet de la succession littéraire d'un de leurs amis communs et compatriotes, Lucas Frutérius, mort à Paris, en 1565, à l'âge de vingtcinq ans. Frutérius laissait des écrits inédits, tels qu'une collection de remarques critiques sur Varron, Festus, Plaute, Catulle. Tibulle, Properce et Aulu-Gelle, intitulée Verisimilia, et un petit nombre de poésies latines. En mourant, il avait légué ces ouvrages à Gifanius et l'avait chargé de les publier; mais Douza parvint à dérober les manuscrits, refusa obstinément de les rendre, et Gifanius eut en vain recours aux tribunaux pour l'y contraindre. D'un caractère faible et pusillanime, il finit par céder et laissa les Verisimilia entre les mains de Douza, qui'les publia, chez Plantin, à Anvers, en 1584. Le voleur triomphant ne se fit pas faute d'insulter sa victime et de l'accabler de calomnies. Bientôt après, en 1566, Gifanius ayant publié une édition de Lucrèce, le dernier éditeur de ce poète, Denis Lambin, mécontent de voir repoussées quelques conjectures qu'il avait proposées, accusa Gifanius de l'avoir pillé et le traita de plagiaire. Le Hollandais, toujours faible et craintif, négligea de répondre. La calomnie fut dès lors acceptée universellement et s'est propagée jusqu'à nos jours. M. Nisard estime qu'il était temps d'en faire enfin justice.

M. Halévy communique de nouvelles remarques sur la langue sumérienne ou accadienne, à propos des inscriptions chaldéennes récemment découvertes par M. de Sarzec. Il répète les arguments par lesquels il a déjà entrepris d'établir que cette prétendue langue n'en est pas une, que les textes dits sumériens ne nous offrent que de l'assyrien écrit à l'aide d'un système artificiel hiératique, une sorte de chiffre ou de rébus sacré. Il s'attache particulièrement à répondre à l'objection qui a été tirée des différences dans l'ordre des mots, en assyrien et en sumérien. Il soutient que ces différences sont très minimes, qu'elles s'expliquent, dans les rares cas où elles se présentent, par des circonstances particulières, qu'en règle générale et à prendre les choses d'ensemble, l'ordre des mots est le même dans les textes assyriens et dans les textes dits sumériens.

M. Ledrain communique la traduction d'une brique inédite de la collection de M. de Sarzec. L'inscription de cette brique est, dit-il, en langue sumérienne. Elle fournit, dans cette histoire jusqu'ici si flottante des gouverneurs de Sirpurla, un point fixe. On y rencontre le nom de Lik-Papsoukal, nls de Goudea.

M. Ledrain communique ensuite un sceau phénicien inédit, qui porte le nom juif de Baalnathan. Ce nom, de forme hébraïque, est, d'après M. Ledrain, celui d'un juif du temps qui précède la captivité. Passé au culte de Baal, cet Israélite aurait échangé son nom de Jonathan, « celui que donne Iahvé », pour celui de Baalnathan,« celui que donne Baal ».

M. Derenbourg fait remarquer qu'on connaît déjà quelques noms juifs dans la composition desquels entre le nom de Baal, par exemple Jeroubaal, surnom de

Gédéon.

V

Ouvrages présentés : par M. Wallon: PIMODAN (le marquis DE), le Chateau d'Echenay; par M. Georges Perrot: Bulletin de correspondance hellénique, Vil (juillet 1882); par M. Delisle: 1o Chronique de Jean le Fèvre, seigneur de SaintRémy, publiée pour la Société de l'histoire de France par M. MORAND; 2o CASTAN (Auguste), Jules Quicherat, notice lue à la Société d'émulation du Doubs, le 13 mai 1882; par M. Jules Girard: COUAT (Auguste), la Poésie alexandrine sous les trois premiers Ptolémées (324-222 av. J.-C.).

Julien HAVET.

Le Propriétaire-Gérant: ERNEST LEROUX.

Le Puy, imprimerie Marchessou fils, boulevard Saint-Laurent, 23.

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