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124. E.

Sommaire : 123. DE ROCHAS D'AIGLUN, L'artillerie chez les anciens.
SCHULZE, La poésie grecque, esquisses. 125. Ler Grenouilles d'Aristophane, p.
P. DE VELSEN. 126. JAGIC, Textes de langue slavonne. 127. La Vie de Faust,
de Widmann, p. p. Ad. DE KELLER. 128. L, PERSON, Notes critiques et biblio-
graphiques sur Rotrou. 129. RIEGER, Klinger dans la période d'orage. 130.
Jeri et Bately, de Goethe, p. p. Arndt. 131. Correspondance diplomatique du
baron de Staël-Holstein, p. p. Léouzon Le Duc. - VARIÉTÉS : La Revue de l'Ex-
trême Orient, dirigée par H. CORDIER. Chronique. Société des antiquaires
de France. Académie des Inscriptions.

-

123. A. DE ROCHAS D'AIGLUN. L'Artillerie chez les anciens. Tours, imprimerie Paul Bousrez. Extrait du Bulletin monumental, nos 2 et 3. 1882, 28 pages in-8°, plusieurs figures.

Notice sommaire par un officier supérieur du génie, dont l'érudition et la compétence sont bien connues, sur ce qu'on sait des machines de jet antiques; claire et intéressante. En appendice, Description de la machine aérotone, par Philon de Byzance; traduction inédite d'A.-J.-H. Vincent. La machine aérotone a pour principe l'élasticité de l'air comprimé, par opposition aux machines qui ont pour principe l'élasticité d'une corde ou d'un ressort.

Relevons les lignes relatives aux origines de l'artillerie. « Les machines de jet étaient inconnues en Grèce à l'époque de la guerre du Péloponèse, car Thucydide, si précis en toutes choses, n'en parle pas; elles s'y introduisirent à propos du concours ouvert à Syracuse entre les ingénieurs de tous les pays par Denys l'Ancien, qui se préparait à attaquer Carthage, vers l'an 400 avant Jésus-Christ. Le premier emploi qu'en rapporte l'histoire eut lieu au siège de Motye par le même Denys (Diod., XIV, 51). »

Tite Live a beau parler (I, XLIII, 3) de deux centuries de fabri qu'aurait organisées Servius Tullius, longtemps avant Denys et avant la guerre du Péloponnèse, ut machinas in bello ferrent : ce n'est pas un témoignage si vague et si peu sûr qui prévaudra contre l'induction tirée du silence d'un Thucydide. Mais, en dehors des sujets de Servius, quelque peuple barbare a-t-il eu une artillerie avant les Grecs? « La plus ancienne mention de ces engins que l'on trouve dans l'histoire remonte environ à l'an 800 avant Jésus-Christ. Ozias arme les remparts de Jérusalem ⚫ de machines construites par un ingénieur pour lancer des traits et de

I. Non pas précisément pour confectionner des machines (de Rochas, p. 21).

Nouvelle série, XIV.

I

« grosses pierres. » Deux siècles plus tard, Ezéchiel menace la ville sainte des balistes de Nabuchodonosor. » Il serait plus exact de dire : L'artillerie ayant pris naissance vers 400, l'auteur des Paralipomènes est très postérieur à cette date; il attribue des machines à Ozias (II, xxvi, 15) sans se méfier de l'anachronisme. Il en faut penser autant de l'auteur d'Ezechiel si, dans son passage sur Nabuchodonosor (xx1, 22), les hébraïsants acceptent comme une traduction exacte du texte le Beλoordsels de la version grecque.

Louis HAVET.

124.

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Die hellenische Dichtkunst, Skizzen von E. SCHULZE. Gotha, F. A. Perthes. 1881, 132 pages.

Cinq chapitres absolument détachés sur Homère, sur Archiloque, Alcée et Solon, sur l'Ajax de Sophocle, sur les Acharniens et les Grenouilles d'Aristophane, enfin sur l'Anthologie grecque. C'est de l'histoire et de la littérature fragmentaires. M. Schulze ne nous dit pas pourquoi, en traçant ses << esquisses, il a fixé son choix plutôt sur tel poète que sur tel autre, sur Sophocle plutôt que sur Eschyle ou Euripide; pourquoi il nous parle beaucoup de Solon et oublie complètement Pindare; pourquoi, enfin, il passe tout d'un coup d'Aristophane à l'Anthologie sans nous laisser soupçonner l'existence de la poésie alexandrine. Evidemment M. S. a voulu dérober à la discussion le plan de son ouvrage, et nous n'avons qu'à constater le fait. Si M. Schulze ne se pique pas d'être complet, il se flatte encore moins d'être original. Il nous prévient dans sa préface qu'il a pris à O. Müller, à Fr. Jacobs, à E. Curtius, à Bernhardy et à d'autres le peu d'histoire littéraire qu'on trouvera chez lui et que les citations dont il se propose d'illustrer abondamment ses esquisses sont tirées des meilleures traductions allemandes connues, sauf cependant pour quelques épigrammes qu'il a traduites à ses périls et risques. « Le tout est destiné, dit-il, à une catégorie d'hommes cultivés qui ne peuvent puiser directement à la source. » Il eût mieux valu, pensons-nous, leur indiquer tout simplement un manuel de littérature grecque.

J. NICOLE.

125.

Aristophanis Ranæ. Recensuit Adolphus voN VELSEN. Leipzig, Teubner. 1881, un vol. in-8° de vi-141 pages.

Il y a à peu près un an, en rendant compte, ici même, de l'édition

1. Dans les Rois (IV, xiv-xv), on ne trouve rien sur l'organisation militaire attribuée par les Paralipomènes à ce Servius Tullius juif, Ozias ou Azarias.

2. Revue critique du 21 mars 1881. .

des Thesmophoriazusæ de M. Fr. H. M. Blaydes, et en comparant cette édition avec celle de M. A. von Velsen, nous exprimions l'espoir que ce dernier savant, détourné d'Aristophane par sa collaboration au Corpus Inscriptionum Atticarum et à la publication des fac-similés de manuscrits avec Wattenbach, revînt à des études dans lesquelles il avait rendu d'éminents services. Nous ignorions que cet espoir fût si près d'être réalisé; en effet, M. V. est revenu à Aristophane; il a repris la recension, un moment interrompue, des œuvres du grand comique. La nouvelle édition des Grenouilles fait suite à l'édition des Thesmophoriazusæ qui est de 1878, à celle des Chevaliers qui est de 1868. Il y a donc 14 ans que cette publication est commencée; espérons aujourd'hui que M. V. restera fidèle à Aristophane et qu'il nous donnera successivement tou tes les œuvres qui nous restent du poète 2.

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Une édition critique d'Aristophane était désirée depuis longtemps. Les dernières collations qu'on avait des mss. principaux, celles de Bekker et de Dindorf, étaient reconnues insuffisantes. Assurément, depuis, le texte du poète avait été amélioré, ces progrès sont sensibles dans les dernières éditions données par Meineke et Bergk; mais on manquait d'une base solide, la tradition du texte dans les mss. n'était pas connue d'une manière satisfaisante. M. V. prit pour tâche de la faire connaître : quand il vint en Italie, son but était parfaitement déterminé : il venait y recueillir l'apparat nécessaire pour former une édition critique telle qu'on l'exige aujourd'hui. Ajoutons que M. V. était prêt pour cette étude depuis longtemps il s'occupait d'Aristophane; dès 1860, nous trouvons une série de corrections au texte du comique publiées dans un programme du gymnase de Saarbrück, et, de 1863 à 1866, le Philologus et le Rheinisches Museum contiennent fréquemment des travaux du même genre dus aussi à M. Velsen 3.

:

C'est en 1866 qu'il obtint un congé, lui permettant de quitter son gymnase de Saarbrück et de venir en Italie. La question, qu'il avait à étudier était complexe. Aristophane ne nous est pas parvenu dans un manuscrit qui soit la source de tous les autres ou dont la supériorité soit telle qu'il rejette ses rivaux dans l'ombre et rende leur secours inutile, comme c'est le cas, par exemple, pour Isocrate, Démosthène, Athénée, peut-être pour Eschyle et Sophocle . Quatre des mss. d'Aristophane, qui

1. Nous avons malheureusement à déplorer ici un manque d'unité dans la publication: cette pièce a paru dans un programme du gymnase de Saarbrück, in-folio, les autres pièces sont dans le format des in-8° ordinaires de la maison Teubner. Rien de plus désagréable que ces irrégularités quand il s'agit d'une même collection. 2. Nous recevons le Plutus, qui forme le quatrième volume de la collection; nous en rendrons compte très prochainement.

3. Signalons aussi un article du même genre dans les Symbola philol. Bonn. in honorem Fr. Ritschelii collecta, 1864, fasc. I, p. 411 sqq. Après son retour d'Italie, M. A. v. V. a donné de nouveaux articles sur Aristophane dans les deux revues que nous avons citées.

4. In multis scriptoribus Græcis, unum solum testem habemus, cujus verba alii atque

sont en Italie, étaient considérés comme importants, le Ravennas, le Venetus et deux mss. de Florence let O. Or. M.V. avait lui-même démontré

(Philologus, XXIV, p. 124 sqq.) qu'il n'y avait aucun de ces manuscrits qui ne fût assez gravement altéré, que tous reproduisaient très imparfaitement la tradition commune, enfin qu'aucun d'eux ne pouvait suffire à lui tout seul pour constituer le texte. Cette insuffisance avait des degrés sans doute, mais elle était grande, même pour les meilleurs mss. M. V. avait donc d'abord à collationner très exactement ces quatre manuscrits; de plus, puisque le texte ici doit être constitué à l'aide de secours pris à des sources différentes, il avait à faire dans les bibliothèques italiennes, une enquête rigoureuse et à voir si, parmi les manuscrits jusque là négligés, il n'y en avait pas quelqu'un qui pût être utile et fournir quelque secours. Signalons d'abord deux résultats importants, fruits de ces recherches. L'édition princeps d'Aristophane, donnée par Alde Manuce à Venise en 1498, ne contient que neuf des onze comédies du poète; les deux qui manquent, Lysistrata et les Thesmophoriazusæ, furent publiées pour la première fois à Florence, en 1515, par B. Junti, d'après un manuscrit provenant de la bibliothèque d'Urbin1. Depuis Junti, ce manuscrit, qui paraissait appartenir à une bonne famille, avait disparu et la Juntine, qui le représentait, était considérée comme une des sources pour la constitution du texte de Lysistrata et des Thesmophoriazusa. On n'avait pas cependant renoncé à tout espoir de retrouver l'Urbinas de Junti et M. V. moins que tout autre 2. Tout en faisant ses collations, il fouillait les bibliothèques italiennes, en quête du manuscrit perdu. Il y a, dans ce fait de voir disparaître en pleine culture littéraire des documents, échappés à des siècles de barbarie et d'ignorance, quelque chose qui irrite; on ne se résigne pas facilement; et, malgré de trop nombreux mécomptes, on a toujours peine à croire que tout espoir est définitivement perdu. Le résultat ne fut pas pour M. V. tel qu'il l'avait peut-être rêvé s'il retrouva l'Urbinas de Junti, il n'eut pas le bonheur de nous rendre un nouveau texte d'Aristophane 3. Il se trouva, en effet, que le

alii sine fructu et cum novis semper erroribus repetunt. In quibusdam aliis duo idonei testes supersunt, quos qui audiverit habet omnia. Cobet. Varia Lectiones, préf., P. XXIV. 2e édit.

1. « Venit, mi Francisce, expectata dies illa in qua ex urbinate bibliotheca antiquissimum Aristophanis exemplar nacti sumus, ibique inter aliis Austotpátyy xai Oɛopopopia cúcas... non alias visas comedias nacti sumus ». Préface de B. Junti.

2. Als ich in den Jahren 1866 and 67 in Italien war, habe ich natürlich in Rom nach jenem codex urbinas... eifrig gesucht, aber vergebens. Ebenso vergeblich war meine Mühe auf den übrigen italienischen Bibliotheken. A. v. Velsen, Ueber den Codex Urbinas der Lysistrata und der Thesmophoriazusen. Halle, 1871, p. 3.

3. Diese Abhandlung macht uns um eine Handschrift ærmer, um eine Kenntniss reicher, dit justement Wecklein en rendant compte de la brochure de M. Velsen. (Philologischer Anzeiger, 1877, p. 227.) M. V. avait noté, dans le ms. de Ravenne, des chiffres arabes et autres signes placés à côté du texte de Lysistrata et des Thesmophoriazusæ. C'est seulement en Allemagne, en étudiant ses collations, qu'il s'aperçut de

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