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Ce système est d'autant plus fâcheux que M. B possède comme critique des qualités dont on ne peut pas ne pas tenir compte; beaucoup de ses observations sont très justes et très sensées. Il lui arrive assez souvent même de proposer des conjectures qui méritent d'être examinées; nous en citerons quelques-unes : v. 159, écrire xŕtσt au lieu de xýrag τὰ, tà, v. 281, la leçon du ms. est outog pév dott, ce qui fait un vers faux; il manque une syllabe. Brünck avait ajouté a' devant outo, correction qui avait été généralement adoptée; celle que M. B. propose, curosi páv dott, est plus simple et paraît plus acceptable. V. 283, x6' au lieu de za; la préposition ne s'explique guère ici.

Les notes explicatives, commentarius, forment la partie la plus développée du volume; elles comprennent les scolies dont M. B. corrige ou complète les explications. Ce commentaire est riche surtout en rapprochements; il peut rendre des services aux critiques et aux grammairiens; à côté de telle expression du comique, sont citées les expressions analogues qui se trouvent dans les différents auteurs; la liste des passages ainsi cités est très complète; elle indique chez M. B. une grande pratique de la littérature grecque. Pour ce qui touche à l'histoire, aux institutions, en un mot aux antiquités proprement dites, le commentaire des Oiseaux, comme celui des autres comédies éditées par M. Blaydes. est insuffisant.

Albert MARTIN.

208.

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Altlateinische Studien (Das Arvallied und die Salischen Fragmente. Zur Semasiologie der indogermanischen Stammbildung. Beitræge zur Erklærung des Templum von Piacenza.) Von Dr. Michael RING, Professor an der kan. Akademie in Pressburg. Pressburg und Leipzig. Verlag von Sigmund Steiner. 1882. 143 p. in-8°.

Une ou deux pages d'analyse renseignent mieux qu'une appréciation. Pour éclaircir le chant des Arvales et les fragments des chants des Saliens, M. Ring demande de la lumière au saturnien du bronze du lac Fucin, Doivom (h)âtôi (h)erpattia pro legionibus Martses. Dans Doivom hatoi herpattîa il y a deux datifs, et l'ensemble de la formule équivaut, sauf l'ampleur poétique, à l'ombrien Jovies hostatir. Hatbi est un datif comme trifo(i), analogue aux génétifs domos, enôs. Hátus signifie admission, de la racine indogermanique gha, désirer; les formes existantes indiquent un mot latin du type dhe se ve.

Un surcroît de lumière se tire de l'inscription du vase à trois goulots de Dvenos. Le premier goulot demande : Qui (au féminin, car la mesure est qui) pourrait me présenter à Jupiter et aux deux Sat(urnes)? c'est-à-dire: aux trois Lares saturniens Jov(o)s (Satur), Satrius et Saturnus, lesquels sont entre eux comme père, premier fils et second fils d'après le principe de l'onomatologie sacrale, mais comme trois frères dans la pratique ri

tuelle, parce que Mars Satur, dont Satrius et Saturnus sont des émanations, est, en qualité de « mouton », hors d'état d'avoir des descendants. - Le second goulot du vase répond au premier: Nulle vierge, si elle doit compter parmi les pures; mais le troisième fait une concession : A moins de se concilier Ops Toitesia. Une vierge ne peut entrer en contact avec les Lares châtrés, les moutons, car la communication avec des divinités infécondes pourrait la rendre inféconde, et l'infécondité de la femme témoigne contre sa pureté.

Nous voici arrivés p. 4. L'explication du chant des Arvales commence. Une altération de la prononciation latine a obscurci l'assonance d'alternei avec conctos, et le graveur de l'inscription ne se rendait plus compte que pleoris assone avec sins, et pleorés avec sérs. Les variantes, dans la triple répétition de chaque ligne, sont d'ailleurs fondées en raison. A mesure qu'on récite, le ton monte, de sorte que luaerve devient luerve, sêmunis devient sîmunis, et alternei devient alternie. Le débit s'accélère en même temps, de sorte que de sâli sta on passe à sájisja. Sâlî est sa-sdî pour sa-sdjé; dans la troisième ligne i est bref, c'est-à-dire que c'est un e relevé par le ton udâttara; en phonétique latine, i exclut j, donc ji est non contracte, et sajisja (i long par position, parce que s=77) est le résultat d'une séparation des syllabes provoquée par la gradation udâttara, sâzdj-isd-já, prononcez sâdj-izz-já, súj-is-jâ. Marmá est le génitif du féminin Marmôr; on attendrait Marmáros, mais le ton plus élevé a produit une syncope de la finale; il faut donc partir de Marmârs. Les voyelles longues avec un ton udâtta non brisé réduisent les duratives à la fin des syllabes, I'r a donc disparu dans Marmárs devant s sourde, comme dans fa(r)stigium et te(r)stis ; puis l's est tombée à son tour. L'enclitique serns est peut-être pour sersn(o)s, comme l'indiquerait Sarsina, Sassina. D'ailleurs s(v)êrz (pour svórz), forme, svarita de s(v)éros, dont il nous faut partir, a pu facilement sigmatiser I's du nominatif. Comme les Lases sont deux personnes et Marmor une, l'unité supérieure constituée par la réunion des Lases et de Marmor, la triumpos, contient trois personnes, comme son nom le dit clairement, car triûmpós équivaut à « unissant trois », et diffère, par l'accent et la signification, de Opí-Faußostpl-Faupos, « unis par trois, unis en trinité ». Dans le chant des Arvales triumpos est féminin, parce qu'il se rapporte à eno, grand' mère (la dea Dia); c'est donc un reste d'adjectifs italiques analogues aux adjectifs grecs en og, ov.....

Nous n'en sommes encore qu'à la p. 9, mais déjà le lecteur peut se faire une idée de l'ouvrage.

Louis HAVET.

200.

Englische Philologie. Anleitung zum wissenschaftlichen Studium der englischen Sprache von Johan STORM, ord. Professor der romanischen und englischen Philologie an der Universitæt Christiania. Vom Verfasser für das deutsche Publicum bearbeitet. I. Die lebende Sprache. Heilbronn. Verlag von Gebr. Henninger. 1881. In-8, xvi-468 p. 9 mark.

« Je me propose, dans ce livre, de donner un guide (et une méthode) pour l'étude scientifique de l'anglais; destiné avant tout aux philologues qui débutent, il pourra n'être pas inutile aussi à un cercle plus étendu de lecteurs. Le manque sensible d'un manuel bien fait et en rapport avec l'état actuel de la science fera, je l'espère, qu'une pareille entreprise ne sera pas inutile, même en Allemagne. » La critique qu'il a faite des tentatives de ses précurseurs justifie pleinement l'espoir exprimé ici par M. J. Storm; mais si son livre peut et doit être le bienvenu même de l'autre côté des Vosges, à combien plus forte raison devrait-il l'être en France, où l'on a à peine l'idée d'une œuvre pareille, laquelle seule cependant pourrait contribuer à fonder ce qui manque presque complètement chez nous, l'enseignement scientifique d'un idiome germanique! En remaniant son livre pour le public allemand, tandis qu'il n'a point songé à le faire pour les lecteurs français, M. J. S. nous a-t-il cru incapables ou incurablement insoucieux d'atteindre à une connaissance approfondie ou rationnelle de l'anglais? A-t-il pensé que son appropriation ne rencontrerait pas assez de sympathie pour être tentée chez nous ? C'est une question que je ne veux pas résoudre; mais, puisque la Philologie anglaise est écrite dans un idiome étranger, il me semble que c'est une raison de plus pour essayer d'en donner une idée aussi complète et exacte que possible aux lecteurs de la Revue.

Après une courte introduction, où il expose le but de son ouvrage et les moyens d'arriver à une connaissance scientifique de l'anglais parlé, M. J. S. traite d'abord de la prononciation; mais avant d'arriver à celle de la langue dont l'étude est l'objet spécial de son livre, il passe en revue, dans un chapitre substantiel et écrit avec une rare compétence, les travaux qui ont été faits dans ces derniers temps sur la phonétique géné rale; c'est un maître, un savant versé depuis de longues années dans l'étude des idiomes germaniques et romans qui juge ici ceux qui l'ont précédé; il y a profit aussi à lire la critique pénétrante qu'il a faite en particulier des ouvrages de Merkel, Brücke, Sievers, Bell, Ellis, Sweet. etc., ces fondateurs de la théorie scientifique du langage parlé. Ce n'est pas d'ailleurs un simple jugement que M. J. S. se borne à porter sur ses devanciers; chemin faisant, il expose ses propres vues sur la matière. propose des corrections, et cette marche qu'il a suivie dans les différentes parties de son étude en double l'intérêt et la valeur. Je suis, en phonétique, d'accord avec M. J. S. sur presque tous les points; il en est deux ou trois cependant où je ne puis partager sa manière de voir. En ce qui concerne les nasales françaises, par exemple, j'admets que l'a de an soit

l'a de pâte, l'o de on un o analogue à celui de l'al. Volk, l'u de un le son eu de peuple et que l'i de in se rapproche de l'ä; toutefois je ne pense pas que cet ä, pas plus que l'o de on, soit aussi ouvert que le suppose M. J. S.; mais c'est au sujet de la valeur même des nasales que je me sépare surtout du savant linguiste; il ne leur en accorde ou ne paraît leur en accorder, comme on le fait d'ordinaire d'ailleurs, qu'une seule; je ne puis me ranger à cette manière de voir; comment ne pas distinguer, en effet, entre l'an de dent (dan) et celui de dents (dân) entre l'on de son et celui de sons (sôn), entre l'i ou l'ä de vin et celui de vingt. P. 38, M. J. S. dit que les nasales françaises deviennent dentales devant deux dentales, cela me paraît assez vraisemblable; mais en note, il cite cette observation de M. L. Havet dans la Romania (VIII, 94), « après une voyelle nasale les muettes se changent purement et simplement en nasales, » ce qui est également vrai et n'est qu'en apparence en opposition avec sa propre manière de voir; seulement M. J. S. ne me paraît pas avoir compris l'explication de M. L. Havet, quand il suppose qu'il prononce vän-dö, tandis qu'il admet lui comme « très fréquente » la prononciation vänd-dö2; cette dernière prononciation est, en effet, ordinaire; quant à vän-dö 3, il est évident que ce n'est pas celle dont parle M. L. Havet, mais bien vän'n-deû; il n'aurait point dit sans cela que les dentales se changent en nasales; il y a là une simple assimilation, en vertu de la loi de moindre effort; mais il n'y a point en cela, comme paraît le croire M. J. S. dans une note de la p. 428, de « différences dialectales »; c'est tout simplement pour moi quelque chose d'analogue à la différence de prononciation entre quatre et quatte. Si M. J. S. me paraît avoir mal interprété une explication fort claire cependant de M. L. Havet, son oreille l'a trompé aussi, je crois, quand il affirme que le gn français est tout différent du gn italien ou du ñ espagnol, et MM. G. Paris et A. Darmesteter seront sans doute un peu surpris d'apprendre que, au lieu d'un n mouillé, il faut entendre un n dans Espagne, tandis qu'ils doivent évidemment faire entendre le premier de ces sons dans España. Si nous n'avons pas ou n'avons plus d'l mouillé, nous avons toujours l'n mouillé, seulement quelques patois nasalisent les voyelles qui précèdent, ainsi dans le normand du Cotentin on dit singne à la place de signe. Dans le parler parisien, on tend plutôt à remplacer gn par n simple; que de gens, par exemple, ne disent plus que Compiène et regardent comme fautive la prononciation Compiègne! P. 62, M. J. S., corrigeant une erreur de Ellis, dit que faire entendre

1. Toutefois, dans certains patois, comme ceux du Bessin et du Cotentin, l'a de an paraît être plutôt å que á. Quant à la prononciation än de an, elle n'est point propre à la Picardie, c'est en particulier celle du Bocage normand.

2. Dö représente deu; mais l'eu de deux étant long, on comprend qu'il vaut mieux écrire deû que do.

3. Je doute qu'aucun Français, fût-il Suisse, puisse prononcer van-do ou ven-dö, malgré ce qu'en dit, d'après M. J. S., M. Sievers.

4. Cette phrase est: que je me repente, M. J. S. dit qu'il faut la prononcer kë j' më

l'e finale de repente (r'pent') serait une prononciation méridionale; un méridional donne à l'e muet final le son ö— vit-ö (vite); — il n'en est pas de même sans doute en français, mais il nous est cependant impossible de prononcer une muette ou une chuintante finale sans faire entendre, non le son ö, il est vrai, mais une demi-muette; voilà ce que M. J. S. n'a pas vu et ce que souvent les étrangers ne comprennent pas. Je ne m'explique pas non plus que M. J. S., qui distingue avec tant de raison l'e obscur allemand de l'e muet français, ne le distingue pas aussi bien de notre é fermé et paraisse (p. 66) donner raison aux linguistes qui les identifient; l'é fermé ne diffère pas moins que l'e muet de l'e obscur germanique, lequel n'est point d'ailleurs étranger aux idiomes français; j'en ai constaté la présence en particulier dans le patois du Bessin, où je l'avais pris d'abord, il est vrai, pour un é fermé2.

Après la «< phonétique générale », M. J. S. aborde la «< prononciation anglaise »; dans le chapitre consacré à ce sujet délicat, il suit la même méthode que dans son examen de la phonétique, et, tout en passant en revue les ouvrages de B. Schmitz, Ed. Mätzner, J. Walker, B.-H. Smart, P.-A. Nuttall, P.-H. Phelp, etc., il en prend occasion pour proposer sa propre manière de voir, et réformer ou compléter au besoin les théories de ces divers grammairiens. Enfin, il arrive (p. 129) aux dictionnaires. Ici sa critique prend de plus grandes proportions; ce n'est plus une appréciation succincte, c'est soit une discussion prolongée des sens donnés à quelques vocables rares un peu usités par les auteurs qu'il cite, soit une liste de mots curieux qu'ils ont oubliés; que de renseignements précieux, par exemple, p. 152-164, sur le « slang » et le cant », dont l'étude fait suite à l'examen des dictionnaires et en est comme le com plément! M. J. S. y fait preuve non-seulement de la connaissance la plus approfondie de l'anglais, mais encore de la lecture la plus étendue. Après l'examen des dictionnaires vient celui des « livres de référence », des encyclopédies, etc., en un mot, de tous les moyens pratiques qui peuvent servir à apprendre l'anglais. Parler et lire sont les deux moyens les plus sûrs pour y arriver. De là les renseignements destinés à guider l'étudiant à cet égard. Dans une double étude nourrie de faits, remplie d'indications précieuses et de préceptes utiles, M. J. S. nous fait connaitre dans ses caractères généraux d'abord (pp. 206-259) la langue de la conversation, puis (pp. 259-299) l'idiome vulgaire. N'excluant aucun

r'pant', cela est exact, mais il serait tout aussi exact de prononcer k' jë m' repant', et il va de soi que dans le style élevé il faudrait dire kė jë me rëpant'.

1. J'ai été longtemps, quand j'ai appris l'allemand, avant de pouvoir prononcer un mot finisssant par une muette ou une chuintante, sans le terminer par un e mi

muet.

2. Je crois, au contraire, que l'e final scandinave se rapproche beaucoup de notre e fermé. J'aurais aussi plus d'une observation à faire au sujet de la valeur de l'r (p. 98), je me bornerai à une remarque : l'r des idiomes du sud de la Norvège et de la Suède me paraît dental, tandis que le nôtre est uvulaire.

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