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rencontre pas avant Térence; un point d'interrogation signale les formes douteuses, et une étoile les formes supposées apocryphes '; un trait vertical marque les fins de vers; des points remplacent les mots dont l'auteur a allégé ses citations 2. Les exemples sont classés d'après le sens et la construction. A cet égard, l'index Hauler sera extrêmement précieux pour les recherches de syntaxe.

L'index Lemaire restera plus commode pour les recherches de forme et de prosodie, parce que la classification y est morphologique, accipio d'abord, puis accipis, puis accipit, etc. M. Hauler a senti le besoin de donner quelque satisfaction au lecteur en ce qui touche les formes. En tête des principaux articles il cite et classe des particularités choisies d'orthographe ou de prononciation. Mais c'est là un maigre secours. Dans cette partie de son ouvrage, par lui considérée comme secondaire, il désigne les passages par de simples chiffres, sans en reproduire le texte. En outre, il n'a pas eu le moins du monde la prétention d'épuiser cet ordre de questions, de sorte qu'on est exposé à le trouver muet justement sur le point qu'on voudrait éclaircir. Puisque l'auteur demande avis à ses lecteurs, je n'hésite pas à dire qu'il devrait supprimer cette partie. Il y aura quelque jour un index morphologique et prosodique de Térence; il ne sera bon que si l'on n'y mêle pas la syntaxe.

M. Hauler, au mot accido, indique, avec un signe de doute, que peut-être la syllabe det est longue dans le groupe de mots accidet animo. N'est-il pas clair que ceci concerne l'histoire de la conjugaison en géné ral, non point le verbe accido en particulier, et que si accidet est long il en sera de même de incidet, afferet, perleget?

Quant aux particularités qui atteindraient le radical, comme l'abrègement de la seconde syllabe dans magistratus, fenestra, iuuentutem, je comprends qu'on en dresse un catalogue alphabétique: mais à quoi bon en noyer les articles dans un catalogue des significations et des régimes'? Supposons donc l'index allégé de la partie morphologique, nous ne pourrons reprocher à l'auteur qu'un excès de conscience. Dans un vers de l'Hecyra tout le monde admet que le pluriel neutre acerba, en accord avec plura, et pris substantivement, est le sujet d'esse. A quoi bon indiquer sous acerbus, par quatorze sigles, quels manuscrits portent et quels éditeurs admettent acerba plura, ou plura acerba, ou plura ego acerba, ou ego plura esse acerba? Il suffisait de faire savoir, par un signe conventionnel quelconque, qu'ici le texte varie, sans toutefois que cette variation affecte le sens ou la construction du mot qui est le sujet

1. Le même signe est apposé aux formes tirées des didascalies et des arguments, que l'auteur a dépouillés avec le même soin que le texte lui-même.

2. La valeur conventionnelle attribuée au point en haut n'est pas expliquée à côté de celle des autres signes.

3. Un détail superflu, à supprimer, est le signe de longue sur l'e d'accresco, et l'a d'actus. La quantité de ces voyelles intéresse l'orthoépie latine en général; elle ne fait rien à Térence en particulier.

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de l'article. Que de peine économisée pour l'auteur! et j'ajoute, pour le lecteur, qui ne se débrouille pas sans un effort cérébral dans cette algèbre inutile.

La disposition typographique a quelque importance dans un index surchargé de signes et d'abréviations. Celle du spécimen ne permet pas une lecture assez rapide. Je soumets à M. Hauler l'idée des deux modifications suivantes: 1° dans chaque citation de Térence, mettre en caractères gras le mot qui est le sujet de l'article (ce qui permet au lecteur de se faire lui-même, sans perte de temps, un classement morphologique); 2° dans tout ce qui n'est pas de Térence, sans exception aucune, remplacer les lettres romaines par des lettres italiques'.

Il ne me reste plus qu'à souhaiter à M. Hauler, et plus encore au public érudit, la prompte publication du nouvel index.

Louis HAVET.

178. — La jeunesse de Fléchier, par l'abbé A. FABRE, docteur ès-lettres, membre correspondant de l'Académie du Gard. Paris, Didier, 1882. 2 vol. in-8° de 111-396 et 412 p. Prix: 12 francs.

M. l'abbé Fabre a publié, il y a dix ans, un volume consacré aux relations épistolaires de Fléchier avec les dames Des Houlières. Les lecteurs de ce charmant recueil exprimèrent le vœu que M. l'abbé F. n'en restât pas là. Je fus un de ceux qui insistèrent le plus vivement pour que l'habile éditeur continuât d'aussi attachantes études. Voici comment il nous présente (Avant-propos, p. 1) l'ouvrage qu'il nous devait : « Nous voudrions compléter ce que nous avons commencé autrefois; faire connaître les travaux de Fléchier dans sa jeunesse, les amis qu'il recherchés, les réunions qu'il préféra, et au milieu desquelles, en quelque sorte, son talent se forma et prit peu à peu ces plis divers que l'élégant prélat garda jusqu'à la fin de sa noble carrière. Il y a là des détails bien curieux, ignorés pour la plupart, à l'aide desquels on peut dessiner nettement les traits de cette physionomie littéraire, l'une des plus fines, des plus déliées, des plus spirituelles de ce xviie siècle, si fécond pourtant en excellents écrivains et en esprits originaux. »

Comme biographie de Fléchier, le livre de M. l'abbé F. est plus exact,

1. Pour l'art de se servir des ressources typographiques, il y a beaucoup à apprendre de la Grammaire latine de MM. Guardia et Wierzeyski. On voit là comment de bons types de caractères gras permettent de mettre autant de mots qu'on veut en relief sans salir l'aspect de la page. Ceux que M. Hauler emploie pour la désignation des manuscrits attirent l'œil sur ce qu'il y a de moins important. Ils conviendraient fort bien à l'apparatus d'une édition, ils conviennent mal à un index où des italiques ordinaires les remplaceraient avantageusement.

2. De la correspondance de Fléchier avec Mme Des Houlières et sa fille. Didier, 1872, 1 vol. in-8°.

plus complet que tous les travaux antérieurs, mais c'est surtout comme tableau du monde littéraire où vécut le futur évêque de Nîmes, que ce livre est particulièrement digne d'attention. On y trouve les renseignements les plus intéressants sur tout l'entourage de Fléchier, notamment sur son oncle maternel Hercule Audiffret, supérieur-général de la Congrégation de la doctrine chrétienne, prédicateur de quelque célébrité, sur son singulier professeur d'éloquence, Jean de Soudier de Richesource, celui que l'abbé d'Artigny appela si plaisamment un distillateur de galimatias; sur le P. Senault, supérieur général de l'Oratoire, qui eut le futur évêque de Nîmes pour disciple avec Fromentières, le futur évêque d'Aix, et Mascaron, le futur évêque d'Agen; sur Conrart, un de ses meilleurs protecteurs; sur Chapelain, à qui Conrart l'avait recommandé, et dont il loua fort ingénieusement la Pucelle dans ses Mémoires sur les grands jours d'Auvergne; sur Daniel Huet et sur le duc de Montauzier, ses deux plus intimes amis; sur M. de Caumartin et sur la seconde femme de ce magistrat (Catherine-Magdelaine de Verthamon, sœur de Mme de Guitaut); sur Louis-Urbain de Caumartin, leur fils et son élève; sur ses amies qui, sans compter Mme et Mile Deshoulières, sur lesquelles il était inutile de revenir, furent Mlle de Scudéry, Mlle Marie Dupré, appelée par Huet Virgo erudita, surnommée par tout le monde la Cartésienne, celle qui figure sous le nom de Diophanise dans le Grand Dictionnaire des Précieuses 2, et Mlle de La Vigne, « l'une des plus belles, des plus savantes et des plus spirituelles filles de l'Europe, »> comme s'exprime Le Fort de la Morinière (Bibliothèque poétique, t. II, p. 414), la Nouvelle Melpomène, comme la surnommèrent ses contemporains 3. Ces deux dernières notices, qui remplissent, l'une les chapi

1. Ces travaux sont: la Notice de MÉNARD, au commencement du seul volume des Euvres de Fléchier que le savant historien de Nîmes ait publié (Paris, 1743, in-4o); le Discours sur la personne et les écrits de Fléchier, par DUCREUX, en tête des Euvres complètes (Nîmes, 1782, 10 vol. in-8°); l'Histoire de Fléchier, évêque de Nîmes, d'après des documents originaux, par M. l'abbé A. DELACROIX (Paris, 1865, in-8o), Voir, sur ce dernier ouvrage, la Revue critique du 28 juillet 1866, pp. 5761. Aux observations adressées là au biographe de Fléchier, il faut joindre les observations que lui adresse M. l'abbé F. (t. I, pp. 1, 24, 43, 47, 57, 84, 146, 163; t. II, pp. 27, 117, 118, 277, 293). Constatons, pour ne prendre qu'un exemple, que tous les devanciers de M. l'abbé F. lui ont laissé le plaisir de découvrir, dans l'Histoire de la ville de Pernes par J.-J. Giberti, dont le manuscrit original est conservé à la Bibliothèque de Carpentras, l'indication précise du jour où Fléchier fut fait prêtre (26 mai 1657).

2. Le dernier éditeur du recueil de Somaize, M. Ch. Livet, n'a pas reconnu l'amie de Fléchier, la correspondante de Bussy-Rabutin (Clef historique et anecdotique, t. ll, p. 225). M. l'abbé F. n'a pu retrouver la date de la naissance et de la mort de cette nièce de Desmarest de Saint-Sorlin, mais aux biographes qui ont avancé qu'elle mourut << dans la dernière moitié du xvIe siècle, » il apprend que Fléchier lui écrivait encore le 10 janvier 1707.

3. M. l'abbé F. rectifie (t. II, p. 26) l'erreur commise par Vigneul-Marville, par Ch. Labitte, par la Nouvelle Biographie générale, etc., au sujet du berceau de Mie de la Vigne elle naquit, en 1634, à Paris, et non à Vernon, en Normandie. Il rectifie

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tres vini et ix, l'autre les chapitres x, x et xi, sont les plus curieuses de tout l'ouvrage.

Pour montrer combien la critique de M. l'abbé F. est à la fois sûre et fine, je reproduirai un passage où il s'élève (t. II, p. 117) contre une assertion que l'on retrouve partout : « On a dit que Fléchier avait été admis à l'hôtel de Rambouillet, et qu'il y reçut une empreinte que son talent conserva toujours. Sorti de l'hôtel de Rambouillet, écrit M. Ch. Labitte, il en a gardé les délicatesses en les épurant. Et, si nous en croyons le même critique, il paraîtrait que Conrart, son protecteur et son ami, le présenta à l'illustre marquise, et à celle qui devait être plus tard la duchesse de Montauzier. Depuis, on ne cesse de répéter toujours la même chose. Peu à peu cette opinion a prévalu, et on a fini par croire que Fléchier avait été parmi les habitués des salons de la rue Saint-Thomas du Louvre '. Malgré toutes ces autorités, nous ne pouvons admettre que Fléchier ait assisté aux réunions de l'hôtel de Rambouillet. S'il vint jamais, ce ne fut que fort tard, vers les dernières années de la vie de la marquise, à l'époque où, accablée par la vieillesse et les infirmités, elle ne recevait plus chez elle que de rares visiteurs. Or, au moment où les brillantes assemblées d'autrefois avaient cessé, alors que l'éloignement ou la mort avaient dispersé les amis les plus fidèles de la belle Arthénice, nous ne voyons pas quelle influence sérieuse le célèbre hôtel aurait pu exercer encore sur le talent de l'ancien doctrinaire 2. » M. l'abbé F. ne discute ni moins finement, ni moins agréablement (t. II, pp. 126-127), ce que l'on a raconté des visites de son héros à Mme de Sévigné : « Sur la foi de Ménard, M. Delacroix, dans son estimable histoire de Fléchier, affirme que Mme de Sévigné reçut chez elle l'auteur des Mémoires sur les grands jours. Mme de Sévigné lui ouvrit aussi ses salons, nous dit-il. Il allait souvent la voir à Livry, où s'assemblaient les beaux esprits du temps. Voilà un fait que nous voudrions bien admettre; mais est-il certain? Rien de plus charmant, sans doute, que de se représenter Fléchier et Mme de Sévigné, deux personnes d'un esprit si distingué, si piquant et si fin, causant ensemble sous les ombrages de l'abbaye de Livry, à travers les allées de ce parc magnifique encore aujourd'hui, au milieu de quelques amis éclairés, venus de Paris pour rendre visite à l'abbé de Coulanges et à son adorable nièce.

plus loin (p. 101) une erreur des éditeurs des Lettres de Mme de Sévigné (collection des Grands écrivains de la France), qui ont attribué (t. III, p. 221) à Mile Dupré une épitre adressée, en 1673, à Mule de la Vigne, par Me Descartes, la nièce du grand philosophe. M. l'abbé F. ne veut pas que l'on écrive Lavigne, mais bien La Vigne. 1. Ch. Labitte, Revue des Deux-Mondes, 5 mars 1845; Ménard, p. 12; Ducreux, Euvres complètes de Fléchier, vol. IV, p. xxx; — Biographie Didot, article: Fléchier; -- M. Ch. Livet, Dictionnaire des Précieuses, par Somaize, préface, p. x; M. A. Delacroix, Histoire de Fléchier, pp. 30 et suiv.

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2. Rappelons que l'on a aussi redit souvent que Balzac fréquenta l'hôtel de Rambouillet, où pourtant il ne mit jamais les pieds, comme le prouve sa correspondance.

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Oui, notre imagination s'arrête volontiers devant un tableau bien fait pour la séduire, et il nous en coûte de rejeter une si délicieuse illusion. En effet, nous ne croyons pas que Fléchier ait eu des relations suivies avec Mme de Sévigné, car nous n'avons trouvé aucun témoignage sérieux à ce sujet. Ce qui confirme encore nos doutes, c'est que, parmi les lettres de Fléchier, il n'y en a pas une seule adressée à Mme de Sévigné. D'autre part, si Fléchier a été admis, à Paris, chez Mme de Sévigné, s'il est allé souvent la voir à Livry, est-il naturel que Mme de Sévigné ne fasse jamais mention de ces visites à sa fille, à Bussy-Rabutin, ou à tout autre de ses correspondants?... »

Les Grands jours d'Auvergne ont fourni à M. l'abbé F. le sujet de trois chapitres qu'on lit avec grand plaisir, même après avoir lu l'Introduction de Sainte-Beuve aux Mémoires de Fléchier, introduction qui est un des plus savoureux de tous les morceaux que l'on doit à l'admirable critique'. Dans les deux derniers chapitres de l'ouvrage, le nouveau biographe a jugé en Fléchier le poète français avec autant de sens et de goût qu'il avait précédemment jugé en lui le poète latin.

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La Jeunesse de Fléchier est accompagnée d'un grand nombre de Pièces justificatives et de documents inédits 3. En voici l'énumération Fléchier et sa famille; Deux lettres de l'homme d'affaires de la famille de Fléchier; Extraits d'un passage des discours académi ques et oratoires de Richesource; Lettres inédites de Fléchier; Lettre de Chapelain à Fléchier; Lettre du P. de la Rue à Huet; Lettre de Conrart au même; Lettre de Mme Dacier au même ; Lettres de Ménage au même; Lettres de Montauzier au même ; Remarques sur le Térence, l'Horace et le Virgile de la collection ad usum Delphini; Note sur M. de Brieux; fragment de l'Auberge ou les brigands sans le savoir, comédie-vaudeville, par MM. Scribe et DelestrePoirson; Note sur Mile Dupré; Lettres de Mme de la Fayette à

1. M. l'abbé F. rend ainsi hommage (t. I, p. 105) à l'éclatant mérite de l'étude de Sainte-Beuve sur Fléchier avant l'épiscopat : « Il était difficile de parler de l'évêque de Nîmes avec plus de tact, de finesse et de mesure, que ne l'a fait le remarquable auteur des Causeries du Lundi. »

2. L'auteur avait spécialement traité ce dernier sujet dans sa thèse pour le doctorat ès-lettres De latinis Flecherii carminibus (Paris, Didier, 1872).

3. Il y a quelques autres documents dans le corps même de l'ouvrage, notamment des lettres d'Audiffret et de Godeau, tirées des papiers de Conrart (t. I, pp. 78-83), des lettres de Montauzier, tirées des papiers de Huet (t. I, pp. 179-184). M. l'abbé F. a eu soin de déclarer qu'il n'entend pas garantir la virginité de toutes les pièces qu'il reproduit. Rien n'est plus sage qu'une telle précaution, car c'est surtout en fait de documents du XVIIe siècle que l'on peut répéter le mot de La Bruyère, si modestement cité par l'auteur (t. I, p. 110): « Le plus beau et le meilleur est enlevé. » Les plus expérimentés s'y trompent et M. l'abbé F. a, par exemple, pu constater (t. I. P. 242) qu'une lettre de Fléchier à Mlle de Scudéry, du 26 décembre 1685 ou 1686. a été citée à tort par feu Rathery comme inédite : elle avait été déjà publiée par Ducreux (t. X, p. 358).

4. Il n'était peut-être pas indispensable de consacrer 9 pages à cette citation. On trouverait encore quelques hors-d'œuvre dans le livre, comme là où l'auteur (t 1,

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