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vrage est écrit d'un autre ton, et que cette entrée en matière est faite pour décourager ceux des lecteurs dont il y aurait précisément intérêt à rectifier le jugement sur Bugeaud.

Le chapitre 1er contient des notes vraiment charmantes sur l'enfance de Bugeaud, des souvenirs bien précieux sur la vie de province à la fin du dernier siècle, après la Terreur. La correspondance de Bugeaud, pendant les premières années de sa vie militaire, est du plus vif intérêt. Son récit de la guerre de 1805 formerait le plus piquant et parfois le plus touchant commentaire au beau récit de Fezensac. On est frappé de l'hor reur que la guerre inspire à ce guerrier. Il y a encore une série de lettres bien attachantes sur la guerre d'Espagne. La fameuse affaire de Blaye remplit près de la moitié du volume. Ce récit est composé avec le << Journal de la citadelle de Blaye », journal de correspondance, tenu par le général lui-même, sa femme et son aide-de-camp, le capitaine Saint-Arnaud. C'est l'épisode irritant et douloureux de la vie de Bugeaud. On comprend qu'il ait souffert de cette mission et que, jusqu'à la fin de sa vie, les calomnies et les injures dont elle a été le prétexte l'aient blessé et révolté. « On commence par .obéir, on réclame après », disait-il dans une séance de la Chambre qui fut suivie d'un duel où il tua l'adversaire qui l'avait qualifié de « geôlier ». C'est ce qu'il écrivait au lendemain du jour où on lui avait donné cette « mission de confiance et de dévouement » (p. 216). Bugeaud dut obéir; mais le gouvernement pouvait ne pas commander. Pourquoi compromettre dans cette œuvre de geôle et de police un des esprits les plus élevés, un des cœurs les plus vaillants de l'armée française? On souffre de voir ce soldat s'abaisser à ces détails d'alcôve, de lingerie et d'hôpital. Raison d'Etat, je le veux bien; mais quelle vilaine besogne! Il est aisé de voir que Bugeaud y répugnait plus que personne, qu'il fit de son mieux pour concilier ses sentiments et ses habitudes de galant homme, avec l'indélicatesse officielle de ses instructions. On conçoit que son biographe ait tenu à dégager la responsabilité de son héros : il ne pouvait pas produire, sous ce rapport, un témoignage plus probant que celui de Bugeaud lui-même dans son Journal de Blaye. Le volume se termine par un autre épisode également douloureux à Bugeaud, l'affaire de la rue Transnonain. Il protesta toujours contre l'accusation d'avoir fait tirer sur les femmes et sur les enfants. Dans cette affaire comme dans celle de Blaye, dit M. d'Ideville, << la responsabilité incombe tout entière à M. Thiers» (p. 404). Le livre s'arrête au moment où Bugeaud va partir pour l'Afrique.

A. S.

122.

La Tripolitaine et la Tunisie, par M. Léon DE BISSON. Paris. E. Leroux. 1881, in-18, 147 P.

Sous ce titre, l'auteur nous donne une sorte de petit « Guide du voyageur en Tripolitaine et Tunisie. » On n'y trouve pas grand'chose à ap

prendre; rien de nouveau dans les renseignements géographiques qui y sont présentés. Quant à l'histoire, nous accordons volontiers à M. de Bisson que «< Caton mourut à Utique l'an 40 avant J.-C. » (p. 65); mais nous ne pouvons pas admettre avec lui que «< Tunis ait été occupée en 1534 par le corsaire FRÉDÉRIC BARBEROUSSE » (p. 111). Il était bon de nous offrir une Liste des principaux ouvrages publiés sur la Tripolitaine et la Tunisie (avant-propos); mais il n'eût pas fallu oublier les principaux, tels que ceux de Shaw, de Peyssonel, Mac-Carthy, Pélissier, De Slane, la Primaudaie et tant d'autres. En ce qui concerne les Renseignements généraux (pp. 127-142), l'auteur nous déclare luimême (p. 144) qu'il décline la responsabilité de toute erreur.

H. DE G.

VARIÉTÉS

Lettres inédites de savants français à leurs confrères ou amis d'Italie XVII-XIXe siècles.

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Si je ne vous écris point souvent, je ne conserve pas moins pour cela les sentimens que je dois avoir pour tous les témoignages de bienveillance que Votre Révérence a eu la bonté de me donner. Mais de peur de passer pour être dans des dispositions contraires, je me crois obligé, au moins dans ce renouvellement d'année, de vous en donner des nouvelles assurances. Je vous la souhaitte toute sainte, et comblée d'une plénitude de grâces. Je prens occasion en même temps de vous rendre conte de ce que j'ay pu découvrir jusqu'à présent pour aider à la correction des lettres des papes. Je trouve d'assez beaux mss. de la collection de Denis le Petit, de celle d'Isidore Mercator, du Codex canonum que le Père Quesnelle a donné dans son S. Léon, et quelques autres collections qui reviennent à celle d'Isidore, et qui paroissent avoir été les originaux d'où il a pris ce qu'il a ajouté de véritable à ses fausses pièces. Je trouve une collection entière des lettres de Nicolas I et une autre d'Hadrien II. Les lettres de Grégoire VII se trouvent à Clairvaux. Pour ce qui est de celles de S. Grégoire le Grand, le Père de S. Marthe en a déjà vu plusieurs mss., et il s'en pourra trouver encore d'autres. Mais il s'en faut bien que je n'en trouve sur toutes celles des autres papes. Vous ne trouverez pas mauvais que je vous fasse une liste de celles sur lesquels les mss. jusqu'à présent m'ont manqué, à fin que si vous en pouvez découvrir quelques-uns, vous cherchiez le moyen de nous en faire avoir les variations.

Sur le pape Sirice.

La lettre de Maxime à Sirice, et celle de Sirice à Anysius, etc. Lab., t. II, pp. 1030 et 1033 sont de ce nombre.

D'Innocent I.

Toutes celles qui se trouvent depuis la page 1291, 2. tom. Lab. jusqu'à la 1316. On pourra néanmoins en trouver quelques-unes de celles-là parmi les mss. de S. Jean Chrysostome et de S. Jérome. Sur quoy je n'ay encore fait aucune recherche.

De Zosime,

La 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11. 12, 13. Lab., t. II, depuis la p. 1558 jusqu'a la 1574.

Lettres des papes sur lesquelles il ne se trouve point ou peu de mss. :

De Célestin I.

Celles qui sont écrites à Cyrille, au concile d'Ephèse, à l'emp. Théodose, à Maximien, au clergé de PP. qui se trouvent Lab., t. II, depuis la page 1623 jusqu'à la 1631.

Deux autres Lab., t. III, pp. 349, 351.

Une autre Lab., t. IV, p.

1710.

De Sixte III.

Les quatre lettres qui se trouvent Lab., t. IV, pp. 1711 et seqq. dont la première est adressée à Périgène, la seconde à un concile futur de Thessalonique, la troisième à Proclus, la quatrième aux Evêques d'Illyrie.

Hilare.

Les lettres à Léonce, aux évêques de Gaule, et à quelques Evêques, imprimées Lab., t. IV, depuis la page 1639 jusqu'à la 1645.

De Simplicius.

Toutes, excepté la première à Zénon, qui commence Plurimorum. Une autre à Florentius, Relatio; une troisième d'Acace, Sollicitudinem, et une response au même Acace, Cogitationum, et une à Jean, évêque de Ravenne : Si quis.

De Félix III.

Il n'y a que l'épitre à Acace, Multarum, celle à Zenon de Séville, Filius meus, et une à tous les Evêques, Qualiter in Africanis, sur lesquelles j'aye jusqu'à présent trouvé des mss.

De Gélase.

Il manque de même de mss. sur la lettre à Laurent, les deux à Honorius, celle aux Evêques de la Marche d'Anc. (Picenis), sur le traitté Dicta adversus Pelag. hæret., sur la lettre Episcopis Bardan. et Illyr. qui commence Audientes, l'ouvrage adversus Andromachum, et les actes de absolutione Miseni. Je trouve trente-huit fragments de ce pape sans

ceux que l'on a donnez en differents endroits, qui marquent que ce Pape a écrit quantité de lettres que nous n'avons pas.

De Symmaque.

Exceptez sur la première à Liberius, le seconde à Laurent, et la troisième à S. Caesaire, Hortatur nos, les mss. nous manquent sur le reste. Hormisdas.

Je trouve assez de mss. sur une douzaine des lettres de ce pape, et point sur le reste.

Je ne me vois point plus de fonds sur les papes suivants. Ce qui me fait avoir recours à votre Révérence pour la prier, s'il y a moyen de nous enrichir de ce qui s'en conserve en Italie. Je serois aussi curieux de sçavoir s'il s'y trouve quelque collection de Denis le Petit sans le décret de Grégoire II. appellé du nom de junioris, et des papes qui l'ont précedé, sçavoir Hormisde, Symmaque, Félix, Simplicius et Hilare.

Sur les lettres, sur lesquelles l'on ne manque point de mss. en ce pays, même fort anciens, il ne laisse pas de rester quelques endroits corrompus, qui pourroient être rétablis par ceux de Rome et d'Italie. Je n'ay pas osé faire plutot à Votre Révérence semblables propositions, sçachant d'un côté votre bonne volonté pour concourir à l'exécution du dessein qu'on m'a proposé, et de l'autre la difficulté d'avancer dans ce travail. sans second. Je le vois par moy même, qui suis contraint de collationner seul les mss. que je puis découvrir. Et même je ne fais maintenant cette prière, qu'avec peine, quoyque je sçache que vous ayez un compagnon. Vous me permettrez de le saluer et de commencer la connoissance par lui souhaitter comme je l'ay déjà fait, envers V. R. et que je le réitère, toutes sortes de prospéritez et de grâces. Ma peine vient de l'appréhension de vous détourner trop pour rechercher et collationner tant et tant de pièces différentes. Mais la charité surmonte toutes les difficultez et je me croirois coupable de ne me pas servir des offres obligeants que vous m'avez faits de la vôtre, pour perfectionner un dessein, qui demande différents secours et du temps. S'il s'agit de rendre dans quelque rencontre témoignage de ma disposition, V. R. pourra assurer, sans crainte de s'engager trop, qu'on ne peut pas avoir plus de zèle et plus d'attachement pour tout ce qui regarde l'honneur de l'Eglise. Je vous prie de demander pour moy, dans un lieu où reposent les cendres de tant de saints Papes, la grâce de travailler utilement sur les monuments qu'ils nous ont laissez et de me croire avec tout le respect et l'estime possible, Mon Révérend Père,

Votre très humble et obéissant serv. et confr.

De Paris, le 11 déc. 1702.

Fr. PIERRE COUSTANT, M. B.

Au Reverend Père Dom Guillaume de la Pare, Procureur général de la Congrég, de S. Maur, à Rome.

(Bibliothèque du Vatican, fonds latin, no 9063, fol. 149 et 150.)

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CHRONIQUE

FRANCE. M. Léonce PERSON a fait paraître l'étude que nous avons annoncée récemment (Revue critique, no 14, p. 275) sur l'Histoire du véritable Saint-Genest de Rotrou. (Cerf, in-3°, 103 p.); il y prouve que Rotrou a « pris l'inspiration, les éléments et bon nombre de détails importants de sa tragédie » dans une pièce de Lope de Vega, Lo Fingido Verdadero. Nous reviendrons sur l'ouvrage de M. Person; nous nous bornons aujourd'hui à donner la table des matières de ce travail neuf et intéressant. I. La légende de Saint-Genest et la pièce de Lope de Vega, intitulée: Lo Fingido Verdadero (p. 5-9); II. Les premières imitations de Rotrou et ses premiers imitateurs (p. 10-18); III. La seule pièee vraiment originale de Rotrou est postérieure au Saint-Genest; c'est Cosroès (p. 19-24); IV. Analyse, fragments de traduction et de texte du Fingido Verdadero de Lope de Vega (p. 25-78); V. Le Saint-Genest de Desfontaines et le Véritable Saint-Genest de Rotrou (p. 78-90); VI. Le Véritable Saint-Genest à l'Odéon en 1845 et à la Porte Saint-Martin en 1874 (p. 91-95). Le volume, d'ailleurs très élégamment imprimé, se termine par un Appendice qui renferme l'analyse du mystère de Saint-Genis (p. 97-103). ALLEMAGNE. · La librairie Otto Schulze, de Leipzig, publiera prochainement un ouvrage de M. K. GELDNER, Zoroaster und die Religion des altiranischen Volkes et nne étude de M. E. TRUMPP sur Mahomet et l'Islam.

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- Une petite brochure, écrite avec vivacité et qui contient quelques vues judicieuses, vient de paraître à la librairie Henninger, de Heilbronn, sous le titre der Sprachunterricht muss umkehren! ein Beitrag zur Ueberbürdungsfrage, von QUOUSQUE TANDEM. (In-8°, 38 p. 60 pfennings). L'auteur déclare que la prononciation de l'anglais et du français dans les écoles allemandes est horrible (grauenvoll) et que les maîtres enseignent à leurs élèves comme des vérités importantes plus d'une erreur et d'une hérésie; l'enseignement des langues vivantes pèche d'ailleurs par la méthode; l'écolier sort du gymnase, où il a passé six ou neuf ans, sans avoir fait autre chose que casser des coquilles de noix; quant au fruit, il ne l'a pas goûté. L'auteur s'élève surtout contre les devoirs écrits; il trouve qu'on a jusqu'ici donné trop d'importance à l'enseignement aride des règles de grammaire. A recommander à nos professeurs d'allemand et d'anglais.

M. Reinhold PAULI, mort à Brême le 3 juin, à l'âge de 50 ans, s'était surtout occupé de l'histoire d'Angleterre. Aprè avoir publié une Vie d'Alfred le Grand, il continua la Geschichte von England commencée par Lappenberg et la mena du règne de Henri II à celui de Henri VIII; cet ouvrage est le meilleur de Pauli. Ses autres publications sont : Bilder aus Alt-England; Geschichte Englands seit den Friedensschlüssen von 1814 und 1815; une biographie de Simon de Montfort; une édition de la Confessio Amantis de Gower.

Nous apprenons en même temps la mort de M. Hermann HETTNER, un des plus brillants historiens de la littérature du XVIIIe siècle; son ouvrage le plus connu et qui a eu plusieurs éditions est la Literaturgeschichte des achtzehnten Jahrhunderts, divisée en trois parties : la littérature française, la littérature anglaise et la littérature allemande.

ANGLETERRE. M. BURNELL doit publier une Grammaire des langues draridiennes dans la collection des « simplified grammars », de la maison Trübner. BELGIQUE. M. Em. DESMAZIÈRES a fait paraître des Recherches sur la vie et les travaux des imprimeurs et des libraires de Tournai (Tournai, Casterman. In-8, 768 p.) L'auteur n'a pas suivi l'ordre chronologique; il a réuni les ouvrages publiés

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