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thèse soutenue par M. F. aux paroles que M. Renan adressait récemment aux libéraux de Rome; M. Renan disait que « l'état ne peut avoir qu'une seule règle, celle de s'abstenir, de se déclarer incompétent, de ne pas plus s'occuper des opinions religieuses de ses membres qu'il ne s'occupe de leurs opinions en fait d'art et de littérature, surtout de n'accorder de privilèges à personne. » M. F., comme on le voit, dénie aux associations libres le droit d'agir à côté de l'état dans les matières d'instruction publique, droit que voudrait leur assurer M. Renan. Mais, étant donnée la situation actuelle de l'Italie, c'est l'Etat, qui, selon M. F., doit avoir charge d'intelligences jusqu'à nouvel ordre. Nous n'insistons pas davantage sur cette étude qui n'entre guère dans le cadre de notre recueil; nous n'avons pas coutume de discuter ici les questions brûlantes du jour; mais le travail de M. Fornelli témoigne d'une grande connaissance de l'enseignement public en France et en Belgique et d'une consciencieuse étude de ce problème difficile; enfin il est écrit avec une rare sincé

rité.

SOCIÉTÉ NATIONALE DES ANTIQUAIRES DE FRANCE

Séance du 17 mai.

M. Schlumberger présente l'estampage du second sceau connu des abbés du Mont-Thabor, celui de l'abbé Jean, mentionné dans les documents en 1181 et 1183. Au droit est figuré Jean assis sur son siège abbatial, la croix dans une main, les Evangiles dans l'autre. Au revers est représentée la Transfiguration.

M. d'Arbois de Jubainville explique l'étymologie du mot Galates (Paλáτng) employé par les Grecs depuis l'invasion de 279 avant J.-C. pour désigner les Gaulois. Ce mot est la transcription de l'adjectif celtique Galatios qui vient du substantif Gala, courage (vieil irlandais Gal, adjectif Galde). Galates veut donc dire courageux. Ce nom est formé comme yasats qui désigne en grec une espèce de soldat gaulois, et qui vient, par l'intermédiaire de l'adjectif celtique Gaisatios (vieil irlandais Gaide, du nom d'une sorte de javelot, le Gaesum des écrivains latins. M. Prost fait part de la découverte d'antiquités romaines, notamment d'une statue de Victoire et de deux bas-reliefs, au Sablon, près de Metz, localité ou avait été précédemment trouvé un cippe dédié à la déesse Mogontia.

M. Giraud, correspondant, présente la photographie d'une plaquette en bronze du Musée de Lyon, sur laquelle se trouve la replique d'un sceau gravé en 1539 ou 1540 par Benvenuto Cellini pour son protecteur à la cour de France, le célèbre cardinal de Ferrare Hippolyte d'Este, archevêque de Lyon et de Milan.

M. Sacaze, correspondant, communique plusieurs inscriptions latines des Pyrénées, entre autres des dédicaces aux dieux Mithra, Abellion et Baigorisus ou Baigorixus. Ce dernier nom vient d'un radical basque qui signifie rouge et se retrouve dans le nom du pays de Bigorre.

ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES

Séance du 9 juin 1882.

L'Académie décide au scrutin qu'il y a lieu de pourvoir à la place de membre ordinaire laissée vacante par la mort de M Guessard. L'exposition des titres des candidats est fixée à vendredi prochain 16 juin.

L'Académie se forme en comité secret.

A la reprise de la séance publique, il est procédé au vote pour l'attribution_des prix Gobert. Le premier prix est décerné à M. Viollet, pour son édition des Etablissements de saint Louis (2 vol. in-8°, publiés par la Société de l'histoire de France), le second prix à M. Godefroy, pour son Dictionnaire de l'ancienne langue française (en cours de publication, in-4°).

Le prix Stanislas Julien n'est pas décerné. Deux récompenses de 750 fr. chacune sont accordées, à titre d'encouragement, à M. de Rosny et à M. Imbault-Huart. Le prix Bordin sur le sujet suivant, Etudier les documents géographiques et les relations de voyage publiés par les Arabes du шo au vin siècle de l'hégire, etc., n'est

pas décerné; une récompense de 1,500 fr. sera accordée à l'auteur du seul mémoire déposé, s'il se fait connaître.

L'auteur du mémoire auquel une récompense a été décernée dans le concours sur les Versions de la Bible en langue d'oil, totales ou partielles, antérieures à la mort de Charles V, est M. Jean Bonnard.

M. Renan présente, de la part de M. Albert Dumont, les premières feuilles d'un recueil de vues photographiques de la mosquée de Kaïrouân, exécutées par ordre du gouvernement. Ces vues, dit-il, justifient la réputation de cette célèbre mosquée; on y voit un spécimen de l'architecture musulmane primitive, qui a un caractère exceptionnel de grandeur. La mosquée de Kairouân a été bâtie probablement dans les premières années du 1x siècle de notre ère; on espère trouver dans les inscriptions de la mosquée l'indication de la date exacte.

M. Miller lit la fin du mémoire de M. P.-Ch. Robert sur Gondovald et les monnaies frappées en Gaule au nom de Maurice Tibère. Selon M. Robert, ces monnaies ont été frappées en dehors de toute action de la cour de Byzance sur la Gaule; si l'on y a mis le nom de l'empereur, c'est parce que c'était l'usage de mettre ce nom sur les monnaies, afin de les accréditer. On a de même des monnaies mérovingiennes au nom de Justin II et des autres prédécesseurs de Maurice Tibère.

M. Deloche commence à présenter une observation en réponse au mémoire de M. P.-Ch. Robert. Plusieurs membres font observer que, d'après le règlement. toute discussion sur ce mémoire doit être ajournée au moment où M. Robert en donnera une seconde lecture. M. Deloche renonce pour le moment à la parole.

M. Miller examine une inscription grecque dont le texte a été publié par M. Martha dans le Bulletin de correspondance hellénique, d'avril 1882. Cette inscription, qui a été trouvée à Cythnos, mais qui provient originairement de Paros, se compose de sept distiques Elle contient l'épitaphe d'un certain Acrisius, de Paros, qui était allé remplir les fonctions de juge à Mylasa. Après sa mort, les habitants de Mylasa lui avaient fait des funérailles solennelles. Son fils, qui portait le même nom et qui avait d'abord été son secrétaire, lui avait succédé dans les fonctions de juge; puis il s'était décidé à quitter Mylasa et avait ramené à Paros les restes de son père. Quelques passages du texte de l'inscription présentent des obscurités ou des difficultés dans le détail; M. Miller indique quelques corrections à faire au texte imprimé pour écarter ces difficultés.

M. Miller communique ensuite la traduction française de plusieurs fragments inédits d'Elien, qu'il a découvert dans un manuscrit. On y trouve, comme dans ce qu'on possédait déjà d'Elien, des anecdotes, des propos attribués à des personnages célèbres, etc. Une des plus étranges entre ces historiettes est celle d'une reine de Chypre, nommée Démanassa (complètement inconnue jusqu'ici), qui avait, dit Elien, établi trois lois : d'après la première, les femmes adultères devaient avoir les cheveux rasés et être livrées à la prostitution; d'après la seconde, les hommes coupables de suicide devaient être privés de sépulture; d'après la troisième, celui qui tuait un bœuf appartenant à autrui était puni de mort. Démanassa avait une fille qui fut convaincue d'adultère; elle avait deux fils, l'un se donna la mort et l'autre tua le bœuf de son voisin. Tous trois subirent l'application des lois portées par leur mère. Celle-ci survécut à tous ces événements et se composa une épitaphe où elle déplorait son infortune. Ailleurs l'auteur rapporte de simples bons mots, plus ou moins plaisants. Quelqu'un reprochait à Euripide de faire son marché lui-même, et ajoutait que Sophocle laissait ce soin à un esclave: « Eh bien, répondit Euripide, Sophocle mange ce qui plaît à son esclave, et moi je mange ce qui me plaît. » Diogène, voyant une femme emportée par le courant d'une rivière, dit que c'était une mauvaise chose emportée par une mauvaise chose d'une mauvaise façon : тò xxxòv gépec0aι úñò xzxov xax☎ç. Une autre anecdote, un peu longue, où figure Diogène, est curieuse en ce qu'elle fournit des renseignements précis sur le prix courant de diverses marchandisés, dans le commerce de détail, à Athènes.

M. Marie, chancelier et gérant du consulat de France à Malte, adresse à l'Académie, avec une lettre analytique et explicative, une publication intitulée: Report on the Phoenician and Roman antiquities in the group of the islands of Malta, by A. A. CARUANA (Malta, 1882, in-fol.; publié par ordre du gouverneur de Malte).

Ouvrages présentés de la part des auteurs: par M. Delisle : 1o PITRA (le cardinal). Analecta sacra, t. VIII (œuvres de sainte Hildegarde); 20 Bibliothèque nationale, Bulletin mensuel des récentes publications françaises, janvier-mars 1882; M. Girard FOURNIER (Eugène), De l'origine de la médecine en Grèce.

Julien HAVET.

Le Propriétaire-Gérant: ERNEST LEROUX.

Le Puy, typ. et lith. Marchessou fils, boulevard Saint-Laurent, 23

par

D'HISTOIRE ET DE LITTÉRATURE

N° 26

26 Juin

1882

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117. 118. GOETZINGER, Dic

121. D'IDE

Sommaire : 115. H. DROYSEN, Athènes et l'Occident avant l'expédition de Sicile. 116. SCHWEISTHAL, Essai sur la valeur phonétique de l'alphabet latin. Poèmes latins des xve et xvie siècles, p. p. Ant. ZINGERLE. tionnaire des antiquités allemandes, I. 119. GAEDERTZ, Gabriel Rollenhagen. 120. DE REDEN-ESBECK, Caroline Neuber et ses contemporains. VILLE, Le maréchal Bugeaud, I. 122. DE BISSON, La Tripolitaine et la Tunisie. - VARIÉTÉS: MüNTZ, Lettres inédites de savants français à leurs confrères ou amis d'Italie, XVIIe-XIXe siècles, IV. Dom P. Coustant. des antiquaires de France. Académie des Inscriptions.

Chronique. Société

115. — Athen und der Westen vor der Sicilischen Expedition, par Hans DROISEN. Berlin, W. Hertz. 1882, in-8°, 59 pages. Prix 1 m. 5o.

-

Quelles avaient pu être, avant l'expédition de Sicile, les relations d'Athènes avec l'Occident? C'est ce que M. Hans Droysen a entrepris de rechercher.

On croirait, à lire dans Thucydide le récit des préliminaires de l'expédition de 415, qu'avant cette époque, la Sicile était à peine connue des Athéniens. Thucydide parle bien d'escadres athéniennes envoyées en Sicile de 427 à 424, sous la conduite des généraux Lachès et Charoiadès, Pythodoros, Sophoclès et Eurymédon (III, 86. 115; IV, 2, 2); mais l'impression qui se dégage de son récit, d'ailleurs très sommaire, est que ces expéditions furent des faits insignifiants, qui ne sauraient être d'un grand secours pour l'étude des relations d'Athènes avec la Sicile.

Thucydide est-il notré unique source? Il est évident pour M. D. que déjà en 424, bien que Thucydide n'en dise rien, l'idée d'une conquête de la Sicile était populaire à Athènes. Les Chevaliers d'Aristophane, représentés aux fêtes Lénéennes de 424 (janvier), en fournissent la preuve. Déjà, à ce moment, le poète considère la conquête de l'ile lointaine comme un fait accompli, et pour lui Carthage est l'extrême limite occidentale de l'empire maritime des Athéniens 1. C'est qu'il se préparait alors contre la Sicile une expédition dont le résultat devait être (on le croyait à Athènes) la soumission de l'île entière; l'enthousiasme était général et presque égal à celui qui accueillit, neuf ans plus tard, les préparatifs du grand armement commandé par Alcibiade et Nicias.

Mais cette expédition, qui avorta, n'était que la suite d'une autre, qui

1. Chev., v. 174 [(cf. 1303). Il n'eût pas été inutile de discuter si Kapyyèóva est bien Carthage. L'examen de la correction Kaλyndóva, Xalyóva, que tant de philologues ont crue certaine, rentrait tout à fait dans le sujet de M. Droysen. - Réd.]

Nouvelle série, XIII.

26

avait eu lieu en 427. Celle-ci, quels événements l'avaient préparée? C'est Thucydide lui-même qui se charge de nous l'apprendre (III, 86, 3): une alliance existait, nous dit-il, entre Athènes et la petite ville de Léontini, atà Euppazia, et c'est en vertu de cette alliance que les Athéniens, en 427, envoyèrent en Sicile une escadre de vingt vaisseaux pour soutenir leurs amis, les Léontins, contre Syracuse. Donc, à cette époque, l'intervention d'Athènes en Sicile se justifiait déjà par d'anciennes relations avec une des cités de l'île. Ces relations, à quel moment avaient-elles commencé?

En 433, les députés de Corcyre viennent implorer l'assistance d'Athènes contre Corinthe, et, parmi les raisons qu'ils font valoir pour amener la République à secourir leur patrie, on remarque celle-ci : Corcyre sera pour les Athéniens une étape sur le chemin de l'Italie et de la Sicile (Thuc., I, 36, 2; cf. I, 44, 3). Un pareil argument était donc de nature à avoir quelque influence sur la décision de l'èxzsiz athénienne? Il faut le croire, et ce qui l'explique, c'est que, cette même année 433, peu de temps peut-être avant l'arrivée des députés corcyréens, Athènes venait de s'assurer, en Italie et en Sicile, l'amitié de deux villes, Rhégium et Léontini. Nous avons le texte des deux traités d'alliance conclus le même jour, dans la même assemblée, avec ces deux cités (C. I. A., I, 33 et 33 a). M. D. suppose que ces traités furent votés grâce à l'influence des adversaires de Périclès; la question serait intéressante à étudier; il s'agirait de savoir de quel œil Périclès voyait cette expansion de la puissance athénienne en Occident, s'il y était favorable, si ce n'était pas plu tôt le parti demagogique, dont la politique devait prévaloir quelques années plus tard avec Cléon, qui poussait les Athéniens vers ces riches contrées de la Sicile et de la Grande-Grèce, naturel objet des convoitises populaires. Mais peu importe à la thèse que soutient M. D.; ce qu'il est intéressant de constater, c'est que déjà, en 433, Athènes avait des vues sur l'Italie et la Sicile et qu'elle cherchait à s'y faire des alliés.

On peut remonter plus haut encore. Un fragment d'inscription récemment découvert (Mitth. d. d. archæol. Inst. in Athen, IV, p. 30) atteste l'existence, vers le milieu du ve siècle, d'une alliance entre Athè nes, d'une part, les Ségestains et une cité dont le nom n'a pu être restitué, de l'autre. M. D. ne s'en tient pas là. Pour lui, c'est Themistocle qui, le premier, tourna ses regards vers l'Occident. Ses liens personnels avec les Corcyréens, qui avaient fait de lui un de leurs proxènes, les noms d'Italia et de Sybaris donnés à ses filles, ses rapports avec Hiéron prouvent qu'à une époque fort reculée les Athéniens entretenaient avec la Sicile et l'Italie méridionale des relations suivies.

Carthage aussi et l'Etrurie doivent être comptées parmi les pays occidentaux avec lesquels Athènes était en rapport. En 414/3, pendant que la flotte athénienne hivernait à Catane, les généraux qui la commandaient envoyèrent à Carthage demander du secours; ils envoyèrent éga lement en Etrurie, et trois navires étrusques prirent part, avec les Athé

niens, aux combats livrés devant Syracuse (Thuc., VI, 88, 6; VI, 103, 2; VII, 57, 11). N'est-ce pas là une preuve que d'antiques liens unissaient Athènes aux Carthaginois et aux Etrusques? Enfin, on sait le parti que tirèrent les Romains des lois de Solon; Cicéron et les juristes latins ne doutent pas que ces lois célèbres n'aient inspiré les auteurs des Douze-Tables. Mais ce qui, plus que tout le reste, atteste l'ancienneté et l'étendue des relations d'Athènes avec les contrées de l'Occident, ce sont les nombreux spécimens de l'industrie attique découverts dans ces contrées. Les vases et les monnaies d'Athènes, et plus encore les procédés de la céramique athénienne, le système monétaire et le système métrique des Athéniens, retrouvés en Sicile, en Etrurie, etc., montrent que, dès le vie siècle, il existait entre Athènes et ces pays des rapports fréquents, un commerce régulier, et que depuis longtemps les Athéniens connaissaient le chemin de l'Occident, quand eut lieu, en 415, la plus importante et la plus célèbre de leurs interventions armées dans les contrées occidentales.

M. D. n'a pas la prétention de résoudre tous les problèmes qui se rattachent de près ou de loin à son sujet. D'où proviennent, par exemple, certaines grandes fortunes qui apparaissent à Athènes aux environs de l'an 500? Sur quelles ressources matérielles était fondée l'influence des inox et des démiurges, si puissants avant Dracon? Quelle était, au vre siècle, la condition de ces popot attiques dans les mains desquels était tout le commerce d'Athènes avec l'Occident? Etaient-ce des métèques ou des citoyens? Autant de questions que M. D. se réserve de traiter un jour. Tel qu'il est, le travail qu'il publie aujourd'hui est intéressant, plein de faits curieux et d'ingénieuses hypothèses. On y voudrait peutêtre quelques renvois de plus, quelques indications qui permissent de recourir aux textes anciens ou aux travaux modernes dont M. Droysen fait usage. Mais les recherches sont faites avec un soin scrupuleux, la critique est consciencieuse; on voit là tout le profit que peut tirer l'historien, pour éclairer des événements obscurs, de l'étude attentive des textes et de l'emploi judicieux des inscriptions et des monuments figurés, ces précieux commentaires des témoignages transmis par les auteurs. Paul GIRARD.

116. — Essai sur la valeur phonétique de l'alphabet latin, principalement d'après les grammairiens de l'époque impériale, par Martin SCHWEISTHAL, élève de l'École pratique des Hautes-Études. Paris, Leroux. Luxembourg, Victor Bück. 1882, XI-110 p. in-8°.

Cette publication sera bienvenue de certains lecteurs, à qui l'allemand n'est pas assez familier pour se servir commodément du grand ouvrage de Corssen, Ueber Aussprache, Vokalismus und Betonung der lateinischen Sprache. Ils y trouveront des renseignements clairs, et, en gros,

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