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pour notre édition, pouvaient être immédiatement mis à profit dans l'appendice du tome III ou dans les compléments des deux appendices précédents. Bien que cette besogne ait été facilitée par l'obligeance inépuisable des conservateurs du Dépôt, et qu'elle se trouve aussi simplifiée par les publications entreprises de côté ou d'autre, des mois se sont passés avant que nous pussions, sûrs d'un butin devenu magnifique, revenir au volume que nous préparions. Plus tard, pour la mise en œuvre, il s'est produit, c'était chose inévitable, des hésitations, des tâtonnements, c'est-à-dire d'autres pertes de temps fort regrettables. On sait que les dimensions de notre plan, quoique sagement et prudemment réduites, ne laissaient pas d'inquiéter encore et nos amis et nous. Il s'agissait donc de ne point élargir inconsidérément ce cadre, et de fournir néanmoins au lecteur des Mémoires tout ce qui, dans les nouveaux papiers de Saint-Simon, peut être nécessaire ou sérieusement utile. Les notes et les appendices du tome III feront voir si nous avons bien compris nos obligations nouvelles. Notre règle générale est de renvoyer aux textes publiés, ou même à ceux qui sont encore inédits, mais facilement abordables, plutôt que d'encombrer le bas des pages et la fin des volumes. Sauf de rares exceptions, nous suivrons le même système pour tout ce qui a été imprimé ou s'imprimera des papiers des Affaires étrangères, soit dans des revues, soit en ouvrages séparés, comme les Ecrits de SaintSimon, que publie M. Faugère et qui sont parvenus actuellement à leur troisième volume. »>

M. de B., après avoir ajouté (p. 1) que plus ces publications se multiplieront, plus son fardeau personnel s'allégera, et que ce qu'il dit surtout des manuscrits sortis de la plume même de Saint-Simon, s'étend à tous les textes quelconques qui intéressent l'histoire du xvir et xvIe siècles, rappelle le souhait exprimé par lui, en 1879, touchant la publication des mémoires inédits du marquis de Sourches, et mentionne la réalisation de ce souhait par la maison même qui édite les Mémoires et les Ecrits inédits de Saint-Simon. Il a pu, nous dit-il, profiter des révélations du marquis de Sourches au fur et à mesure que le tome Ier de l'édition de M. de Cosnac s'imprimait à côté du présent tome III. Il a pu encore utiliser « un manuscrit de haut intérêt, les Relations de la cour de France en 1690, par l'allemand Ezéchiel Spanheim, dont M. Charles Schefer, de l'Institut, fait en ce moment la publication pour la Société de l'Histoire de France et qu'il y aura lieu souvent de citer en regard des portraits de Saint-Simon. Bientôt aussi commencera l'impression de cette correspondance de la marquise de Balleroy qui a été déjà mise en relief par MM. Aubertin et Chéruel, et qui, imprimée intégralement, rendra les meilleurs services au commentateur de la seconde moitié des Mémoires. »

Le vaillant éditeur exprime (p. Iv) des espérances et des voeux auxquels nous nous associerons tous : « Comme les publications s'attirent en quelque sorte les unes les autres, il est probable, il est même déjà cer

tain, que l'histoire du temps dont Saint-Simon est et restera le peintre incomparable va s'enrichir de toutes parts. Nombre de documents ou d'études sur cette époque, ayant vu le jour dans les deux dernières années, ont déjà servi à notre annotation; puisse le futur tome IV bénéficier de la continuation de cet heureux mouvement! »

M. de B. a cru devoir revenir (pp. v-vi) sur un point important de son Avant-propos. Il répond ainsi à des critiques qui lui ont reproché d'avoir prétendu que sans Dangeau, on n'aurait peut-être pas eu les mémoires de Saint-Simon : « Ce que nous connaissons maintenant des papiers de notre auteur fait voir que certainement, et quoiqu'il dise en divers endroits, il n'avait ni commencé la rédaction régulière de ses Mémoires, ni même songé à cette entreprise, avant d'avoir eu communication et copie du Journal. Alors méme que le manuscrit de Dangeau se trouva entre ses mains, il ne voulut d'abord qu'annoter, commenter, rectifier ou contredire, par des Additions, certains passages du manuscrit dont la forme et le caractère lui semblaient, dit-il, si fort au-dessous du médiocre, bien que le fond fût pour lui un secours nécessaire, une mine facile à exploiter. Sur ces entrefaites, les continuateurs de l'Histoire généalologique du P. Anselme et de du Fourny ayant terminé leur œuvre (1733), Saint-Simon se trouva peu satisfait de ce qu'ils avaient dit des ducs et pairs, encore moins de leur volume des chevaliers du SaintEsprit, et, regrettant en outre qu'ils n'eussent pas fait droit à ses propositions ou réclamations en faveur des charges de la couronne qui n'avaient aucune place dans l'ouvrage, il entreprit de reprendre et compléter par lui-même, comme biographie et comme histoire, ces articles des ducs, des chevaliers du Saint-Esprit et des officiers de la couronne qu'on n'avait traités qu'à un point de vue purement généalogique, ou qui même faisaient lacune. Ce fut seulement après avoir poussé fort loin ce travail d'une part, et d'autre part les additions à Dangeau, que l'idée lui vint de donner une forme plus régulière, en même temps que plus personnelle, à ses souvenirs, aux portraits, aux anecdotes, aux considérations, aux digressions qu'il éparpillait jusque-là, sans suite et sans liaison, dans ses portefeuilles ou sur sa copie du manuscrit de Dangeau. Et, je le répète, avec plus d'assurance encore qu'en 1879, maintenant que j'ai mûrement étudié la masse énorme de papiers conservée aux Affaires étrangères, tout nous prouve qu'il a pris pour se guider dans la contexture de son œuvre définitive les éphémérides du véridique et exact marquis, et qu'il n'a pu faire autrement '. »

1. M. de B. se propose de a traiter bientôt cette question aussi complètement qu'elle le mérite, puisqu'il ne s'agit de rien moins que de la constitution fondamentale des Mémoires, et par conséquent de leur valeur historique. » Dès à présent il est établi, par de nombreuses notes du tome III, que « presque tout ce qui forme la frame du récit historique de Saint-Simon est emprunté à Dangeau, y compris même des expressions, des membres de phrases entiers, et jusqu'aux tours par le temps présent dont naturellement l'auteur du Journal se servait chaque soir en consignant

M. de B. termine son Avertissement en nous annonçant ainsi une bonne et heureuse nouvelle : « En ce qui concerne le commentaire philologique et grammatical, on verra que les notes ont considérablement augmenté en nombre et en importance; mais personne assurément ne s'en plaindra, et personne même n'en peut être surpris. Etant données les dimensions des Mémoires et par suite la durée probable de la publication, pouvions-nous renvoyer le lecteur au futur lexique pour nombre de renseignements ou d'explications que la langue, les locutions et les constructions de Saint-Simon, si souvent étranges et embrouillées, rendent nécessaires en regard du texte même? Ces notes, comme on peut s'en souvenir, sont du ressort particulier de M. Regnier, qui a bien voulu se charger de tout ce qui, dans le commentaire, a rapport à la langue. Sans rendre par là inutile le lexique à venir, sans rien ôter de son intérêt ni de son importance au travail d'ensemble qui doit se faire en son temps, M. Regnier donnera désormais à cette partie de l'édition toute l'extension qu'elle comporte '. »

Les 337 premières pages du tome III renferment le texte des Mémoires qui se rapporte à l'année 1696. Le reste du volume est occupé par l'Appendice (pp. 339-538), par les Additions et corrections (pp. 539548), par la Table des sommaires qui sont en marge du manuscrit autographe (pp. 551-554), par la Table alphabétique des noms propres et des mots ou locutions annotés dans les Mémoires (pp. 555-576), par la Table de l'Appendice (pp. 577-581).

L'Appendice est d'une richesse extrême. Dans la première partie ont été réunies les Additions de Saint-Simon au journal de Dangeau (pp. 339-375). Dans la seconde partie, qui est beaucoup plus considérable, nous trouvons divers fragments inédits de Saint-Simon sur la succession du dernier Longueville, sur le maréchal du Plessis, sa femme et ses enfants, sur la principauté de Monaco, sur la duchesse de Guise', sur M. et Mme de Saint-Géran, sur la marquise de Sévigné et les Grignan, sur la maison de Chaumont-Quitry, sur le comte du Montal, sur le duc et la duchesse d'Arpajon, sur le marquis et la marquise de Dan

ses souvenirs de la journée. » M. de B. est donc parfaitement autorisé à déclarer (p. vii) que « sans ce guide, sans cette trame, quels que fussent le talent de SaintSimon, sa verve, sa connaissance des faits, des choses, des personnes, sa vigueur de plume, son génie enfin, il lui eût été impossible de reconstituer, à un demi-siècle d'intervalle, le fond de son récit, et qu'il n'eût eu ni le courage ni même le moyen de reprendre la filière de ses souvenirs. »>

1. Disons tout de suite que les notes fort nombreuses de l'éminent philologue fournissent un précieux supplément au Dictionnaire de Littré. Non-seulement diverses lacunes de ce beau recueil sont comblées, mais encore diverses erreurs sont rectifiées. Espérons que M. Régnier pourra faire jouir de ses fines et savantes remarques les lecteurs du dernier volume de Saint-Simon.

2. Du fragment de Saint-Simon, M. de B. rapproche un fragment sur la duchesse douairière de Guise, Relation de la cour de France en 1690, par E. Spanheim (p. 388.

geau et son fils, sur le marquis et la marquise d'O, sur le maréchal de Bellefonds et sa famille, sur la marquise de Guercheville, sur la maison d'Albret-Miossens, le maréchal d'Albret et Mme d'Heudicourt, sur le comte de Brionne, sur le duc de Longueville, candidat en Pologne, sur les Rouannez, sur les marquis de Castries. A côté de ces extraits si remarquables des papiers conservés au Dépôt des Affaires étrangères, signalons diverses pièces relatives au Procès des ducs et pairs contre le duc de Montmorency-Luxembourg (pp. 399-409), une lettre inédite du procureur-général près le parlement de Metz (Corberon) au contrôleur général Pontchartrain, à l'occasion de l'affaire de l'Evêque de Metz et du duc de la Feuillade (pp. 410-411), des Documents et notes (pp. 414418) sur Varillas, « si connu, » comme parle Saint-Simon, « par les histoires qu'il a écrites ou traduites, » vingt-huit lettres inédites relatives aux Négociations de la Savoie, extraites du Dépôt de la Guerre, parmi lesquelles on distingue les lettres du comte de Tessé (pp. 119449), une notice sur les Intendants et la taille (pp. 509-516), bien digne de l'éditeur de la Correspondance des contrôleurs-généraux avec les intendants des provinces et du Mémoire de la généralité de Paris, et une notice sur le Grand trésorier Morstin (pp. 519-529), enfin des fragments de correspondances diplomatiques relatives à la Candidature du prince de Conti au trône de Pologne (pp. 530-532).

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Dans mon article sur les deux premiers volumes des Mémoires 3, je disais combien les notes de M. de B. méritent d'éloges. Les notes du tome III en méritent plus encore, s'il est possible qu'elles concernent Mile de Noirmoutier ou Mme de Seignelay, la duchesse de Luxembourg ou le marquis de Clérembault, le duc de Mazarin ou le duc de la Meilleraye, le duc de Lesdiguières ou le marquis de Saint-Herem, le marquis ou la marquise de Lassay (Marie-Anne Pajot), le comte ou la comtesse de Feuquière (Catherine Mignard), Mme Guyon ou Mme de Miramion, le marquis de Cavoye ou le duc de Berwick, l'abbé de Rancé ou dom Gervaise,

1. M. de B. a fait suivre ce fragment de fort curieuses notes sur Dangeau (pp. 461471), couronnées par une citation de la relation de Spanheim (pp. 471-472).

2. Ici (p. 429) nouvel emprunt fait à la Relation de l'ancien envoyé de l'électeur de Brandebourg en France.

3. M. de B. a reproduit une lettre de Varillas à Colbert, écrite de la Bibliothèque du Roi, le 19 octobre 1663, une lettre (sans date) adressée par le même à Pontchartrain au sujet d'une pension sur le Trésor royal, enfin un fragment d'une lettre (également sans date) de Varillas à M. de Maintenon, à propos d'un ouvrage que Colbert avait empêché de paraître. J'avais préparé, il y a longtemps, un petit dossier sur Varillas. M. de B. a retrouvé et publié tout ce que j'avais trouvé moi-même, et j'ai ainsi une fois de plus, mais cette fois à mes dépens, eu la preuve du soin infini avec lequel travaille l'annotateur de Saint-Simon.

4. Saint-Simon dit que Tessé était « d'un esprit raconteur et quelquefois point mal.» M. de B, loue (p. 128) dans les lettres de Tessé « un tour piquant qui justifie cette appréciation favorable, » et ajoute qu'il doit certainement être compté parmi les bons écrivains épistolaires de son temps.

5. N° du 29 mars 1880, pp. 255-261.

Bussy-Rabutin ou le P. Séraphin, le maréchal de Villeroy ou Jean de la Bruyère, le P. Nithard ou l'archevêque d'Embrun (Georges d'Aubus son), le prince Eugène ou le marquis de Torcy, Claude le Peletier ou le marquis de Chandenier, les Noailles ou les du Lude, le duc d'Arpajon ou le maréchal de Bellefonds, le baron de Watteville ou le comte d'Estrades, le cardinal de Polignac ou le cardinal de Bonsy, etc., on les trouvera tellement bien faites, que l'on n'hésitera pas à dire, avec le très regretté baron James de Rothschild « l'admirable commentaire de M. de Boislisle ". »

T. DE L.

1. Les continuateurs de Loret (Paris, 1881), Avant-propos, p. vi.

2. Voici quelques observations qui, par leur minutie même, sont un témoignage de plus en faveur du commentateur. Dans la note i de la page 12 (sur César de Choiseul, comte de Praslin), nous lisons « On a de lui des mémoires. » Il aurait été plus exact de dire que l'on a sous son nom des mémoires qui paraissent avoir été rédigés par Segrais. D'après la note 6 de la page 22, Louis-Emmanuel de Valois mourut le 13 novembre 1663. C'est évidemment une faute d'impression pour 1653. comme (p. 18, note 6) on a, en place du tome IV de la Correspondance administrative de Depping, cité le tome V1 qui n'existe pas. - C'est encore par une faute typographique que la lettre M, représentant le mot Monsieur, a été mise devant le nom de Weiss dans une note fort complète où sont mentionnés (p. 29) les articles sur le marquis de Lassay « de Sainte-Beuve, de P. Paris, d'Alexandre Destouches », etc. L'initiale M. pourrait faire croire qu'il s'agit là du brillant journaliste M. J.-J. Weiss, tout à l'heure encore directeur aux Affaires étrangères, tandis qu'il est question du bibliographe et bibliothécaire de Besançon, mort depuis quelques années, et dont le nom, par conséquent, ne devait pas plus être précédé de la cérémonieuse lettre M que les noms de Sainte-Beuve et de P. Paris. Sur Louis de Madaillan, marquis de Montataire, dont Saint-Simon dit qu'il est étrangement connu par la vie de M. d'Epernon, M. de B. (note 7 de la page 30) aurait pu citer un document imprimé fort curieux qui est conservé, à la Bibliothèque nationale, dans le volume 59o de la collection Dupuy (fo 125): Factum pour Léon de Laval, baron de Madaillan, et Jeanne de Laval, sa fille, deffendeurs, contre Bernard de Nogaret, duc d'Espernon, demandeur, sous le nom de Boisredon, son valet (in-4o de 4 pages). Dans ce factum, le baron de Madaillan donne d'abondants détails sur sa propre biographie et sur celle de ses aïeux, attaquant son puissant adversaire avec autant de hardiesse qu'il en met à se justifier lui-même des crimes malheureusement trop incontestables dont il était accusé et qu'il paya de sa tête, comme le rappelle une note manuscrite ajoutée au factura et ainsi conçue : Il fut condamné à mort et exécuté. Je tenais d'autant plus à signaler ici cette pièce rarissime que mon indication complétera ce que jadis j'ai dit d'« un si abominable monstre », comme l'appelait le duc d'Epernon (no du 3 août 1872, pp. 79-80. Compte-rendu des Lettres du cardinal Mazarin publiées par M. A. Chéruel). A propos de Guillaume de Nesmond « d'une famille d'Angoulême anoblie par l'échevinage, » (p. 72, note 3), il y aurait eu à citer une piquante notice de feu Babinet de Rencogne, archiviste du département de la Charente, sur les Origines de la maison de Nesmond (Bulletin de la Société archéologique et historique de la Charente, 1868). Au sujet de la date de la mort de Scarron, M. de B. (p. 167, note 3) énumère les indications diverses données par Th. Lavallée et P. Paris (6 octobre), G. Brice (4 octobre), Titon du Tillet et Jal (14 octobre). C'est à cette dernière indication qu'il accorde la préférence, disant : « Loret parle de cette mort dans sa gazette du 16, ce qui rend la date du 14 plus probable ». L'éditeur n'a pas connu un article inséré par M. Charles Read dans la Correspondance littéraire

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