Chateaubriand

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Lecène, Oudin et Cie, 1897
 

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Popular passages

Page 126 - Le jour, je m'égarais sur de grandes bruyères terminées par des forêts. Qu'il fallait peu de chose à ma rêverie : une feuille séchée que le vent chassait devant moi, une cabane dont la fumée s'élevait dans la cime dépouillée des arbres, la mousse qui tremblait au souffle du nord sur le tronc d'un chêne, une roche écartée, un étang désert où le jonc flétri murmurait!
Page 211 - Deux créatures qui ne se conviennent pas pourraient aller chacune de son côté ? eh bien ! faute de quelques pistoles, il faut qu'elles restent là en face l'une de l'autre à se bouder, à se maugréer, à s'aigrir l'humeur, à s'avaler la langue d'ennui, à se manger l'âme et le blanc des yeux, à se faire, en enrageant, le sacrifice mutuel de leurs goûts, de leurs penchants...
Page 51 - Lorsque , dans le silence de l'abjection , l'on n'entend plus retentir que la chaîne de l'esclave et la voix du délateur; lorsque tout tremble devant le tyran , et qu'il est aussi dangereux d'encourir sa faveur que de mériter sa disgrâce, l'historien paraît "chargé de la vengeance des peuples. C'est en vain que Néron prospère, Tacite est déjà né dans l'empire...
Page 201 - ... était si peu éclairée par une seule bougie qu'on ne le voyait plus; on l'entendait seulement encore marcher dans les ténèbres ; puis il revenait lentement vers la lumière et émergeait peu à peu de l'obscurité comme un spectre, avec sa robe blanche, son bonnet blanc, sa figure longue et pâle. Lucile et moi, nous échangions quelques mots à voix basse quand il était à l'autre bout de la salle; nous nous taisions quand il se rapprochait de nous. Il nous disait, en passant :
Page 163 - ... sont fermées, dans la crainte du passage d'un cadi. Personne dans les rues , personne aux portes de la ville ; quelquefois seulement un paysan se glisse dans l'ombre , cachant sous ses habits les fruits de son labeur dans la crainte d'être dépouillé par le soldat; dans un coin à l'écart le boucher arabe égorge quelque bête suspendue par les pieds à un mur en ruine : à l'air hagard et féroce de cet homme...
Page 127 - Levez-vous vite, orages désirés, qui devez emporter René dans les espaces d'une autre vie! » Ainsi disant, je marchais à grands pas, le visage enflammé, le vent sifflant dans ma chevelure, ne sentant ni pluie ni frimas, enchanté, tourmenté, et comme possédé par le démon de mon cœur.
Page 160 - Hymette : les corneilles qui nichent autour de la citadelle, mais qui ne franchissent jamais son sommet, planaient au-dessous de nous ; leurs ailes noires et lustrées étaient glacées de rosé par les premiers reflets du jour; des colonnes de fumée bleue et légère montaient dans l'ombre le long des flancs de l'Hymette...
Page 191 - D'abord les lettres sont longues, vives, multipliées; le jour n'y suffit pas : on écrit au coucher du soleil; on trace quelques mots au clair de la lune, chargeant sa lumière chaste, silencieuse, discrète, de couvrir de sa pudeur mille désirs. On s'est quitté à l'aube; à l'aube on épie la première clarté pour écrire ce que l'on croit avoir oublié de dire.
Page 87 - Des bouleaux agités par les brises, et dispersés ça et là dans la savane, formaient des îles d'ombres flottantes, sur une mer immobile de lumière. Auprès, tout était silence et repos, hors la chute de quelques feuilles, le passage brusque d'un vent subit, les gémissements rares et interrompus de la hulotte ; mais, au loin, par intervalles on entendait les roulements solennels de la cataracte de Niagara, qui, dans le calme de la nuit, se prolongeaient de désert en désert et expiraient à...
Page 111 - Lorsque les premiers silences de la nuit et les derniers murmures du jour luttent sur les coteaux , au bord des fleuves , dans les bois et dans les vallées ; lorsque les forêts se taisent par degrés, que pas...

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