Page images
PDF
EPUB

<«<leste pleine de foudroiements et de flammes, «< cette mystérieuse humanité tonne et flamboie, <«<en files grandioses, en successions rapides, à « travers l'abîme inconnu. Ainsi, comme une ar« mée d'esprits enflammés, créés par Dieu, nous « sortons du vide, nous nous hâtons orageusement « à travers la terre, puis nous nous replongeons « dans le vide. Mais d'où venons-nous? ô Dieu, <«< où allons-nous? Les sens ne répondent pas, la « foi ne répond pas; seulement nous savons que «< c'est d'un mystère à un autre mystère, et de

« Dieu à Dieu1. »

II

Cette véhémente poésie religieuse, toute remplie des souvenirs de Milton et de Shakspeare, n'est qu'une transcription anglaise des idées allemandes. Il y a une règle fixe pour transposer, c'est-à-dire pour convertir les unes dans les autres les idées d'un positiviste, d'un panthéiste, d'un spiritualiste, d'un mystique, d'un poëte, d'une tête à images et d'une tête à formules. On peut marquer tous les

1. Generation after generation takes to itself the form of a Body; and forth-issuing from Cimmerian night, on Heaven's mission APPEARS. What force and Fire is in each he expends: one grinding in the mill of Industry; one hunter-like climbing the giddy Alpine heigths of Science; one madly dashed in pieces on the rocks of Strife, in war with his fellow : and then the Heaven-sent is recalled; his earthly vesture falls away, and soon even to Sense becomes a vanished Shadow. Thus, like some

pas qui conduisent la simple conception philosophique à l'état extrême et violent. Prenez le monde. tel que le montrent les sciences: c'est un groupe régulier, ou, si vous voulez, une série qui a sa loi; selon elles, ce n'est rien davantage. Comme de la loi on déduit la série, vous pouvez dire qu'elle l'engendre et considérer cette loi comme une force. Si vous êtes artiste, vous saisirez d'ensemble la force, la série des effets et la belle façon régulière dont la force produit la série; à mon gré, cette représentation sympathique est, de toutes, la plus exacte et la plus complète; la connaissance est bornée tant qu'elle ne s'avance pas jusque-là, et la connaissance est achevée quand elle est arrivée là. Mais au delà commencent les fantômes que l'esprit crée, et par lesquels il se dupe lui-même. Si vous avez un peu d'imagination, vous ferez de cette force un être distinct, situé hors des prises de l'expérience, spirituel, principe et substance des choses sensibles. Voilà un être métaphysique. Ajoutez un degré à votre imagination et à votre enthousiasme, vous direz que cet esprit, situé hors du temps et de l'es

wild-flaming, wild-thundering train of Heaven's artillery, does this mysterious MANKIND thunder and flame, in long drawn, quick-succeeding grandeur, through the unknown Deep. Thus, like a God-created, fire breathing Spirit-host, we emerge from the Inane; haste stormfully across the astonished Earth, then plunge again into the Inane.

But whence? -O Heaven, whither? Sense knows not; Faith knows not; only that it is through mystery to mystery, from God and to God.

pace, se manifeste par le temps et par l'espace. qu'il subsiste en toute chose, qu'il anime toute chose, que nous avons en lui le mouvement, l'être et la vie. Poussez jusqu'au bout dans la vision et l'extase, vous déclarerez que ce principe est seul réel, que le reste n'est qu'apparence; dès lors vous voilà privé de tous les moyens de le définir; vous n'en pouvez rien affirmer, sinon qu'il est la source des choses et qu'on ne peut rien affirmer de lui; vous le considérez comme un abîme grandiose et insondable; vous cherchez, pour arriver à lui, une voie autre que les idées claires; vous préconisez le sentiment, l'exaltation. Si vous avez le tempérament triste, vous le cherchez, comme les sectaires, douloureusement, parmi les prosternements et les angoisses. Par cette échelle de transformations, l'idée générale devient un être poétique, puis un être philosophique, puis un être mystique, et la métaphysique allemande, concentrée et échauffée, se trouve changée en puritanisme anglais.

III

Ce qui distingue ce mysticisme des autres, c'est qu'il est pratique. Le puritain s'inquiète non-seulement de ce qu'il doit croire, mais encore de ce qu'il doit faire; il veut une réponse à ses doutes, mais surtout une règle à sa conduite; il est tourmenté par le sentiment de son ignorance, mais aussi par

[ocr errors]

"

l'horreur de ses vices; il cherche Dieu, mais en même temps le devoir. A ses yeux, les deux n'en font qu'un; le sens moral est le promoteur et le guide de la philosophie. « Est-ce qu'il n'y a pas de Dieu, ou tout « au plus un Dieu en voyage, oisif, qui reste assis depuis le premier sabbath à << la porte de son univers et le regarde aller? Est-ce « que le mot devoir n'a pas de sens? Faut-il dire que ce que nous appelons devoir n'est point un " messager divin et un guide, mais un fantôme ter<< restre et trompeur fabriqué avec le désir et la «< crainte, avec les émanations de la potence et le « lit céleste du docteur Graham? - Le bonheur d'une conscience satisfaite? Est-ce que Paul de Tarse, que l'admiration des hommes a déclaré saint, ne sentait pas qu'il était le premier des pé<«< cheurs? Est-ce que Néron de Rome, l'esprit joyeux, ne passait pas le meilleur de son temps à jouer de la lyre? Malheureux pileur de mots et découpeur de motifs, qui, dans ton moulin logi«< que, possèdes un mécanisme pour le divin lui« même et voudrais m'extraire la vertu des écorces <«< du plaisir; je te dis non'!» Il y a en nous un instinct qui dit non. Nous découvrons en nous

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

1. Is there no God, then; but at best an absentee God, sitting idle, ever since the first Sabbath, at the outside of his Universe, and seeing it go? Has the word Duty no meaning? Is what we call Duty no divine messenger and guide, but a false earthly fantasm, made up of desire and fear, of emanations from the gallows and from Doctor Graham's celestial bed? Happiness of an approving conscience! Did not Paul of Tarsus, whom admir

quelque chose de plus haut que l'amour du bonheur, » l'amour du sacrifice. Voilà la partie divine de notre âme. Nous apercevons en elle et par elle le Dieu qui, autrement, nous resterait toujours caché. Nous perçons par elle dans un monde inconnu et sublime. Il y a un état extraordinaire de l'âme par lequel elle sort de l'égoïsme, renonce au plaisir, ne se soucie plus d'elle-même, adore la douleur, comprend la sainteté1. Cet obscur au delà que les sens n'atteignent point, que la raison ne peut définir, que l'imagination figure comme un roi et comme une personne, c'est la sainteté, c'est le sublime. Le héros

y

habite « Il y vit' dans cette sphère intérieure des choses, dans le vrai, dans le divin, dans l'éternel qui existe toujours, invisible à la foule, sous le temporaire et le trivial; son être est là, sa vie est un fragment du cœur immortel de la nature3. » La vertu est une révélation, l'héroïsme est une lumière,

ing men have since named Saint, feel that he was the "chief of sinners;" and Nero of Rome, jocund in spirit (wohlgemuth), spend much of his time in fiddling? Foolish word-monger and motive-grinder, who in thy logic-mill hast an earthly mechanism for the Godlike itself, and wouldst fain grind me out virtue from the husks of pleasure, I tell thee, Nay!

--

1. Only this I known, if what thou namest Happiness be our true aim, then are we all astray. With stupidity and sound digestion man may front much. But what in these dull unimaginative days, are the terrors of Conscience to the diseases of the liver! Not on Morality, but on cookery let us build our stronghold there brandishing our frying-pan, as censer, let us offer sweet incense to the Devil, and live at ease on the fat things which he has provided for his Elect!

2. On Heroes, p. 244, 71.

3. The hero is he who lives in the inward sphere of things, in

« PreviousContinue »