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ARGUMENT DU LIVRE I.

DISCUSSION préliminaire sur la différence de la vérité poétique et de la vérité historique, à l'occasion du Marius, poëme de Cicéron. A ce propos, Atticus engage Cicéron à écrire l'histoire, genre qui manque à la littérature latine. Revue des anciens historiens ou plutôt des annalistes latins, tous faibles ou médiocres. Mais quelle époque Cicéron choisira-t-il pour sujet de ses travaux? Après une courte délibération, on s'accorde à lui demander l'Histoire des évènemens contemporains. Cicéron ne se refuse pas à cette tâche, si un jour le barreau et le forum lui laissent quelque repos. Pour réaliser ce projet, Atticus et Quintus engagent Cicéron à se partager désormais entre l'éloquence et le droit, à se faire avocat-jurisconsulte; puis ils le prient de consacrer les loisirs que lui laissent les jours de fête, à leur développer les principes du droit. Cicéron y consent, mais à cette condition, qu'il ne suivra point, dans ses développemens, la marche ordinaire des jurisconsultes; car le droit a une source et plus haute et plus profonde: c'est à la philosophie qu'il en faut demander la nature intime. Après ce préambule, Cicéron entre en matière.

Il remonte d'abord à la source du droit; il établit ensuite que le droit et l'honnête ont leur principe dans la nature; d'où il conclut, que d'eux-mêmes, et le droit et l'honnête sont désirables. Suivent, comme corollaires, différentes questions de philosophie morale servant de développement ou de preuve à ce qui a été dit plus haut.

Avant de s'engager dans la recherche des sources du droit, l'auteur donne la définition de la loi; il signale ensuite les rapports et la ressemblance qui existent entre l'homme et Dieu, première source du droit; parenté qu'il établit et par la raison qui leur est commune, et par le droit, et par la cité, et par une même origine, et par la vertu, et, enfin, par les bienfaits que

Dieu verse sur l'homme. Une autre source du droit, c'est la nature même de l'homme semblables entre eux par l'usage de la raison, par la faculté de pratiquer la vertu, les hommes le sont encore par le même penchant, par la même ardeur pour le plaisir : donc l'homme est né pour le droit; naturellement il y resterait fidèle, si les mauvaises habitudes ne l'en venaient détourner.

Ces déductions confirment cette vérité, que le droit et l'honnête ont leur base dans la nature vérité que Cicéron cherche à prouver par une foule d'argumens empruntés à la philosophie; ces preuves sont le culte que nous rendons à la divinité; les remords de la conscience; la distinction du bien et du mal. C'est la nature qui nous apprend à distinguer une bonne loi d'une mauvaise elle est aussi la règle de l'honnête. Les notions du vice et de la vertu, de l'honnête et de ce qui ne l'est pas, sont innées en nous. Mais les sens nous trompent et nous empêchent d'apercevoir ces grandes vérités.

Si l'honnête et le droit ont leur fondement dans la nature, il en faut conclure qu'il les faut rechercher pour eux-mêmes; car si, pour elle-même, la vertu n'était pas désirable, il y aurait nécessairement quelque chose de meilleur qu'elle. Or, rien de tel ne se peut trouver.

Cette dernière question en amène une autre : elle conduit à la question des fins ou du souverain bien. Controverses des différentes écoles philosophiques sur ce sujet. Cicéron s'en tient à l'opinion de Socrate, et regarde les disputes des anciens académiciens, des péripatéticiens, des stoïciens, comme de véritables disputes de mots. Il termine par l'éloge de la philosophie.

DE LEGIBUS

LIBER I.

tus.

ATTICUS.

I. ATTICUS. Lucus quidem ille, et hæc Arpinatium quercus agnoscitur, sæpe a me lectus in Mario. Si manet illa quercus, hæc est profecto etenim est sane veQUINTUS. Manet vero, Attice noster, et semper manebit sata est enim ingenio; nullius autem agricolæ cultu stirps tam diuturna, quam poetæ versu seminari potest. ·ATT. Quo tandem modo, Quinte? aut quale est istuc, quod poetæ serunt? Mihi enim videris, fratrem laudando, suffragari tibi. -QUINT. Sit ita sane. Verumtamen, dum latinæ loquentur litteræ, quercus huic loco non deerit, quæ Mariana dicatur; eaque, ut ait Scævola de fratris mei Mario,

Canescet sæclis innumerabilibus.

Nisi forte Athenæ tuæ sempiternam in arce oleam tenere potuerunt; aut, quod Homericus Ulysses Deli se proceram et teneram palmam vidisse dixit, hodie monstrant eamdem; multaque alia multis locis diutius commemoratione manent, quam natura stare potuerunt.

DES LOIS

LIVRE I..

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I. ATTICUS. Voilà sans doute ici le bois, là le chêne d'Arpinum; je les reconnais, tels que souvent je les ai lus dans le Marius. S'il vit encore, ce chêne, assurément c'est celui-ci; car il est bien vieux. QUINTUS. Oui, mon cher Atticus, il vit encore et toujours il vivra; car c'est le génie qui l'a plauté; et il n'est point d'agriculteur dont les soins puissent donner à un plant une durée égale à celle que lui donnent les vers du poète. ATT. Comment cela, Quintus? et qu'est-ce donc que plantent les poètes? vous m'avez l'air, en effet, en louant votre frère, de voter pour vous-même. QUINT. Je le veux bien; mais tant que vivra la littérature latine, on verra en ce lieu un chêne, que l'on appellera le chêne de Marius; et, comme l'a dit Scévola du Marius de mon

frère,

Sous des siècles sans fin sa tête blanchira.

Athènes, votre ville chérie, n'a-t-elle pas conservé dans sa citadelle l'immortel olivier? et aujourd'hui encore ne montre-t-on pas à Délos le palmier que l'Ulysse d'Homère y vit si grand et si flexible? enfin, en bien des lieux, bien d'autres choses ne vivent-elles pas dans le souvenir des hommes au delà de leur durée naturelle?

Quare «glandifera illa quercus,»

ex qua

olim evo

lavit

Nuntia fulva Jovis, miranda visa figura,

:

nunc sit hæc sed quum eam tempestas vetustasve consumserit, tamen erit his in locis quercus, quam Marianam quercum vocent.-ATT. Non dubito id quidem; sed hoc jam non ex te, Quinte, quæro, verum ex ipso poeta, tuine versus hanc quercum severint, an ita factum de Mario, ut scribis, acceperis.-MARCUS. Respondebo tibi equidem, sed non ante, quam mihi tu ipse responderis, Attice certene non longe a tuis ædibus inambulans, post excessum suum, Romulus Proculo Julio dixerit, se deum esse, et Quirinum vocari, templumque sibi dedicari in eo loco jusserit; et Athenis, non longe item a tua illa antiqua domo, Orithyiam Aquilo sustulerit sic enim est traditum.-ATT. Quorsum tandem, aut cur ista quæris? - MARC. Nihil sane, nisi ne nimis diligenter inquiras in ea, quæ isto modo memoriæ sint prodita. — ATT. Atqui multa quæruntur in Mario, fictane, an vera sint; et a nonnullis, quod et in recenti memoria, et in Arpinati homine, vel severitas a te postulatur.

:

MARC. Et mehercule, ego me cupio non mendacem putari : sed tamen nonnulli isti, Tite, faciunt imperite, qui in isto periculo non ut a poeta, sed ut a teste, veritatem exigant. Nec dubito, quin iidem, et cum Egeria collocutum Numam, et ab aquila Tarquinio apicem im

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