LIBER III. Te quoque, magna Pales, et te, memorande, canemus, Omnia jam vulgata : quis aut Eurysthea durum, 5 Cui non dictus Hylas puer, et Latonia Delos? Hippodameque, humeroque Pelops insignis eburno, 40 Et toi aussi, vénérable Palès, et toi aussi, divin pasteur des bords de l'Amphryse, et vous, bois et fleuves du mont Lycée, je vais vous chanter. Tous les autres sujets de poésie qui pouvaient captiver les esprits inoccupés sont maintenant épuisés. Qui ne connaît pas le cruel Eurysthée ou les sanglants autels de l'infâme Busiris? Qui n'a pas chanté le jeune Hylas, Latone et sa flottante Délos, Hippodamie, et Pélops, si célèbre par son épaule d'ivoire et par son adresse à dompter les chevaux? Je veux, me frayant une route nouvelle, élever mon essor au-dessus de la terre, et, triomphant à mon tour, faire voler mon nom de bouche en bouche. Si le ciel prolonge mes jours, le premier, en revenant dans ma patrie, j'amènerai avec moi les Muses des sommets de leur Hélicon; le premier, ô ma chère Mantoue, je transporterai chez toi les palmes de l'Idumée; le premier "'élèverai un temple de marbre au bord des eaux, dans tes LIVRE III. Nous chanterons toi aussi, grande Palès, et toi, célèbre pasteur d'Amphryse, vous aussi, bois et ruisseaux du-Lycée Les autres sujets, qui auraient pu-occuper par le chant ou le dur Eurysthée, ou les autels de Busiris non-loué (détesté)? A (par) qui n'a pas été dit (chanté) le jeune-garçon Hylas, et Délos ile de-Latone? et Hippodamie, et Pélops Propter aquam, tardis ingens ubi flexibus errat Ipse, caput tonsæ foliis ornatus olivæ, Dona feram. Jam nunc solennes ducere pompas iches campagnes, où le Mincio erre en longs détours et couvre ses ives de tendres roseaux. Au milieu du temple, je placerai César; il en sera le dieu. Et moi, dans l'appareil des triomphateurs et revêtu de la pourpre tyrienne, je ferai voler en son honneur, sur les bords du fleuve, cent chars à quatre chevaux. A ma voix, toute la Grèce, abandonnant les rives de l'Alphée et les bois sacrés de Molorchus, viendra disputer dans ces jeux le prix de la course ou du ceste redoutable. C'est moi qui, le front ceint d'une branche d'olivier, décernerai les récompenses aux vainqueurs. Déjà je me plais à conduire au temple les pompes solennelles, déjà je vois les taureaux tomber sous le fer sacré, déjà le théâtre m'apparaît avec ses décorations changeantes, déjà les captifs bretons y semblent dérouler les tapis de pourpre où sont peintes leurs défaites. Sur les portes du temple, je ferai représenter, en or et en ivoire, les combats livrés aux Gangarides, le. armes victorieuses de Quirinus. On y verra le Nil, roulant immense, s'enfler sous le poids des flottes guerrières, et l'airain des vaisseaux s'élever dans les airs en colonnes superbes. On y verra aussi les villes de l'Asie domptées, le Niphate repoussé, le Parthe, qui met son espoir dans la fuite et dans ses flèches, qu'il retourne contre nous; propter aquam, ubi ingens Mincius errat flexibus tardis, et prætexit ripas tenera arundine. In medio erit mihi Cæsar, tenebitque templum. Ego victor, et conspectus in ostro Tyrio, agitabo illi ad flumina centum currus quadrijugos. videreque juvencos casos; près-de l'eau, là où le grand Mincio erre avec des replis qui-le-retardent (ients), et borde ses rives d'un tendre roseau. Au milieu-de l'édifice et remarquable dans (sous) une pourpre de-Tyr, je conduirai pour lui près du fleuve cent chars attelés-de-quatre-chevaux. Toute la Grèce, quittant l'Alphée et les bois de Molorchus, luttera pour moi à la course et au ceste de-cuir-cru. Moi-même, orné à la tête de feuilles d'olivier taillé, j'apporterai des dons (donnerai des prix). Déjà maintenant il me plaît de conduire vers le temple des pompes (processions) solennelles, et de voir les jeunes-taureaux immolés ; ou-bien comment la scène s'éloigne le front (le devant) étant retourné, et comment les Bretons tissés (brodés)-sur la toile lèvent le rideau de-pourpre. Sur les portes je ferai (représenterai) le combat des Gangarides d'or (en or) et d'ivoire (en ivoire) massif, et les armes de Quirinus vainqueur; et là je représenterai le Nil bouillonnant par la guerre et coulant grand (à gros flots), et les colonnes qui-s'élèvent (sont érigées) avec l'airain des-vaisseaux. Et duo rapta manu diverso ex hoste tropæa, Seu quis, Olympiacæ miratus præmia palmæ, 1. 35 40 45 on y verra deux trophées enlevés sur deux ennemis différents, et de l'une à l'autre mer les nations deux fois menées en triomphe. Je veux que le marbre de Paros, s'animant sous le ciseau, fasse revivre la race d'Assaracus, et cette longue suite de héros descendus de Jupiter, et Tros, leur père, et Apollon Cynthien, qui a bâti Troie. Là aussi figurera l'Envie, la malheureuse Envie, qui redoute les Euménides, le noir Cocyte, les serpents tortueux d'Ixion qui l'attachent à sa roue éternellement tournante, et le rocher que Sisyphe soulève toujours en vain. Cependant suivons les Dryades dans leurs forêts, et cherchons des sentiers inconnus aux Muses latines. C'est par ton ordre, ô Mécène, que j'entreprends cette œuvre difficile. Sans toi, mon esprit ne forme aucun projet élevé. Eh bien! triomphe de ma longue paresse, allons! Le Cithéron nous appelle à grands cris; j'entends aboyer les chiens du Taygète, hennir les chevaux d'Épidaure, et l'écho des bois nous renvoie, en les redoublant, ces bruyantes clameurs. Bientôt, cependant, je me préparerai à chanter les grands exploits de César et à faire vivre son nom dans la mémoire des hommes autant de siècles qu'il s'en est écoulé depuis la naissance de Tithon jusqu'à lui. Soit qu'aspirant aux palmes triomphales d'Olympie, tu élèves des |