Echo, parlant quand bruyt on maine Qui beauté eut trop plus qu'humaine? Pour qui fut blessé et puis moyne (Pour son amour eut cest essoyne)? Semblablement, où est la royne Qui commanda que Buridan Fust jetté en ung sac en Seine? Mais où sont les neiges d'antan? La royne Blanche comme ung lys, Qui chantoit à voix de sereine; Berthe au grand pied, Bietris, Allys; Harembourges, qui tint le Mayne, Et Jehanne, la bonne Lorraine, Qu'Angloys bruslerent à Rouen; Où sont-ils, Vierge souveraine? ... Mais où sont les neiges d'antan! ENVOI Prince, n'enquerez de sepmaine Où elles sont, ne de cest an, François Villon (1431-147) BALLADE DE FRERE LUBIN* Frère Lubin ne le peut faire. Le Grenier 3589 Pour mettre (comme un homme habile) Pour desbaucher par un doux stile ENVOI Pour faire plus tost mal que bien, Clément Marot (1495-1544) LE GRENIER * a Je viens revoir l'asile où ma jeunesse De la misère a subi les leçons. J'avais vingt ans, une folle maîtresse, De francs amis et l'amour des chansons. Bravant le monde et les sots et les sages, Sans avenir, riche de mon printemps, Leste et joyeux, je montais six étages. Dans un grenier qu'on est bien à vingt ans! C'est un grenier, point ne veux qu'on l'ignore. Là fut mon lit, bien chétif et bien dur; Là fut ma table; et je retrouve encore Trois pieds d’un vers charbonnés sur le mur. * For a translation of this poem see page 447. Apparaissez, plaisirs de mon bel âge, Que d'un coup d'aile a fustigés le temps, Vingt fois pour vous j'ai mis ma montre en gage. Dans un grenier qu'on est bien à vingt ans! Lisette ici doit surtout apparaitre, Vive, jolie, avec un frais chapeau; Déjà sa main à l'étroite fenêtre Suspend son schal, en guise de rideau. Sa robe aussi va parer ma couchette; Respecte, Amour, ses plis longs ct flottans. J'ai su depuis qui payait sa toilette. Dans un grenier qu'on est bien à vingt ans! À table un jour, jour de grande richesse, De mes amis les voix brillaient en chậur, À Marengo Bonaparte est vainqueur. Nous célébrons tant de faits éclatans. Dans un grenier qu'on est bien à vingt ans! Quittons ce toit où ma raison s'enivre. Oh! qu'ils sont loin ces jours si regrettés! J'échangerais ce qu'il me reste à vivre Contre un des mois qu'ici Dieu m'a comptés, Pour dépenser sa vie en peu d'instans, Pierre-Jean de Béranger (1780-1857] LE ROI D'YVETOT * Il était un roi d'Yvetot Peu connu dans l'histoire, Dormant fort bien sans gloire, * For a paraphrase of this poem see page 1790. Le Roi D'Yvetot 3591 Et couronné par Jeanneton Dit-on. La, la. Il faisait ses quatre repas Dans son palais de chaume, Et sur un âne, pas à pas, Parcourait son royaume. Joyeux, simple et croyant le bien, Pour toute garde il n'avait rien Qu'un chien Il n'avait de goût onéreux Qu'une soif un peu vive; Il faut bien qu'un roi vive. D'impôt. Aux filles de bonnes maisons Comme il avait su plaire, Ses sujets avaient cent raisons De le nommer leur père. D'ailleurs il ne levait de ban Que pour tirer, quatre fois l'an, Au blanc. Il n'agrandit point ses états, Fut un voisin commode, Et, modèle des potentats, Prit le plaisir pour code. Ce n'est que lorsqu'il expira Que le peuple, qui l'enterra, Pleura. On conserve encor le portrait De ce digne et bon prince: C'est l'enseigne d'un cabaret Fameux dans la province. Devant: La, la. FANTAISIE * a Il est un air pour qui je donnerais Tout Rossini, tout Mozart, tout Weber, Un air très vieux, languissant et funèbre, Qui pour moi seul a des charmes secrets. Or, chaque fois que je viens à l'entendre, De deux cents ans mon âme rajeunit; C'est sous Louis treize . . . et je crois voir s'étendre Un coteau vert que le couchant jaunit. Puis un château de brigue à coins de pierres, Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs, Ceint de grands parcs, avec une rivière Baignant ses pieds, qui coule entre les fleurs. Blonde, aux yeux noirs, en ses habits anciens . Gérard de Nerval (1808-1855] L'ART Oui, l'æuvre sort plus belle Rebelle, |