Page images
PDF
EPUB

XIV. Sur l'Agésilas de M. Corneille.

J'AI vu l'Agesilas.

Hélas!

XV. Sur l'Attila du même auteur.

APRÈS l'Agésilas,
Hélas!

Mais après l'Attila,
Hola.

XVI. Sur la maniere de réciter du pošte
Santeuil.

QUAND j'apperçois sous ce portique
Ce moine au regard fanatique,
Lisant ses vers audacieux,

Faits pour les habitants des cieux (1),
Ouvrir une bouche effroyable,
S'agiter, se tordre les mains;

Il me semble en lui voir le diable,
Que Dieu force à louer les Saints.

XVII. Sur la Fontaine de Bourbon, où l'au= teur étoit allé prendre les eaux, et où il trouva un poëte médiocre qui lui montra des vers de sa façon.

Il s'adresse à la Fontaine.

Oui, vous pouvez chasser l'humeur apoplectique,
Rendre le mouvement au corps paralytique,
Et guérir tous les maux les plus invétérés.
Mais quand je lis ces vers par votre onde inspirés,
Il me paroît, admirable Fontaine,

Que vous n'eûtes jamais la vertu d'Hippocrene.

(1) Il a fait des hymnes latines à la louange des saints.

XVIII. L'amateur d'horloges.

SANS cesse autour de six pendules,
De deux montres, de trois cadrans,
Lubin, depuis trente et quatre ans,
Occupe ses soins ridicules.

Mais à ce métier, s'il vous plaît,
A-t-il acquis quelque science?

Sans doute; et c'est l'homme de France
Qui sait le mieux l'heure qu'il est.

XIX. Sur ce qu'on avoit lu à l'Académie des vers contre Homere et contre Virgile.

CLIO vint l'autre jour se plaindre au dieu des vers
Qu'en certain lieu de l'nnivers

On traitoit d'auteurs froids, de poëtes stériles,
Les Homeres et les Virgiles.

Cela ne sauroit être, on s'est moqué de vous,
Reprit Apollon en courroux :
Où peut-on avoir dit une telle infamie?
Est-ce chez les Hurons, chez les Topinambous?
C'est à Paris. C'est donc dans l'hôpital des fous?
Non, c'est au Louvre, en pleine Académie.

XX. Sur le même sujet.

J'AI traité de Topinambous

Tous ces beaux censeurs, je l'avoue,

Qui, de l'antiquité si follement jaloux,

Aiment tout ce qu'on hait, blâment tout ce qu'on lone:
Et l'Académie, entre nous,

Souffrant chez soi de si grands fous,
Me semble un peu Topinamboue.

XXI. Sur le même sujet.

NE blâmez pas Perrault de condamner Homere,
Virgile, Aristote, Platon.

Il a pour lui monsieur son frere,
G... N... Lavau, Caligula, Néron,
Et le gros Charpentier, dit-on.

XXII. A M. Perrault, sur les livres qu'il a faits contre les anciens.

POUR quelque vain discours sottement avancé
Contre Homere, Platon, Cicéron ou Virgile,
Caligula par-tout fut traité d'insensé,
Néron de furieux, Adrien d'imbécille.

Vous donc qui, dans la même erreur,
Avec plus d'ignorance et non moins de fureur,
Attaquez ces héros de la Grece et de kome,
Perrault, fussiez-vous empereur,

Comment voulez-vous qu'on vous nomme?

XXIII. Sur le même sujet.

D'ou vient que Cicéron, Platon, Virgile, Homere, Et tous ces grands auteurs que l'univers révere, Traduits dans vos écrits nous paroissent si sots? Perrault, c'est qu'en prêtant à ces esprits sublimes Vos façons de parler, vos bassesses, vos rimes, Vous les faites tous des Perraults.

XXIV. Au méme.

To oncle, dis-tu, l'assassin

M'a guéri d'une maladie :

La preuve qu'il ne fut jamais mon médecin,
C'est que je suis encore en vie.

XXV. Au méme.

Le bruit court que Bacchus, Junon, Jupiter, Mars,
Apollon le dieu des beaux arts,

Les Ris mêmes, les Jeux, les Graces et leur mere.
Et tous les dieux enfants d'Homere,
Résolus de venger leur pere,

Jettent déja sur vous de dangereux regards.
Perrault, craignez enfin quelque triste aventure.
Comment soutiendrez-vous un choc si violent?
Il est vrai, Visé (1) vous assure

Que vous avez pour vous Mercure ;
Mais c'est le Mercure galant.

[ocr errors]

XXVI. Parodie burlesque de la premiere ode (2) de Pindare, à la louange de M. Perrault.

MALGRÉ Son fatras obscur,
Souvent Brébeuf étincelle.
Un vers noble, quoique dur,
Peut s'offrir dans la Pucelle.
Mais, o ma lyre fidele !
Si du parfait ennuyeux
Tu veux trouver le modele,

Ne cherche point dans les cieux
D'astre au soleil préférable;

Ni, dans la foule innombrable
De tant d'écrivains divers
Chez Coignard rongés des vers,
Un poëte comparable

(1) Auteur du Mercure galant.

(2) J'avois résolu de parodier l'ode; mais dans ce temps-là nous nous raccommodâmes M. Perrault et moi, Ainsi il n'y eut que ce couplet de fait,

A l'auteur inimitable (1)
De Peau-d'âne mis en vers.

XXVII. Sur la réconciliation de l'auteur et de
M. Perrault.

Tour le trouble poétique
A Paris s'en va cesser;
Perrault l'anti-pindarique
Et Despréaux l'homérique
Consentent de s'embrasser.
Quelque aigreur qui les anime,

Quand, malgré l'emportement,

Comme eux l'un l'autre on s'estime,

L'accord se fait aisément.

Mon embarras est comment

On pourra finir la guerre

De Pradon et du parterre.

XXVIII. Aux RR. PP. Jésuites, auteurs du journal de Trévoux.

MES révérends Peres en Dieu,

Et mes confreres en satire,

Dans vos écrits, en plus d'un lieu,

Je vois qu'à mes dépens vous affectez de rire.
Mais ne craignez-vous point que, pour rire de vous
Relisant Juvénal, refeuilletant Horace,

Je ne ranime encor ma satirique audace?
Grands Aristarques de Trévoux,

N'allez point de nouveau faire courir aux armes
Un athlete tout prêt à prendre son congé,
Qui, par vos traits malins au combat rengagé,
Peut encore aux rieurs faire verser des larmes.

[ocr errors]

(1) M. Perrault dans ce temps-là avoit rimé le conte Ae Peau-d'âne.

« PreviousContinue »