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HUDIBRAS.

SUJET

DU HUITIÈME CHANT. (1)

HUDIBRAS avec Ralpho fuit
Du logis enchanté, de nuit:
Au lieu d'amoureuse poursuite,
De faire un procès il médite:
Un avocat il va trouver,
Son affaire pour consulter:
Mais avant veut faire remettre
A sa dame encore une lettre.

QUI

CHANT VIII.

ui pourrait croire les fantômes Que par crainte se font les hommes, Qui naissent on ne sait comment,

Et sans visible fondement,

And have no possible foundation,

But merely in th' imagination;

And yet can do more dreadful feats

Than hags, with all their imps and teats; Make more bewitch and haunt themselves Than all their nurseries of elves.

For fear does things so like a witch, 'Tis hard t' unriddle which is which:

Sets

up communities of senses,

To chop and change intelligences;
As Rosicrucian virtuosos

Can see with ears, and hear with noses;
And when they neither see nor hear,
Have more than both supply'd by fear;
That makes 'em in the dark see visions,
And hag themselves with apparitions;
And when their eyes discover least,
Discern the subtlest objects best:
Do things, not contrary, alone,
To th' course of nature, but its own;
The courage of the bravest daunt,
And turn poltroons as valiant:

For men as resolute appear

With too much as too little fear;

And when they're out of hopes of flying,

Comme sans graine la fougère (2)

Prend croissance et couvre la terre?
Etres d'imagination,

Qui font pourtant telle action,
Dont sorcières sont incapables

Avec leurs tettes et leurs diables. (3)
Soi-même on se lutine pis

Que ne feraient un cent d'esprits;
Car la crainte agit en sorcière
A s'y méprendre d'ordinaire ;
Renversant les sens de façon
Qu'ils troquent tous de fonction,
Comme Rosecroix par merveille (4)
Entend du nez, voit de l'oreille : (5)
Et quand on ne voit ni n'entend,
La crainte y supplée amplement.
La nuit des visions fait naître,
Ou des spectres affreux paraître,
(Car quand on ne voit rien des yeux
C'est alors qu'on distingue mieux.)
Fait chose contraire au systême
De la nature et d'elle-même;

Au brave elle ôte la valeur

Et redonne au poltron du cœur ;
Trop ou trop peu de crainte cause
Sur le courage même chose;
Car qui perd tout espoir de fuir,
Fuyant de la mort, peut mourir,

Will run away from death by dying;
Or turn again to stand it out,

And those they fled, like lions, rout.

This Hudibras had prov'd too true,
Who, by the furies left perdue,
And haunted with detachments, sent
From Marshal Legion's regiment,
Was by a fiend, as counterfeit,
Reliev'd and rescu'd with a cheat;
When nothing but himself, and fear,
Was both the imps and conjurer;
As, by the rules o' th' virtuosi,
It follows in due form of poesy.

Disguis'd in all the masks of night,
We left our champion on his flight,
At blindman's buff, to grope his way,
In equal fear of night and day;

Who took his dark and desp'rate course,
He knew no better than his horse;
And, by an unknown devil led,
(He knew as little whither ) fled.
He never was in greater need,
Nor less capacity, of speed;
Disabled, both in man and beast,
To fly and run away, his best;

Ou se retournant faire face

Aux ennemis avec audace,
Et les mêmes mener battant

Qui le suivaient auparavant.
Hudibras, tantôt chez la veuve,
En avait fait la triste épreuve,
Qui laissé seul par les lutins,
Et hanté par esprits malins, (6)
En fut tiré, non sans malice,
Par un saint tout aussi factice,
Quand les lutins et l'enchanteur
N'étaient que lui-même et sa peur,
Comme l'on verra par la suite.

Nous en étions donc à la fuite D'Hudibras courant au hasard Sans voir comme colin-maillard; Craignant de la même manière Les ténèbres et la lumière, Connaissant sa route aussi mal, Et moins encor que son cheval; Et dans cet état déplorable

Son guide encore était un diable. (7) La vîtesse était son espoir,

la bête,

Mais il lui manquait le pouvoir;
Car l'homme, aussi-bien que
Manquait de forces et de tête
Pour s'empêcher d'être saisi

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