Agnès de Méranie: tragedie en cinq actes en vers

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Lévy, 1897 - 202 pages
 

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Page 141 - Philippe ! mon seigneur ! chère âme de ma vie ! Va ! c'est bien à toi seul que je me sacrifie. Que n'es-tu, comme moi, de ces humbles esprits Qui bornent tous leurs vœux sur des êtres chéris, Et sont reconnaissants aux honneurs de ce monde De ne pas visiter leur retraite profonde ! Nous partirions ensemble.
Page 108 - Sa concubine ! PHILIPPE. Et si, moi, je m'en abstenais? LE MOINE. Lorsque s'accomplira la deuxième semaine, Je mettrai l'interdit sur ton royal domaine. — Connais-tu l'interdit ? Sais-tu quels résultats Arrêteront la vie au cœur de tes États? Les...
Page 136 - Mais le Pontife saint, fort de la vérité, Dans les rébellions marche vers l'unité. Il sait que de lui seul dépend le sort du monde Et que l'œuvre des rois sans lui n'est pas féconde, Quand des sociétés les antiques faisceaux Sous des milliers de mains se brisent en morceaux, En vain à rassembler la royauté s'efforce, La force est impuissante à contraindre la force : Le seul nœud des Etats est une même foi : Il faut monter à Dieu pour retrouver la foL.
Page 142 - Ah! l'âme que la gloire une fois a touchée Est pour le bonheur calme à jamais desséchée ; Elle garde, en sa chute, un désespoir hautain, Et ne peut plus rentrer dans le commun destin ; Du haut de sa ruine, elle écoute, isolée, L'écho retentissant de sa grandeur croulèe.
Page 108 - Dont le terrain sacré rejettera le corps ; Tous enfin, tes sujets, ta complice, et toi-même, Serez enveloppés dans un vaste anathème ; Et quant aux fils d'Agnès, ils seront déclarés Bâtards, dans l'adultère et la honte engendrés ; A défaut d'autres fils , que s'éteigne ta race ! Je me meurs ! AGNÈS. PHILIPPE, soutenant Agne».
Page 135 - Il les trompe , et les perd dans de mauvais chemins , Montrant que la sagesse est toute dans ses mains ; Puis il frappe ; — et les rois descendent de leur gloire. Tout instrument est bon , à l'heure expiatoire : C'est un moine inconnu , qui , surgi par hasard , Grave le triple arrêt aux murs de Balthazar ; C'est moi qui suis la main de ce bras formidable Qui s'allonge d'en haut sur le front du coupable. — Salut ! royal palais foudroyé ! — Ton aspect Retient une grandeur qui me force au respect...
Page 141 - Nous partirions ensemble. Il est dans mon Tyrol Des bords hospitaliers plus que ce triste sol. 0 mes bois, mes vallons, ma campagne connue, Comme je guiderais chez vous sa bienvenue! Immenses horizons, de quel geste orgueilleux Je lui déroulerais vos tableaux merveilleux ! Et quel bonheur d'entendre, à son bras suspendue, La lointaine chanson tant de fois entendue ! — Hélas ! ce n'est qu'un rêve; il ne saurait pas, lui, Oublier dans l'amour un trône évanoui. Que vais-je imaginer? un manoir...
Page 152 - ... LE MOINE. PHILIPPE. Toi, reste, et ne crains pas. LE MOINE. Je ne crains rien. PHILIPPE. C'est bon. — Ah ! j'aurai vainement pu demander pardon ! Je te trouve à propos ; j'avais besoin d'un homme Qui voulût se charger d'un message pour Rome. Dis, — et remarque bien que je suis de sang-froid, Sans courroux, calculant mon langage et mon droit, — Dis au pape qu'il faut que son outrecuidance, Que son très-grand orgueil, sa très-haute impudence, Sachent que je le brave, autant qu'il me maudit...
Page 108 - Le travail chômera; le père de famille Ne pourra fiancer ni marier sa fille; Les enfants garderont chez eux leurs pères morts Dont le terrain sacré rejettera le corps; Tous enfin, tes sujets, ta complice, et toi-même, Serez enveloppés dans un vaste anathème; Et quant aux fils d'Agnès, ils seront déclarés Bâtards, dans l'adultère et la honte engendrés; A défaut d'autres fils, que s'éteigne ta race! — Toi mort, un étranger occupera ta place!
Page 107 - ... soleil des milliers d'éperons, Voici ce moine; eh bien! l'effronterie est grande! C'est au Roi couronné le moine qui commande! LE MOINE. Sire, je suis un moine, et vous êtes un roi; Mais, quand je parle au nom de la divine loi, Je suis l'élu de Dieu; vous, vous n'êtes qu'un homme. PHILIPPE. Je te reconnais bien, ô doctrine de Rome! C'est bien là cet orgueil colossal, ces façons De régenter les rois, comme petits garçons! — A mes propres aïeux Rome doit sa puissance; Que n'ont-ils...

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