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ils étaient comme s'ils avaient passé dans un chemin sec et aride, et aucune trace du liquide n'apparaissait sur leurs vêtements ni sur leurs chaussures 1.

La chronique ajoute que la pyramide en pierre où était placé le chef de saint Jean, fut revêtue de tableaux de bois argenté, grâce aux libéralités princières de Sanche, roi de Navarre 2.

Les reliques seraient demeurées dans cet état jusqu'à l'époque de la construction de la basilique, et alors, après en avoir distribué quelques fragments, on les plaça dans un vase d'or.

Dans le même temps, en l'année 1013 3, en l'absence de l'abbé Aimeri, un conflit s'était produit entre les hommes de l'abbaye et ceux du duc. Le prévôt du comte fut blessé mortellement ainsi que d'autres, et la cour (aula) du duc d'Aquitaine, laquelle était contigue à l'abbaye, fut détruite. Les primats d'Aquitaine et le comte Foulques, qui était alors au service du duc, poussèrent leur seigneur à détruire l'abbaye, à en chasser les moines et à les remplacer par des chanoines. Bien que profondément irrité, le duc ne se laissa pas aller à ces sollicitations et régla l'affaire avec prudence, comme le doit faire un prince". Mais, pour faire cesser ces troubles, il ordonna de suspendre les ostencions du chef de saint Jean, que le duc remit dans la pyramide, et devant on suspendit un ostensoir d'argent 5.

Les événements miraculeux et les nombreux pèlerinages que les chroniqueurs rapportent, eurent pour conséquence de donner, de jour en jour, un plus grand prestige à cette abbaye, qui était devenue la plus célèbre de l'Aquitaine. Aussi les dons y affluèrent-ils de plus en plus.

Le comte de Poitiers, Guillaume le Gros, venait fréquemment à Saint-Jean d'Angély et y faisait des séjours. Au mois de juin 1031, il y aurait tenu un plaid sur le but duquel M. Richard ne peut nous renseigner ". A cette date, il figurait comme souscripteur de la donation faite à l'abbaye par Rainaud de biens situés dans la viguerie de Muron 7. A la fin de mars 1037, il souscrit à la charte de donation consentie par Rainaud de la

1. Adémar de Chabannes, loc. cit., éd. Chavanon, p. 181.

2. Adémar de Chabannes, loc. cit., note j.

3. 1018, d'après Massiou, loc. cit., p. 399.

4. Adémar de Chabannes, loc. cit., liber tertius, § 56.

5. Adémar de Chabannes, loc. cit., § 58;

6. Loc. cit., p. 223.

7. Cart., ch. 197.

Richard, loc. cit., p. 171.

villa et de l'église de Romagnoles, situés à Saint-Jean même, et d'une autre église, celle de Ballans, près de Matha 1.

Quelques années auparavant, dans les années 1032 et 1033, sur les instances du même comte, le pape Jean XXIX enjoignit au duc d'Aquitaine et autres seigneurs de protéger et défendre les droits et les biens de l'abbaye 2.

XII abbé. Arnaud alias Rainaud 3.

C'est sous cet abbé, le 6 septembre 1038, qu'une vente fut faite, par un prêtre du nom de Raimond, de maisons et d'emplacements situés près de l'église de Saint-Pierre Le Puellier de Poitiers. Le duc Guillaume souscrivit à cette charte, et mourut peu de temps après, le 15 décembre de la même année 5.

Ce fut également vers 1038 que l'on fit don à l'abbaye du monastère de Charentenay, en présence d'Islon ou Alon, évêque de Saintes, d'Isembert, évêque de Bordeaux, et de Girard, évêque de Poitiers 6.

1. Cart., ch. 42 et 339. — M. Richard, loc. cit., p. 232, s'inspirant de Rédet, loc. cit., croit pouvoir traduire Romanoculus par Remeneuil, nom d'un petit village de la commune d'Usseau, arrondissement de Châtellerault, et place la donation de Valans à Croix-Comtesse. Il ne peut y avoir de doutes sur la détermination que nous faisons de ces localités. Le donateur de Romanoculus habitait Saint-Jean d'Angély, puisque, malade, il demande qu'on se transporte près de lui, ce que firent immédiatement l'abbé, les moines et sans doute les personnages qui souscrivirent à la charte. Quant à la donation de Foucaud de Valans, elle porte pour titre dans le cartulaire « Carta Fulcaudi de eclesia de Valanz ». De CroixComtesse, située canton de Loulay, il n'est nullement question dans le texte. Qu'est-ce donc que Valans? La localité de ce nom près de Mauzé, non certainement. Il est à remarquer, en effet, que, dans le cartulaire, les chartes sont groupées par obédiences, comme elles l'étaient dans les layettes des archives. Or, toutes les chartes qui entourent celle-ci, ont rapport au pays ou à l'obédience de Matha. Il s'agit donc de Ballans, paroisse du canton de Matha. Il arrive, dans l'évolution des mots, que le v redescend parfois à b; il en est ainsi dans le mot bachelier, qui a pour origine le mot bacca, dérivé de vacca.

2. Cart., ch 12, datée 1032-1033;

Richard, loc. cit., pp. 227 et 228, note 1, dans lequel il confirme l'exactitude de notre date, 1032 ou

1033.

3. Gall., loc. cit., d'après Besly, loc. cit., p. 300.

4. Cart., ch. 254.

5. Richard, loc. cit., p. 233, note 2.

6. Cartulaire, ch. 181.

En 1039, le 3 avril, Senioret fait don du monastère de Saint

Savinien 1.

En juillet 1039, la comtesse Agnès fit faire par Guillaume de Parthenay la donation de Priaires à l'abbaye 2.

En 1040, l'abbé souscrit au privilège donné à l'abbaye de Vendôme, le jour de sa consécration, par Théodoric, évêque de Chartres 3.

On le voit figurer enfin, en mai 1044, dans la donation faite par le viguier Ramnulfe,

Un fait bien intéressant à noter, pour cette période de temps, quoique n'intéressant pas directement l'abbaye, est celui-ci. En 1045 ou 1046, d'après Richard 5, la comtesse Agnès de Poitou fit abandonner par ses enfants à l'abbaye de Cluny le droit de monnayage à Saint-Jean d'Angély, et, en plus. des coutumes qu'ils percevaient à Mougon. Cet abandon avait pour but de libérer les comtes de Poitou d'une obligation qui consistait à fournir des sèches aux moines de Cluny.

XIII abbé. Geoffroy II. Gaufredus, alias Goffridus.

Cet abbé, en 1047, assista à la dédicace de l'abbaye de NotreDame de Saintes 6.

Le 18 août 1050, il figure dans des chartes du Cartulaire 7. Ce fut lui qui dirigeait le monastère, et en l'année 1050 vraisemblablement, quand la comtesse Agnès s'efforça de faire cesser les maux et les dilapidations dont l'abbaye avait été victime dans ces temps troublés.

Cette confirmation des dons et des immunités du monastère eut lieu le jour de la consécration du chevet de l'église que l'on avait entrepris de reconstruire. La comtesse était assistée de ses deux fils, Guillaume Aigret, comte de Poitou, et son frère Guy. La solennité de la consécration eut lieu sous la direction d'Arnould, évêque de Saintes, de Guillaume, évêque d'Angoulême, et de Bruno, évêque d'Angers .

1. Cartulaire, ch. 67.

2. Richard, loc. cit., p. 241.

3. Gallia, loc. cit.; Richard, loc. cit., p. 242.

4. Cartulaire, ch. 445.

5. Loc. cit., p. 247 et 287, note 3.

6. Cartulaire de Notre-Dame de Saintes, publié par l'abbé Grasilier, 1871, p. 7.

7. Voir notamment, ch. 424.

8. Cart., ch. 216, datée vers 1050;

Richard, loc. cit., 256 et 258, et

la note 2 de la page 257, pour la date, qu'il place, comme nous, en 1030.

Ce n'est pas le lieu d'examiner l'ensemble des privilèges concédés ou maintenus à l'abbaye. Ils seront passés en revue dans les chapitres suivants.

L'abbé Geoffroy mourut aux approches de l'année 1060. 'Il figure au nécrologe de la Sauve-Majeure, au V des calendes de décembre 1.

Peu de temps avant sa mort, sur la demande de la comtesse Agnès, il avait abandonné aux religieuses de Notre-Dame de Saintes une partie des vignes qu'il possédait au lieu de La Forêt, sans doute La Forêt, commune de Sonnac 2.

XIV abbé. Eudes, Odo.

Cet abbé fut élu en l'année 1060. Au commencement de cette année, il assistait à l'élection de Godéran, à l'abbaye de Maillezais 3.

En l'année 1067, il signait la charte de donation faite par Ostence de Taillebourg à l'abbaye de Notre-Dame de Saintes 4. En 1068, il prenait part au concile de Toulouse.

L'année suivante, le duc de Poitiers, Guy Geoffroy-Guillaume, est à Saint-Jean d'Angély et souscrit à la donation faite par Ostende de Bédenac de la moitié des droits d'autel et de sépulture de l'église de Pérignac 5. Ce même duc est encore à SaintJean, en 1073, alors qu'il fait don à l'abbaye de l'église de Loulay et des dimes de la Jarrie-Audouin ".

A une date que nous ne pouvons fixer et que nous avons indiquée comme étant aux environs de 1074, Guy Geoffroy, sur les instances de l'évêque d'Angoulême, abandonne à l'abbaye tous les droits qu'il avait sur les dons faits à l'autel de saint JeanBaptiste 7.

Le 27 juin 1074, l'abbé Eudes est l'inspirateur d'un accord intervenu entre les religieux de Saint-Maixent et deux personnages appelés Rorgon et Aimeri.

1. Gallia, loc. cit.

2. Grasilier, Cart. de N.-D. de Saintes, date cet acte de 1060. Peut-être doit-il être reporté à l'année 1059.

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Richard, loc. cit., met cette donation avant ou après

un voyage que Guy-Geoffroy fit à Vouvant dans le courant de l'année 1076.

HISTOIRE

3

En 1075, il figure dans la charte de fondation de l'abbaye de Saint-Etienne de Vaux, et en 1077, dans les lettres de donation de l'abbaye de Montierneuf 1.

'Le 28 janvier 1077 (n. s.), l'abbé Eudes, remplaçant l'abbé de Cluny absent, est témoin dans l'acte par lequel Guy-GeoffroyGuillaume, duc d'Aquitaine, fonde l'abbaye de Saint-Jean de Montierneuf de Poitiers, et lui donne, entre autres biens, la moitié de la villa et des terres de Loulay avec le cimetière. Dans cette même charte, le duc faisait don à Montierneuf de 10 muids de vin de cens, et d'une cortigia extrema dans le bourg de SaintJean d'Angély 2.

En 1078, Eudes assistait au concile de Poitiers, en 1079 et en 1080, à ceux de Bordeaux, dans le dernier desquels fut discutée la question litigieuse pendante entre les abbayes de Saint-Jean d'Angély et de Charroux 3. Cette difficulté avait trait à l'église de Varaize qui avait été donnée, à Saint-Jean, par Bertrand de Varaize, en 1077, en présence d'Hugues, abbé de Cluny, et du comte de Poitiers, et qui fut attribuée à l'abbaye de Saint Jean d'Angély, dans ledit concile, où étaient juges Amat, évêque d'Oloron, Hugues, évêque de Die, légats du pape, Joscelin, archevêque de Bordeaux, et Guillaume, archevêque d'Auch.

En 1080, l'abbé Eudes est présent à la réunion des évêques, tenue à Saintes sous la présidence d'Amat, episcopus Ellorensis, où fut discutée la controverse de Raimond, évêque de Bazas, avec les moines de Fleury (Saint-Benoit-sur-Loire), au sujet du monastère de La Réole 5.

Le 11 des nones d'octobre 1080, il est au concile de Bordeaux et y souscrit aux privilèges de la Sauve-Majeure 6.

1. Gallia, loc. cit. Richard, Cart. de Saint-Maixent, t. I, p. 162 (t. XXVI des Archives du Poitou).

2. Arch. nat. 3.460, no 2 1, copie du XIII. siècle imprimée dans Teulet, Layettes, I, 23, no 20. — Ordonn, t. XIX, p. 690. Besly, Hist. des comtes de Poitou, p. 366. — Gallia, II, Inst, col. 351, etc. Confirm. par Richard d'Angleterre, le 27 juin 1190, par Louis VII, en 1146 (Teulet, Layettes, loc. cit.), par Charles VIII, en février 1487 (n. s.), Reg. du trés. des ch., CCXVIII, no 143.

-

Cart.,

3. Richard, Hist. des contes de Poitou, p. 342, 343 et 347. ch. 100. Gallia, II, col. 1099, citant Baluze, Miscell., l. 6, p. 413. 4. Elorus, Helorus, ville de Sicile, aujourd'hui Ceretina? 5. Gallia, I, col. 1099.

6. Id.

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