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saint Révérend dans les chartes de l'abbaye 1. Aymon aurait été, lui aussi, comme son prédécesseur, abbé de Saint-Cyprien de Poitiers. Il en est fait mention au nécrologe à la date du XII jour des calendes de janvier.

III abbé. Geoffroy Ier, en l'an 965 2.

IV abbé. Raynaud Ier, un ami de l'abbé Aymon, dirigeait le monastère la douzième année du règne de Lothaire et y était encore au mois de janvier, la quinzième année du règne du même roi.

Dom Estiennot met Foucher (Fulcherius) à la place de Raynaud, d'après le cartulaire. Mais certains auteurs disent que Raynaud avait confié la direction de Saint-Jean d'Angély à Foucher, parce qu'il était en même temps abbé de Saint-Cyprien de Poitiers.

Ve abbé. Girbert, Girbertus, Gilbertus, figure dans le cartulaire sous la 27° année du règne de Lothaire (avril 981) à l'occasion de la donation de salines situées à Aytré 3.

VI abbé. Gautier, Walterius, après avoir été sans doute doyen de l'abbaye, sous l'abbé Raynaud, la quinzième année du roi Lothaire, succéda à Girbert. Il est fait mention de lui dans une donation de salines situées à Aytré, en date de la 27o année du règne de Lothaire.

VII abbé. Robert gouvernait l'abbaye en 988, d'après les Sainte-Marthe ".

VIII abbé. Aimeri Ier. Il figure dans une charte relative à un don de marais, fait au mois d'octobre, sous le règne de Hugues-Capet 5.

IX abbé. Alduin. Hilduin, Alduinus, Hilduinus.

Dans une charte, datée du mois de juillet 989, la troisième an née du règne de Hugues Capet, on voit que, sur la demande de Guillaume Fier-à-Bras, Hugues Capet, voulant participer à la réformation des maisons religieuses, confia la direction de celle de Saint-Jean à un serviteur de Dieu, nommé Hilduin ".

1. Cartulaire, notamment ch. 68, 200, 242, 245, etc.

2. Gallia, loc. cit.

3. Cart., ch. 378.

4. Gallia, loc. cit.

3. Cartulaire, ch. 407.

6. Gallia, loc. cit. Hist. de France, X, p. 556, Hugonis Capeti reg. diplomata VIII.

L'authenticité de cette pièce a été contestée par Rédet 1, à tort selon nous. Les personnages qui comparaissent à l'acte sont en effet les contemporains de Guillaume Fier-à-Bras. Ce sont le pontife Gislebert qui n'est autre que Gilbert de Poitiers, qui prit cet évêché en 975, et le détenait encore vers 1020, et aussi Aimeri et Cadelon, vicomtes.

L'évêque Gilbert se retrouve comme témoin dans la charte de Guillaume, relative à Benon (août 990) et dans celle de la forêt d'Essouvert (janvier 991), où figure également le vicomte Kadelon, sans doute Cadelon IV, vicomte d'Aulnay qui se retrouve dans la pièce plus haut citée 2. On voit encore cet évêque souscrire à la charte de Guillaume le Grand qui a trait au don de la forêt d'Argenson, en Aunis, un peu avant 1010 3.

Ce fut sous l'administration d'Alduin, au mois d'octobre de l'année 1010, et non en 1025, comme le prétend Baronius, que l'on découvrit le chef de saint Jean-Baptiste.

A l'époque où Guillaume le Grand était, au moment des fêtes de Pâques, en pélerinage à Rome, l'abbé Hilduin trouva, dans la basilique, une pierre taillée en forme de pyramide qui contenait le chef de saint Jean-Baptiste. Cet événement fit grand bruit. Guillaume se hâta de revenir à Saint-Jean d'Angély et décida que le chef serait montré au peuple. Puis il le fit enchâsser dans un reliquaire en argent massif sur lequel fut gravée cette inscription: « Hic requiescit caput Præcursoris Domini ».

Isembert de Chatellaillon, à cette nouvelle, se hâta d'accourir à l'abbaye accompagné d'une grande cour de barons 5 Puis ce fut au tour de tous les grands seigneurs de la Gaule,

1. Dictionnaire du département de la Vienne, Vo Cramard.

2. Cart. pièces 6 et 7. 3. Cart. pièce 8.

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4. Hist. de France, t. X, p. 156. — Chavanon, Chronique d'Adémar de Chabannes, p. 179 et 210. Massiou, loc. cit., t. I, p. 383; — Labbe, Biblioth. II, p. 178.

Richard, loc. cit., p. 170, donne comme date de cet évènement 1014. – M. Chavanon, dans son édition d'Adémar de Chabannes, C, 56, place ce fait en 1010, au 27 octobre, et l'émeute dont il sera parlé plus loin vers 1013 (même paragraphe). L'émeute a certainement été postérieure de quelque temps à la découverte du chef de saint Jean, ce qui semblerait justifier pour cette découverte la date de 1010.

5. Tabul. Angeriac, apud Besly, Histoire des ducs d'Aquitaine, p. 472.

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de l'Aquitaine, de l'Italie et de l'Espagne. Le roi Robert, accompagné de la reine, le roi de Navarre, le duc Sanche de Gascogne, Eudes, comte de Champagne, des comtes, des évêques et des abbés, ainsi qu'un grand nombre de seigneurs, y affluèrent en apportant des dons précieux. Le roi de France fit notamment don, à l'église, de riches ornements tissés de soie, de pourpre et d'or, et d'une conque d'or pur pesant trente livres. Le duc d'Aquitaine reçut princièrement ces hôtes illustres dans son château d'Angély 1.

Au cours de ce pélerinage, si l'on en croit les chroniqueurs, le fait suivant se serait passé.

L'abbé de Saint-Jean voulut dissiper un doute qui régnait dans l'esprit de quelques-uns, et montrer au peuple qui l'entourait le chef qu'il disait être bien réellement le chef du précurseur conservé et retrouvé au monastère. Il invita donc des prélats et des abbés à se rendre à Saint-Jean, et ce fut Théodelin, abbé de Maillezais, qui fut chargé de procéder à la cérémonie et à la présentation du chef. Celui-ci, après s'être mis dévotement en prière, prit les saintes reliques, les exposa au peuple pendant une durée de deux heures; puis, simulant une longue prière, il cacha dans sa bouche une des dents du saint. Mais il fut soudain frappé de cécité, et ce fut en vain qu'il chercha à cacher son larcin; il ne recouvra la vue qu'en confes. sant sa faute, ce qui remplit de terreur et de respect les assistants 2.

Au cours de ces événements, saint Léonard, dont l'église de Saint-Jean possédait des reliques, y aurait aussi accompli beaucoup de miracles, d'après les chroniqueurs. Un aveugle, notamment, était possédé par sept démons, qui furent chassés de son corps, et l'aveugle recouvra la vue 3.

1. Adémar de Chabannes, loc. cit., qui exprime des doutes sur l'authenticité de la relique. Voir également Histor. de France, t. X; — Ann. ord. S. Benedicti, t. IV, etc.

2. Voir Vita S. Leonardi ex auctore anonym. ap. cod. mss. S. Hilarii Pictav. Petri monach. de Antiq. Malleac. insulæ, lib. II. Hist. de France, t. X. p. 183.

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In notis « Piæ hujus modi fraudes non raro olim commitebantur. » — Massiou, loc. cit., I, p. 385-386.

3. Vita S. Leonardi. Auct. anon, ex cod. mss. S. Hilarii Pictaviensis. V.Surius, Vitæ sanctorum ex probatis authoribus, 1617-1618, 6 novembre, avec un récit plus développé.

A cette occasion, Brillouin, fo 1, verso, fait remarquer que dans l'His

Mais ce ne fut pas tout.

Afin d'accroître encore la grandeur de ces solennités, on y fit contribuer les reliques d'autres saints. Celles de saint Martial et de saint Etienne de Limoges y eurent leur part. Les reliques de saint Martial furent mises dans un char orné d'or et de pierres précieuses. A ce moment, le temps se rasséréna et l'on vit cesser une pluie qui, depuis longtemps, ne cessait de désoler l'Aquitaine. Une population considérable, dirigée par l'abbé Geoffroy (Josfredus) et par l'évêque Girald, se rendit à la basilique de Saint-Sauveur de Charroux. Les moines, accompagnés d'une foule de peuple, allèrent au-devant du cortège à un mille environ, puis, en grande cérémonie et en chantant des psaumes, conduisirent les corps jusqu'à l'autel de Saint-Sauveur, à SaintJean d'Angély 1. La messe dite, on accompagna de même à grand cortège les reliques. Et comme on entrait dans la basilique du saint Précurseur, l'évêque Girald célébra la messe de la nativité de saint Jean, quoique l'on fût au mois d'octobre. Les chanoines de Saint-Etienne et les moines de Saint-Martial chantèrent alternativement des tropes et des laudes, et après la messe, l'évêque bénit le peuple avec le chef de saint Jean. Puis, cinq jours avant la fête de tous les saints, on s'en retourna en se glorifiant des miracles accomplis en chemin 2.

A partir de la restauration du monastère qui avait eu lieu au cours du Xe siècle, les biens affluèrent, et les donations ne firent que s'augmenter jusqu'au commencement du XIe siècle. Le cartulaire contient un nombre important de pièces remontant à cette époque; mais dans les contrats subséquents, et dans les notices, on fait souvent allusion à des dons antérieurs, usurpés ou contestés à l'abbaye, et pour lesquels il intervient des transactions ou des jugements. C'est notamment à cette époque que remontent les donations d'un grand nombre de salines et de biens situés dans les marais de l'Aunis. Les reliques de saint

toire politique, littéraire et religieuse du midi de la France, par MaryLafon, on dit que cette découverte dont il abrège le récit, aurait été faite à Angers par l'abbé Baudouin.

1. Brillouin, loc. cit., fo 2, prétend que cette visite des reliques de Saint-Cybard aurait eu lieu en l'année 1033, époque à laquelle il y avait eu une disette, amenée peut-être par les pluies. Mais Adémar était parti pour la Terre-Sainte en 1028, n'en revint pas, et paraît y être mort en 1034 (Voir Chavanon, loc. cit., p. 10).

2. Adémar de Chabannes. Ed. de Chavanon, liber tertius, § 56.

Jean avaient, paraît-il, disparu, mais cela n'empêche que nombre de chartes en font mention comme reposant à l'abbaye, jusqu'à l'époque de leur découverte par l'abbé Hilduin.

Comme on le verra dans un chapitre subséquent, la présence de ces reliques, ainsi que celles de saint Révérend et d'autres saints était la cause fréquente des libéralités, de même que les approches de l'an mille et la crainte de la fin du monde.

La mort de l'abbé Hilduin arriva peu de temps après l'invention du chef de saint Jean. Au nécrologe, à la date du XVI des calendes d'avril, figurait la « depositio domni Alduini abbatis 1. »

Xe abbé. Raynauld II ou Raymond.

Après la mort d'Hilduin, le duc Guillaume d'Aquitaine fit appel à Odilon, abbé de Cluny, qui rétablit la régularité dans le monastère et avait grand peine à lutter contre les prétentions d'indépendance des moines de Saint-Jean et de Saint-Cyprien de Poitiers. Odilon confia le monastère à l'abbé Raynauld 2. XIe abbé. Aimeri II.

Cet abbé fut donné par Odilon à l'abbaye aussitôt la mort de Raynauld, aux environs de l'année 1012 3.

Dans ce temps, vers 1013, alors que les reliques de saint Cybard d'Angoulême étaient apportées à leur tour auprès de celles du saint précurseur, on fit accompagner ces reliques du bâton pastoral du saint. Et alors, en chemin, un bâton semblable, recourbé à sa partie supérieure, racontent les chroniqueurs, resplendissait dans le ciel, en couleur de feu, pendant la durée de la nuit jusqu'au lever du soleil, au-dessus des reliques du saint. Il en fut ainsi jusqu'au moment où l'on arriva auprès du chef de saint Jean. Puis de nombreux miracles s'accomplirent, des malades furent rendus à la santé, et l'on s'en retourna plein de joie à Angoulême. Les chanoines de SaintPierre de cette ville étaient également venus avec leurs reliques. A leur retour, et chemin faisant, comme les porteurs de ces précieux restes, vêtus de leurs vêtements sacrés, traversaient un fleuve profond, ils n'avaient aucune sensation de l'eau,

1. Gallia, loc. cit.

2. Gallia, loc. cit.; Palustre, Histoire de Guillaume IX dit le Troubadour, t. I, p. 99, 182. Voir aussi Richard, loc. cit., qui donne le nom de Raymond à l'abbé placé par Odilon à la tête de l'abbaye.

3. Adémar de Chabannes, loc. cit., éd. Chavanon. p. 181.

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