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Il est question à La Rochelle d'ériger un monument digne de lui, à Eugène Fromentin, peintre, romancier et critique d'art. Un comité sous la présidence du maire d'Orbigny s'est réuni le 14 décembre.

et factice excitée

On se rappelle l'indignation formidable là bas contre un conférencier, à Saintes, qui avait osé dire que Fromentin n'avait pas dans sa ville natale le monument qu'il méritait.

Les fouilles entreprises au tumulus de Courcoury n'ont donné aucun résultat. Et cela devait être. On a creusé un puits central; il fallait tomber juste sur la chambre sépulcrale; c'est bien ainsi qu'on procède quand le tumulus est régulier; mais ici le centre a été déplacé par suite de l'enlèvement des terres d'un côté. Une galerie creusée au niveau du sol avait toute chance d'arriver à la sépulture; c'est l'avis des archéologues compétents. Il est certain que les fouilles qui ont mis à jour en 1696 le fameux trésor dont parle Bourignon, trouvé par Vanderquand, notaire royal, ont du changer l'axe central. Aujourd'hui Rome n'est plus dans Rome.

En labourant un marais à Nuaillé, M. Goron a découvert un pot de terre contenant 25 pièces d'argent au millésime de 1561.

Les journaux font grand bruit d'une découverte récente, dans un puits voisin du théâtre romain des Bouchauds, commune de Saint-Cybardeaux (Charente), de vases de toute espèce, pots, aiguières, collection complète d'ustensiles de ménage, y compris les casseroles, le tout d'or et estimé deux à trois cent mille francs. Il est bien facile de voir que ces ustensiles d'or ne sont que du bronze peut-être rendu brillant par le frottement. En réalité il y a trois vases de bronze du genre patera ou catinum, assez semblables pour les deux premiers qui sont ronds à des casseroles; l'un a 25 centimètres de diamètre et l'autre 17. Le 3 a la forme ovale. Ils appartiennent à notre confrère M. Abel Mestreau, dans la propriété duquel ils ont été trouvés.

On a parlé de la création d'un théâtre populaire en Saintonge, sous la direction de M. de Lannoy et de M. Alexandre Hus. La première représentation aura lieu à Saintes dans la première quinzaine de janvier. Elle se composera de trois petites pièces en patois saintongeais par des amateurs du pays.

Le 20 décembre à Rochefort, le 22 à La Rochelle, première représentation d'une pièce inédite en un acte, La Yo, par M. Félix Hautfort, publiciste à La Rochelle.

Le conseil municipal de Rochefort ayant réduit à 100 francs la traditionnelle subvention de 500 francs, qu'il faisait à la société de géographie, le bureau dans sa séance du 10 décembre, pour pouvoir équilibrer son modeste budget, a décidé de suppri

merles primes et prix qu'elle décernait aux instituteurs communaux, aux élèves du lycée et des écoles communales et ses séances publiques assez dispendieuses. C'est ainsi que dans la CharenteInférieure on encourage la culture intellectuelle. Le conseil général avait donné le bon exemple, il y a quelques années, en supprimant toute subvention aux sociétés locales. Il faudrait pourtant se convaincre que, s'il est bon d'encourager les orphéons, les musiques, les cyclistes et les gymnastes, d'apprendre à lire et à écrire à tous les enfants, de leur payer leurs livres et même la soupe, il est utile, indispensable d'élever le niveau intellectuel en favorisant l'étude des sciences, des arts, des lettres. Tout ne se réduit pas pour une nation à connaître les 25 lettres et les 9 chiffres, y compris le 0. Les séances et les travaux de la société de géographie à Rochefort sont fort suivis. Mais tout le monde ne pouvait pas faire ces intéressantes conférences, récits de voyages, études scientifiques, questions économiques, sujets littéraires, qui étaient pour la foule une si agréable et si utile distraction, en même temps qu'un stimulant pour beaucoup. C'est l'égalité par en bas : le b'a ba pour tous doit suffire.

Pour sauver de la destruction, d'aliénation, de restaurations intempestives ou maladroites, les monuments, édifices religieux, mobilier des églises ou chapelles, Msr l'évêque de Quimper et Léon, après une fort belle lettre pastorale (5 novembre 1900), a institué une commission archéologique de laïques et ecclésiastiques, chargée de veiller à la conservation et bon entretien des monuments religieux et mobilier des églises et sacristies, et dont l'avis sera nécessaire pour toute reconstruction, réparation, agrandissement, vente, échange d'objets. Parmi ces membres nous voyons pour l'arrondissement de Quimperlé M. le comte Anatole de Bremond d'Ars, président de la société archéologique de la Loire-Inférieure.

Notre honorable et dévoué confrère, qui fait aussi partie de la commission des arts et monuments historiques de la CharenteInférieure, peut, à juste titre, être reconnu comme le doyen des archéologues saintongeais. Son diplôme d'admission dans la société d'archéologie de Saintes, signé du comte Pierre de Vaudreuil, président, et de l'abbé Lacurie, secrétaire, porte la date du mois de janvier 1851. Sur ce diplôme, dont les exemplaires sont maintenant rares, figure l'énorme sceau en cire de la société, représentant le célèbre arc de Germanicus.

Tous les journaux de la région ont reproduit la note suivante: « L'huître portugaise, quelques uns même ont imprimé l'histoire portugaise, coquille très opportuniste ici puisqu'il s'agit d'huitre -I'huitre portugaise ou gryphée qui, depuis quelques années, a causé tant de perte aux ostréiculteurs de notre côte fut, dit la légende, introduite dans notre région par un accident (un chargement d'huitres avariées jeté en Gironde). » S'il faut en croire M. de Rochebrune (Bulletin du muséum

d'histoire naturelle, n° 3), ce ne serait là qu'une légende ne reposant sur aucune base sérieuse; l'huître portugaise serait en réalité un mollusque indigène.

-

» Ce savant, en effet, a trouvé dans les fouilles d'une villa gallo-romaine des environs de Jarnac (an 48 avant notre ère) une grande quantité de coquilles d'ostrea angulala de augulata, nouvelle coquille d'huitre assurément. permet de croire que les huitres venaient de la côte voisine, étant donné les difficultés du transport.

au lieu Or, tout

» La portugaise, d'ailleurs, a été signalée comme vivant à l'état spontané sur les rochers de Saint-Jean de Luz. »

Si le reste était écrit en portugais, nous n'aurions rien à ajouter: car on sait que les Portugais sont toujours gais.

Mais à qui ferait-on croire que « les difficultés du transport >> empèchaient les gourmets de manger des huîtres? Lucullus, dans son expédition d'Asie, se faisait suivre de chariots d'huîtres fraiches. Et les dépôts, non pas de coquilles, mais d'huitres complètes, n'ayant jamais été ouvertes, qu'on constate à Niort, sur les hauteurs de Saintes, jusqu'à Clermont en Auvergne, prouvent bien que les Romains avaient trouvé le moyen de conserver le friand mollusque. (Voir la brochure Les huîtres dans les sociétés savantes). Peut-être que la légende n'est pas si légende. Si la portugaise est indigène depuis l'époque gallo-romaine, qu'on explique pourquoi ce n'est que depuis 40 ans qu'on la pêche sur les falaises de Saint-Georges de Didonne, Talmont, Meschers, Saint-Seurin d'Uzet, singulièrement améliorée du reste, depuis qu'elle s'est incrustée sur nos côtes saintongeaises.

En novembre a paru à Archiac Le grelot d'Archiac, revue bimensuelle: le 3o numéro imprimé à Jonzac par M. Berthelot, in-4°, 4 pages, 10 centimes. La première page montre un chevalier armé portant sur son écu des armes qui veulent dire : De gueules à deux pals de vair au chef d'or.

Un sceau rond montre des armoiries qu'on devine vouloir ètre: Ecartelée aux 1 et 4 d'or à 2 pattes de griffon de gueules onglées d'azur et posées en barre l'un sur l'autre, qui est Bourdeilles; aux 2 et 3, contre-écartelé, aux 1 et 4 fascé d'argent et d'azur, et aux 2 et 3 de gueules. Sur le tout d'Archiac; en légende: POUR LA SEIGNEURERIE (?) D'ARCHIAC. Il y a un commencement d'histoire locale, des faits divers, légendes, etc. Nous souhaitons bon succès à cet essai de décentralisation à laquelle notre confrère D... n'est pas étranger.

Voici une nouvelle contribution à l'histoire de l'instruction publique, c'est un mémoire de M. l'abbé Uzureau, Un collège de province au xvur siècle. Beaupréau (Angers, Schmit, 1900, in-4°, 24 pages). Fondé en 1710, ce collège fut confié aux sulpiciens, il compta bientôt 300 élèves. La révolution chassa les professeurs, et les élèves s'en allèrent. On ne trouve pas là son histoire complète, mais quelques épisodes inconnus de son existence et d'après des documents inédits: lutte entre les curés

de la paroisse et le supérieur au sujet de la chapelle et des offices, etc. Il y a aussi l'affaire du ballet en 1726, qu'on veut supprimer. M. Henri Clouzot trouvera là des détails pour son sujet : Les représentations dramatiques dans les collèges poitevins. (Voir plus bas, page 67). La lettre du principal sur cette distraction est curieuse; il avoue qu'il n'en est point partisan et qu'elle offre de graves inconvénients.

L'Anjou historique dont nous avons (xx, 249) annoncé l'apparition (6 livraisons par an d'au moins 7 feuilles d'impression; abonnement: 6 francs; directeur, M. l'abbé Uzureau, aumônier du Champ des Martyrs, par Angers) a continué dans son n° 3 (novembre 1900) le Pouillé du diocèse d'Angers, de Couet du Viviers de Lory, et publié divers mémoires: Giles de Rais (Barbe bleue), par M. l'abbé Ledru, d'après la liste de M. l'abbé Brossard; Mme et Me de Luigné, fusillées au Champ des Martyrs; Les Angevins et la famille royale à la fin dù XVIIIe siècle, par M. l'abbé Uzureau, etc.

Nous avons déjà annoncé la publication du Dictionnaire biographique du département de la Charente-Inférieure. Cet ouvrage contient des notices sur les notabilités du département dans les lettres, les sciences et les arts, dans la politique, la magistrature, l'enseignement, l'armée, la noblesse, le clergé, etc. C'est le dictionnaire proprement dit.

Il donne, en outre, les noms, prénoms, lieu et date de naissance, qualités, etc., des fonctionnaires et autres personnes, etc., c'est l'annuaire. Enfin il sera orné de nombreuses reproductions photographiques, formant l'album.

Ces trois parties ne forment qu'une seule et même œuvre. On comprendra sans peine l'intérêt d'un ouvrage de cette nature; chacun aura à cœur de contribuer à l'oeuvre commune en adressant sans retard à l'éditeur Flammarion, 26, rue Racine, à Paris, sa biographie et, au besoin, sa photographie. Les insertions ne coûtent absolument rien. On souscrit au Dictionnaire de la Charente-Inférieure, pour 15 fr. relié et 12 fr. 50 broché. Les exemplaires de luxe, tranches dorées, couverture biseautée, incrustation or, donnant droit à un portrait en page entière, sont livrés au prix de 30 francs, payables après réception de l'ouvrage.

On annonce l'apparition prochaine, sous la direction de MM. le baron Trigant de La Tour et Albert Dubourg, du « Mercure héraldique, revue historique illustrée, des armoiries et du blason», bimestriel, au prix de 6 francs. On peut adresser son abonnement à M. Dubourg, à Agen.

M. Georges Prudhomme, en remerciment de la pension que le conseil municipal de La Rochelle lui accorde à l'école des beauxarts, a fait don à la ville d'un exemplaire de la fort belle médaille

d'or qu'il a gravée et que la ville de Paris a fait frapper à la monnaie en souvenir de la visite du président Krüger.

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La Revue politique et parlementaire (abonnement: 25 fr. par an; le numéro : 3 fr., librairie Armand Colin, 5, rue de Mézières, Paris) a publié : 1° d'Estournelles de Constant, député, Le problème chinois; 2° E. Lacombe, ancien sénateur, La défense des porteurs de fonds étrangers; 3° A. Charliat, prof. à l'école des hautes études commerciales, Une enquête sur les marchés de marchandises en France: I. Les blés et farines à la bourse de commerce de Paris et la spéculation sur les grains; 4° G. Chastenet, député, La réforme foncière en France; 5o E. Rochetin, Les warrants agricoles; - 6° V. Marcé, Le contrôle de l'exécution du budget en Angleterre.

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Les conférences se multiplient. Nous croyons être agréables à nos lecteurs en leur signalant, à partir du 1er janvier, une revue spéciale (Les conférences) qui parait le 1er et le 15 en 16 pages in-4° avec couverture, au prix de 3 francs par an (Paris, maison de la bonne presse, rue Bayard, 5). Elle est pour aider les débutants, fournir aux conférenciers des matériaux utiles et des renseignements pratiques; elle donne une chronique détaillée, des extraits des conférences illustrées, des canevas d'études, des thèmes sur les sujets actuels; exemple: La Chine, les Boërs, plan d'une conférence sur Victor Hugo. Avec ces sommaires l'orateur a les éléments d'un travail.

CHANGEMENT DES NOMS DE RUES

Dans sa séance du 17 novembre, le conseil municipal de Cognac a décidé qu'on donnerait à la rue des Ballets le nom d'Emile Albert, avocat, bibliophile, littérateur, qui a fait don à la ville de sa bibliothèque, 7.000 volumes. Voir sur M. Emile Albert la notice qu'a écrite de lui, pour la société archéologique de la Charente, notre confrère M. Jules Pellisson.

A la séance du 12 novembre, le conseil municipal de Rochefort a entendu le rapport de M. Jentet, au nom de la commission des beaux-arts, sur les changements en trois ans des noms de 24 rues, 8 par an. Il s'agit de faire disparaître « tous les noms de saints et tous les noms vagues et sans signification ». En 1901, la rue Saint-Gabriel s'appellera rue de la Ferronnerie, pour rappeler sans doute le brave sans-culotte Ravaillac, qui débarrassa la France du tyran Henri IV; la rue Sainte-Catherine, rue du Caire (est-ce un souvenir des mameluks ou des ânes? de la danse du ventre ou de la perte de l'Egypte et de Fashoda?); la rue Sainte-Honorine, rue Barbès; la rue Sainte-Anne, rue Ledru-Rollin; la rue Saint-Jean, rue Kléber; la rue des DixMoulins, rue du 14-Juillet; l'avenue et la place Notre-Dame, avenue et place Champlain; la rue Camille, rue Camille Des

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